RDC: Impacts négatifs d’un taux élevé des réserves de change à la banque centrale dans le social de la population (Tribune Erik Binga)
La politique monétaire au Congo semble fortement être dépendante des humeurs de chaque régime en place, ceci conduit souvent à une politisation de la banque centrale et à un populisme sur les fluctuations des réserves de change sans tenir compte de ses impacts sur le panier de la ménagère.
Les réserves de change sont des réserves en monnaies étrangères ou en or détenues par les banques centrales. Leur importance économique varie fortement selon la situation des différents pays.
L’utilité des réserves de change dans un pays
Si un pays présente un déficit commercial (importations supérieures aux exportations), il doit trouver un moyen de financer ce déficit. Ce financement peut se faire en contractant de la dette auprès des autres pays, ou en
vendant des actifs domestiques (actions, immobilier…). Un autre moyen de payer les importations est de puiser dans ses réserves, en l’occurrence les réserves de change.
Par souci de simplicité, nous considérons le déficit commercial comme équivalent au déficit courant.
On peut, en simplifiant les raisonnements, comparer un pays à une personne. Une personne qui dépense plus qu’elle n’a de revenus, comme un pays en situation de déficit commercial, peut emprunter les sommes nécessaires pour payer ses dépenses, vendre une partie de son patrimoine ou puiser dans son épargne.
Comment les réserves de change arrivent-elles à la banque centrale ?
Quand une entreprise locale exporte comme la Gecamines, par exemple aux Etats-Unis, elle reçoit des dollars en paiement. Au moment où elle les change en monnaie nationale, ces dollars peuvent être rachetés par la banque centrale contre sa monnaie nationale qu’est le Franc congolais. L’entreprise exportatrice (Gecamines) reçoit donc sa monnaie domestique (FC) dans laquelle elle pourra payer ses impôts et ses salaires, et la banque centrale a augmenté ses réserves de change en dollars.
Qui possède le plus de réserves de change dans le monde?
Les pays en développement ont, ces dernières années, amassé d’importantes réserves de change.
La Chine est, de loin, le pays qui possède le plus de réserves de change (environ 3 000 milliards de dollars).
Suite aux crises récurrentes de balances des paiements et de change ayant frappé plusieurs pays en développement dans les années 1990 (Mexique, Asie du sud-est…), de nombreux pays ont cherché à amasser le plus possible de réserves de change pour se prémunir contre ce type de crises.
Les conséquences réelles de l’augmentation des réserves de change sur l’économie natioanle
Cependant, augmenter considérablement le niveau des réserves de change n’est pas nécessairement une bonne chose pour un pays. Cela revient à limiter ses importations, donc sa consommation, de façon à dégager une épargne (généralement en dollars). Cette épargne sera ensuite placée (souvent aux Etats-Unis), principalement en titres de dette publique qui sont actuellement faiblement rémunérés.
Autrement dit, quand un pays comme la RDC accumule de grandes réserves de change, la situation est un peu la même que celle d’un individu qui se « serrerait la ceinture » pour dégager une épargne placée à des taux de rentabilité très faibles. Il n’est pas certain que cette stratégie soit la plus pertinente en termes de politiques économiques.
Erik Binga/ Conseiller en communication et médias