RDC : Une décennie après le carnage de la Saint-Sylvestre, le mystère Mukungubila
Par Pi Tiem's
Le 30 décembre 2013, un événement tragique a marqué l’histoire de la République Démocratique du Congo (RDC) : le carnage de la Saint-Sylvestre. Ce jour-là, le prophète Paul Joseph Mukungubila a été attaqué dans sa résidence de Lubumbashi, entraînant la mort de nombreux de ses partisans. Aujourd’hui, plus de dix ans après, les questions sur les raisons de cette attaque restent sans réponse.
Quelques jours avant l’attaque, Mukungubila avait publié deux lettres ouvertes, le 5 et le 28 décembre 2013, dénonçant l’infiltration étrangère et l’occupation rwandaise à l’Est de la RDC. Il s’opposait fermement à l’intégration des rebelles du M23 dans l’armée congolaise et critiquait la signature d’accords de paix avec ces mêmes rebelles. Il condamnait également la présence croissante de populations rwandaises sur le territoire congolais et l’octroi de la nationalité congolaise à ces nouveaux venus.
Dans ces lettres, Mukungubila exprimait son mécontentement face au silence de la communauté internationale et à la passivité des autorités congolaises. Il appelait les militaires congolais à défendre la souveraineté nationale et à rejeter l’occupation étrangère. Ces propos, jugés subversifs par le régime de l’époque, ont conduit à une répression brutale.
Le 30 décembre 2013, des militaires lourdement armés ont pris d’assaut la résidence de Mukungubila à Lubumbashi, transformant le lieu en véritable champ de bataille. Selon les témoignages, les soldats ont ouvert le feu sans sommation sur des civils rassemblés pour les prières de fin d’année. Le bilan de cette attaque reste flou, mais il est clair que de nombreuses vies ont été perdues.
Les autorités de l’époque, sous la présidence de Joseph Kabila, ont justifié cette opération en accusant Mukungubila de tentative de coup d’État. Cependant, des voix dissidentes affirment que l’attaque visait à faire taire un opposant politique gênant. « Si Mukungubila avait tenu des propos diffamatoires, il aurait fallu porter plainte et que justice soit rendue. Au lieu de cela, ils ont choisi la violence, » a déclaré Marcel Yabili, ancien journaliste et avocat.
L’exil et le procès de Mukungubila
Contraint de fuir pour sa vie, Mukungubila s’est exilé en Afrique du Sud en mai 2014. Arrêté par Interpol à Johannesburg, il a rapidement été libéré par la justice sud-africaine, qui a rejeté les accusations portées contre lui. En 2015, le tribunal militaire de Lubumbashi a également confirmé son innocence, mais Mukungubila reste en exil à ce jour, incapable de rentrer en RDC malgré plusieurs promesses de réhabilitation.
La situation de Mukungubila et de ses partisans demeure précaire. Nombre de ses disciples sont toujours emprisonnés en RDC, et les autorités sud-africaines, sous pression du régime congolais, refusent de rétablir pleinement ses droits. Cette persécution continue suscite des interrogations sur la véritable nature des accusations portées contre lui.
En dépit de ces épreuves, Mukungubila reste un fervent défenseur de la souveraineté congolaise et de la lutte contre l’infiltration étrangère. Ses partisans espèrent qu’un jour, la vérité éclatera et que justice sera rendue pour les événements tragiques de 2013.
Le carnage de la Saint-Sylvestre de 2013 à Lubumbashi reste un chapitre sombre et controversé de l’histoire récente de la RDC. Dix ans après, le mystère entourant l’attaque contre Mukungubila et ses partisans persiste. Alors que le pays continue de faire face à des défis de gouvernance et de sécurité, la quête de vérité et de justice pour les victimes de cette tragédie demeure une priorité pour de nombreux Congolais.