La province de l’Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, est de nouveau en proie à une crise humanitaire majeure. Entre mi-juillet et mi-août 2025, environ 82 800 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers dans le territoire de Djugu, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Cette nouvelle vague de déplacements s’ajoute aux millions de Congolais déjà affectés par les conflits armés dans l’est du pays. Les zones de santé de Nizi, Lita, Bambu et Mangala accueillent désormais ces déplacés, souvent entassés dans des écoles, des églises ou d’autres bâtiments publics, perturbant les services essentiels. L’accès aux soins est gravement compromis : dans la seule zone de Nizi, neuf des douze structures de santé sont hors service, victimes de pillages, d’incendies ou de la fuite du personnel médical. La détérioration sécuritaire s’est accélérée ces dernières semaines. Entre le 11 et le 13 août, des attaques menées par des groupes armés, notamment la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), ont frappé plusieurs villages, dont Iga Barrière, faisant sept morts et treize blessés parmi les civils. Des sites de déplacés, tels que Lindji, Iga 1 et Mudhu, ont été ciblés, avec des centaines de maisons pillées ou incendiées. Depuis la mi-juillet, les affrontements entre groupes armés et forces gouvernementales dans les zones de santé de Nizi, Linga, Fataki et Lita ont causé la mort de 47 personnes et blessé 33 autres, selon l’OCHA. Plus d’une dizaine de civils ont également été enlevés. L’acheminement de l’aide humanitaire est gravement entravé. La Route Nationale 27 (RN27), axe logistique principal pour les zones de Nizi, Fataki, Bambu, Mangala et Rethy, reste paralysée par les combats. En conséquence, plus de 256 000 personnes se retrouvent isolées et privées d’accès à l’assistance humanitaire. Par ailleurs, la situation sécuritaire s’est également dégradée dans le sud de la province de l’Ituri, suite à des incursions et attaques attribuées aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) dans le territoire d’Irumu. « Ces incidents sont perçus comme des représailles suite au lancement, le 6 juillet, d’opérations militaires contre ce groupe dans le territoire voisin de Mambasa. L’axe Komanda–Luna est particulièrement touché ». Entre le 26 et le 28 juillet, au moins 52 civils ont été tués dans la zone de santé de Komanda, dont 43 dans la seule localité de Komanda-Centre. Selon l’OCHA, la société civile de l’Ituri rapporte qu’au moins 127 civils ont été tués dans des violences armées dans la province entre le 27 juin et le 12 août. Face à la détérioration rapide de la situation, l’OCHA appelle toutes les parties à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils et faciliter l’accès humanitaire. La rédaction
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RDC – Bukavu : une femme tuée et l’hôpital de Panzi endommagé après des tirs nocturnes à répétition
À Bukavu, la panique s’est emparée du quartier Panzi, dans la commune d’Ibanda, où des tirs nourris ont été entendus dans la nuit de jeudi 14 à vendredi 15 août, semant l’inquiétude parmi les habitants. Depuis 48 heures, des hommes armés non identifiés surgissent à la tombée de la nuit, tirant en l’air et causant des dégâts matériels. Le drame a viré au tragique jeudi vers 19 heures : une vendeuse de fruits, qui rentrait chez elle, a été atteinte mortellement par une balle perdue. Transportée en urgence, elle a succombé peu après à ses blessures. Dans le même laps de temps, une balle a perforé un réservoir de 30 000 litres d’eau desservant l’hôpital général de référence de Panzi, provoquant une inondation qui a perturbé gravement les services médicaux. Un véhicule appartenant au bureau du quartier a également été touché. Des rumeurs persistantes font état de la présence de membres du groupe armé Wazalendo dans les environs depuis le début de la semaine. Aucune confirmation officielle n’a toutefois été fournie jusqu’ici. La rédaction
Ituri : 7 morts et plus de 20 blessés dans de violents affrontements entre les FARDC et des miliciens près d’Iga-Barrière
L’Est de la RDC continue d’être ravagé par les violences. Le mercredi 13 août, de violents affrontements ont opposé les Forces armées de la RDC (FARDC) aux miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et de la CRP dans plusieurs localités proches d’Iga-Barrière, dans le territoire de Djugu, province de l’Ituri. Le bilan est lourd : au moins sept morts et plus de vingt blessés, selon des sources locales. Les combats se sont concentrés dans les zones de Kombu, Lopa, Lindji et Ikpa, situées à une vingtaine de kilomètres de Bunia. D’importants dégâts matériels sont également à déplorer, notamment l’incendie d’au moins 28 maisons et le pillage de commerces. Plusieurs sites de déplacés autour de Lopa ont été envahis par des miliciens armés, provoquant une panique généralisée. Les témoins rapportent que les miliciens ont abattu des civils, pillé les biens de fortune des déplacés et semé la terreur, forçant une nouvelle fois la population à fuir. Près de 60 % des habitants de Lopa, qui venaient à peine de regagner leurs foyers après de précédents conflits, sont de nouveau en fuite, en direction de Bunia ou des localités avoisinantes. Depuis deux jours, les FARDC mènent une vaste opération de traque contre les miliciens de la CODECO et ceux alliés à Thomas Lubanga, accusés d’attiser l’instabilité dans la région. Mais sur le terrain, la population exprime son désarroi face à ce qu’elle perçoit comme une impuissance ou une complaisance des forces loyalistes. Des accusations que l’armée a rapidement balayées, assurant poursuivre sans relâche les auteurs de ces violences. La rédaction
Nord-Kivu : Deux morts du choléra parmi les déplacés de Mweso, les autorités appellent à une aide d’urgence
Deux personnes déplacées ont succombé au choléra à l’hôpital général de référence de Mweso, dans la province du Nord-Kivu, selon une alerte lancée jeudi 14 août par la division provinciale de la santé. Les victimes, originaires des campements du Jardin Théicole de Ngeri, dans le groupement de Kihondo (territoire de Rutshuru), avaient été transférées à l’hôpital après avoir fui les combats récents. La localité de Mweso fait face à une pression humanitaire grandissante depuis l’arrivée de milliers de déplacés, venus notamment de la chefferie de Bwito (Rutshuru) et du nord-est de Walikale, en raison des affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC) et la coalition rebelle M23/AFC, appuyée par le Rwanda. Ces populations en détresse s’entassent aujourd’hui dans des écoles, des églises et des familles d’accueil, dans des conditions précaires. Le manque d’accès à l’eau potable, à des installations sanitaires adéquates et à une assistance médicale suffisante dans ces sites de fortune fait craindre une propagation rapide de l’épidémie. Le choléra, déjà présent dans plusieurs zones du Nord-Kivu, trouve dans ces conditions un terreau favorable. Les autorités locales et les acteurs humanitaires tirent la sonnette d’alarme et appellent à une mobilisation urgente pour fournir une réponse sanitaire, en eau, hygiène et assainissement. La République démocratique du Congo fait actuellement face à l’une des pires résurgences du choléra de ces dernières années. Selon le ministre de la Santé publique, Roger Kamba, plusieurs milliers de cas et des centaines de décès ont déjà été recensés depuis le début de 2025. La rédaction
Ituri : plus de 200 véhicules bloqués à Mahagi, la crise sécuritaire paralyse l’approvisionnement de Bunia
Plus de 200 véhicules transportant carburant et marchandises sont actuellement immobilisés à Mahagi-centre, à environ 185 kilomètres au nord de Bunia, en Ituri, en raison de la forte insécurité sur la route nationale n°27. Les transporteurs refusent désormais d’emprunter cet axe devenu trop dangereux à cause des attaques répétées perpétrées par des groupes armés qui tendent des embuscades, dépouillent les passagers et procèdent parfois à des enlèvements. Cette paralysie a un impact direct et grave sur l’approvisionnement de Bunia, capitale provinciale de l’Ituri. Le prix du litre d’essence a flambé, passant de 3 300 à 4 000 francs congolais, contre 2 500 francs il y a quelques jours. Les prix d’autres produits de première nécessité ont également connu une forte hausse, selon des sources locales. Le tronçon Bunia–Mahagi, artère principale de la province, est devenu un parcours périlleux, notamment dans le territoire de Djugu, où embuscades et rackets sont monnaie courante. Le 12 août dernier, une attaque près du village de Matete a fait un mort parmi les chauffeurs, tandis que plusieurs voyageurs ont été dépouillés. Par ailleurs, des passagers partis de Butembo vers Bunia sont toujours portés disparus après une embuscade imputée aux rebelles ADF sur l’axe Eringeti–Kainama, dans le territoire de Beni. Outre les attaques, les transporteurs doivent souvent verser d’importantes sommes sous la menace à des miliciens qui ont installé des barrières illégales le long de la route, alourdissant le coût et les risques du transport. Face à cette situation, de nombreux commerçants ont choisi d’immobiliser leurs camions à Mahagi-centre, dans l’attente d’une intervention des autorités pour restaurer la sécurité sur cet axe vital. Jusqu’à présent, toutes les tentatives d’obtenir une réaction des autorités militaires sont restées sans réponse, accentuant l’inquiétude des populations locales et des acteurs économiques. La rédaction
Diplomatie régionale : Félix Tshisekedi prend part au sommet virtuel conjoint EAC–SADC sur la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC
Ce mercredi 13 août 2025, depuis ses bureaux de la Cité de l’Union africaine à Kinshasa, le Président congolais Félix Tshisekedi a participé à un sommet virtuel conjoint entre la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), consacré au processus de facilitation de la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo. Aux côtés de Tshisekedi, plusieurs chefs d’État ont pris part à cette session virtuelle, dont les présidents du Kenya, du Rwanda, de la Zambie et du Zimbabwe. L’Ouganda et le Burundi étaient représentés par leurs vice-présidents respectifs, tandis que l’Angola, Madagascar et la Somalie ont délégué leurs ministres des Affaires étrangères. Cette rencontre s’inscrivait dans la continuité du sommet du 1er août, qui avait acté la création d’un groupe de cinq facilitateurs chargés d’accompagner le processus politique dans l’Est congolais, en proie à une crise sécuritaire complexe. Le sommet de ce jour a notamment entériné les termes de référence de ce groupe, avec la cooptation de l’ancien président botswanais Mokgweetsi Éric Masisi, venu compléter la liste des quatre autres co-facilitateurs déjà désignés. Ce groupe aura pour mission de soutenir les efforts diplomatiques régionaux en vue de favoriser un dialogue politique inclusif et un retour durable à la paix dans les provinces orientales de la RDC. S. Tenplar Ngwadi
RDC – Haut-Katanga : L’armée décrète l’alerte maximale face à une menace imminente
Climat de tension extrême dans le Haut-Katanga. La 22e région militaire des FARDC a placé toutes ses unités en alerte maximale, selon un télégramme daté du 12 août 2025 et signé par le général de brigade Kapend Yrung Eddy, son commandant. L’ordre est clair : vigilance absolue et mobilisation immédiate des troupes face à une menace non précisée mais jugée sérieuse. Dans ce message classé « extrêmement urgent », les forces armées ordonnent la sécurisation renforcée de tous les sites sensibles de la province, dont les prisons, banques, postes de commandement, institutions publiques, l’aéroport international de Luano, ainsi que la RTNC. Les axes frontaliers stratégiques Kasumbalesa, Kipushi et Likasi sont également sous étroite surveillance. Les déplacements militaires sont désormais strictement encadrés. Si la nature exacte de la menace reste confidentielle, l’intensité de la mobilisation suggère une crainte d’attaque organisée ou de déstabilisation d’envergure. Dans un contexte marqué par des tensions politiques et des menaces sécuritaires récurrentes dans le Grand Katanga, cette mesure exceptionnelle ravive les inquiétudes. L’armée appelle la population à la prudence et assure que des dispositifs de sécurité renforcés sont en place pour faire face à toute tentative de perturbation de l’ordre public. Emmanuel Kalasa
Ituri – insécurité à Mambasa : Un acheteur de cacao dépouillé par des hommes armés, la société civile sonne l’alarme
Le territoire de Mambasa, dans la province de l’Ituri, continue d’être le théâtre d’une inquiétante recrudescence de l’insécurité. Dans la nuit du 12 au 13 août, à Babungwe, dans la chefferie des Babila-Teturi, trois hommes armés, vêtus en tenue militaire, ont fait irruption au domicile d’un acheteur local de cacao, emportant 45 kg de fèves et une somme de 1 000 dollars. C’est la Coordination territoriale de la CRDH (Convention pour le Respect des Droits Humains) qui a révélé l’information ce mercredi matin. Son chef d’antenne à Mambasa, Ram’s Malikidogo, alerte sur une insécurité chronique : depuis juin, 66 cas de vol à main armée et de cambriolages nocturnes ont été documentés dans cette zone. Face à l’inaction des autorités, les structures de la société civile ont décrété trois jours de “ville morte”, du 13 au 15 août, pour dénoncer cette insécurité persistante qui paralyse l’activité économique locale et expose les citoyens à la terreur. La CRDH appelle les services de sécurité à renforcer urgemment la protection des personnes et de leurs biens, dans un contexte où la peur gagne les villages et freine les efforts de relance dans cette région déjà marquée par les conflits. Makati Élie, correspondant à Bunia
Cyclisme – De Goma à Cape Town : Miguel Masaisai, 6 000 km à vélo pour porter le flambeau de la paix
Parti de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, Miguel Masaisai a bouclé un périple de plus de 6 000 kilomètres à vélo jusqu’à Cape Town, en Afrique du Sud. Un exploit à la fois sportif, symbolique et engagé, accompli en 46 jours de pédalage répartis sur près de trois mois. Avec pour seul slogan « Pedals for Peace », le jeune cycliste congolais a traversé quatre pays africains pour porter un message d’unité, de paix et d’espoir. Un défi hors normes, tant sur le plan physique que moral, mené avec une détermination impressionnante. À chaque étape, Miguel s’arrêtait pour dialoguer avec les populations locales, partageant sa vision d’une Afrique apaisée et résolument tournée vers l’avenir. Une démarche saluée par les communautés et les organisations engagées pour la paix, qui ont vu en lui un véritable ambassadeur populaire de la non-violence. Endurant face aux intempéries, aux montées épuisantes et aux longues solitudes de la route, Miguel a prouvé qu’un simple vélo pouvait devenir un puissant vecteur de changement. À l’arrivée, le 10 août à Cape Town, il ne portait pas seulement la fatigue : il portait aussi l’inspiration de tout un continent. Emmanuel Kalasa
RDC — CAM Ressources : Christian Bahati dénonce une tentative d’accaparement et des menaces de mort
L’affaire CAM Ressources, usine de transformation basée à Likasi (Haut-Katanga), prend une tournure explosive. Dans une lettre ouverte au président Félix Tshisekedi dont copies ont été envoyées à plusieurs autorités nationales et internationales, Bahati Christian affirme avoir dénoncé une « tentative d’accaparement illégal » menée par des investisseurs étrangers et des complices locaux, puis fait l’objet de pressions, de diffamation et d’une tentative d’assassinat. Christian Bahati accuse des investisseurs « présumés américains » d’avoir usé de fraudes documentaires et de pressions institutionnelles pour s’approprier CAM Ressources, que l’homme d’affaires Jonathan Mukendi détient selon lui légitimement. Il met en cause des acteurs congolais, y compris « des hautes sphères » de l’armée, et cite nommément Nadine Kabi, qu’il accuse d’avoir été rémunérée pour participer à l’opération. Quatre jours après ses révélations, Christian Bahati dit avoir été publiquement accusé d’usurpation d’identité par le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo. Il dénonce une confusion volontaire exploitant la similarité des patronymes et une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux. Il affirme avoir échappé à une tentative d’assassinat à son domicile, qu’il impute à des commanditaires étrangers avec des complices congolais. Suite judiciaire et demandes au chef de l’État – Le 4 août, son collectif d’avocats a saisi le Procureur général près la Cour de cassation pour faire reconnaître l’atteinte à son honneur, dénoncer les menaces et les tentatives d’assassinat. – Il réclame au président Tshisekedi : protection physique pour lui et sa famille, enquête indépendante et transparente, protection juridique et matérielle de CAM Ressources, garantie de l’indépendance de la justice et mesures contre les investisseurs utilisant des documents falsifiés. L’affaire mêle allégations de corruption, ingérence étrangère et menaces physiques ; si les éléments avancés sont confirmés, elle pourrait provoquer des répercussions politiques et institutionnelles importantes, notamment sur la souveraineté économique et le climat d’investissement. La rédaction