Alors que les combats s’intensifient dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), la communauté internationale s’alarme de la gravité de la situation humanitaire. Lors d’une session du Conseil de sécurité des Nations unies, la Ghanéenne Martha Ama Akyaa Pobee, Sous-Secrétaire générale de l’ONU chargée de l’Afrique, a dressé un constat glaçant : près de six millions de Congolais sont aujourd’hui déplacés à l’intérieur du pays, dont 2,5 millions dans les seules provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Depuis la reprise des hostilités entre les Forces armées de la RDC (FARDC), les groupes d’autodéfense Wazalendo et les rebelles du M23 appuyés par le Rwanda, la situation s’est dramatiquement dégradée. La chute de Goma en janvier 2025, suivie de Bukavu en février, a marqué un tournant décisif, provoquant des flots massifs de déplacés, des pertes civiles importantes, et une crise humanitaire d’ampleur inédite. « La RDC traverse l’une des urgences humanitaires les plus critiques au monde. L’insécurité alimentaire se propage, les terres sont confisquées, les récoltes volées, et des familles entières déracinées sans espoir de retour stable », a déclaré Mme Pobee. Pour l’ONU, les conséquences de cette spirale de violence menacent non seulement la paix locale mais aussi la cohésion sociale et les perspectives de reconstruction nationale. Le Conseil de sécurité s’interroge désormais sur les moyens à mettre en œuvre pour protéger les populations civiles, stopper les violences et répondre aux besoins urgents. La pression monte sur les États membres pour mobiliser des ressources d’urgence et soutenir un processus politique crédible dans une région où les atrocités deviennent tristement banales. La RDC, enlisée dans un cycle de conflits depuis des décennies, fait face à une nouvelle escalade aux conséquences potentiellement régionales. Pour l’heure, les millions de déplacés attendent, dans la précarité, une réponse à la hauteur de la crise. S. Tenplar Ngwadi
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RDC – Complot contre Félix Tshisekedi : 15 ans de prison requis contre des officiers supérieurs
La Haute cour militaire de Kinshasa a requis, ce lundi 25 août, une peine de 15 ans de prison ferme contre plusieurs officiers supérieurs de l’armée congolaise, accusés d’avoir pris part à un complot visant à renverser le régime du président Félix Tshisekedi. Cette requête, formulée lors d’une audience à la prison militaire de Ndolo, s’accompagne de la destitution des accusés de l’armée « sans aucune circonstance atténuante », selon le ministère public. Le général-major magistrat Cyprien Mawau, représentant du ministère public, a cité six hauts gradés parmi les principaux accusés : les lieutenants-colonels David Lusenge et Gervais Malaji, les majors Paluku, Jean-Marie Kasereka, Philippe Mambolo, ainsi que le lieutenant Kakule. Tous sont poursuivis pour « crime de complot contre l’ordre constitutionnel établi ». Selon l’accusation, les officiers auraient entretenu des contacts avec des membres du M23-AFC, dans le cadre d’une tentative de coup d’État planifiée pour la nuit du 7 au 8 novembre 2023. Des réunions secrètes, notamment à l’hôtel Prince Kin dans la commune de Bandalungwa, auraient permis de peaufiner leur stratégie. Le procès concerne au total près de 40 militaires, dont plusieurs généraux et colonels. Des témoignages, la saisie d’armes, et des échanges interceptés ont été présentés comme preuves au cours des audiences. Plusieurs prévenus ont nié toute implication, tandis que d’autres ont gardé le silence. Ce procès s’inscrit dans un contexte tendu, marqué par une recrudescence des tensions sécuritaires à l’Est du pays. Vingt-six membres du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo ont déjà été condamnés à mort pour insurrection, trahison et crimes de guerre, une décision que certains analystes jugent aussi sévère que symbolique. La rédaction
Ituri : plus de 470 armes remises à l’armée congolaise par des miliciens Autodéfense dans un élan vers la paix
En Ituri, province longtemps meurtrie par des violences armées, un nouveau signe d’espoir vient éclairer le processus de pacification. Plus de 470 armes de guerre ont été volontairement remises aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) par des miliciens du groupe « Autodéfense », désormais engagés dans une démarche de reddition et de réintégration. Deux cérémonies officielles se sont tenues les 21 et 23 août, respectivement à Jailo et à Mabanga, dans la chefferie de Mambisa, territoire de Djugu. Ces événements, marqués par la présence des autorités civiles, militaires et coutumières, ont symbolisé une volonté commune de tourner la page des conflits communautaires. Parmi les armes restituées figuraient 45 fusils AK-47, deux mitrailleuses PKM, ainsi qu’un nombre important de chargeurs, selon les sources sécuritaires sur place. Cette opération est le résultat de plusieurs mois de campagnes de sensibilisation menées par les leaders communautaires, les autorités locales et les acteurs de la société civile. Michel Meta, président des 21 communautés de l’Ituri, a salué une avancée significative : « C’est une lueur d’espoir. Cela prouve que les efforts conjugués, notamment la pression militaire exercée sur les groupes armés, portent leurs fruits. » Il a cependant rappelé que la menace persiste, notamment avec la milice Codeco, encore active dans la chefferie de Ndo-Okebo. Il appelle à une action militaire équilibrée : « Il ne doit pas y avoir de deux poids, deux mesures. La traque doit se poursuivre contre toutes les milices, sans exception ». S. Tenplar Ngwadi
Conflit à l’Est de la RDC : Washington appelle Kigali au retrait et exhorte Kinshasa à respecter l’accord de paix
Alors que les tensions restent vives dans l’Est de la République démocratique du Congo, les États-Unis ont lancé ce vendredi, depuis le Conseil de sécurité de l’ONU, un appel clair au Rwanda : retirer immédiatement ses troupes du sol congolais. Dans la même déclaration, Washington a également invité les autorités congolaises à honorer les engagements pris dans le cadre de l’accord de paix signé à Washington en début d’année. Cette double injonction américaine intervient dans un climat de violences persistantes entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles de l’Alliance du Fleuve Congo/M23. Les combats se sont intensifiés ces dernières semaines, aggravant la situation humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu. Pour les États-Unis, ces négociations constituent une opportunité majeure de restaurer la paix et de favoriser le retour des déplacés internes et réfugiés, alors que la sous-région est menacée par une instabilité chronique. La rédaction
Ituri : 76 prêtres exigent la levée immédiate de l’état de siège et dénoncent l’inefficacité de la MONUSCO
À Bunia, capitale de l’Ituri, la voix de l’Église catholique s’élève avec fermeté contre la persistance de l’état de siège, en vigueur depuis mai 2021. Dans une déclaration rendue publique jeudi 21 août, soixante-seize prêtres, membres de la Fraternité des prêtres séculiers de Bunia, ont exigé sa levée immédiate, dénonçant son inefficacité face à la dégradation continue de la sécurité dans la province. Les prêtres affirment que l’état de siège, censé rétablir l’autorité de l’État et sécuriser les populations, a au contraire amplifié les souffrances civiles. Ils pointent un climat marqué par des tueries, des arrestations arbitraires, des extorsions, des enlèvements, des menaces et des actes de torture. Selon eux, ces violences ont même ciblé l’Église, à travers la profanation de lieux de culte et les attaques meurtrières de fidèles. Parmi les incidents cités : l’attaque contre la paroisse Bienheureuse Anuarite de Komanda, attribuée aux ADF, qui a coûté la vie à 43 civils lors d’une veillée de prière, ou encore le saccage de la paroisse Saint Jean de Capistran à Lopa par des miliciens CODECO. Plus récemment, le 19 août, la Propédeutique Saint Kizito de Bunia a été profanée. Face à ce qu’ils qualifient d’« échec » sécuritaire, les prêtres exigent l’ouverture d’enquêtes crédibles pour juger tous les auteurs de crimes, sans distinction. Ils appellent également au retrait des casques bleus de la MONUSCO, jugés incapables d’assurer la protection des populations civiles. Ils invitent les FARDC à intensifier la lutte contre tous les groupes armés, sans complaisance, et lancent un appel solennel aux miliciens pour qu’ils déposent les armes. Enfin, ils exhortent les fidèles catholiques à prier pour la paix, la justice et le vivre-ensemble. Interpellée, la MONUSCO rappelle qu’elle agit dans le cadre d’un mandat défini par le Conseil de sécurité des Nations unies, en appui aux autorités congolaises. Elle précise ne pas disposer de prérogatives militaires autonomes, tout en réaffirmant son engagement à renforcer la protection des civils et à soutenir les efforts de paix. S. Tenplar Ngwadi
RDC : Guy Kabongo et Eliezer Ntambwe affichent une volonté d’unité face aux urgences sécuritaires
À peine installé à son nouveau poste, Eliezer Ntambwe Mposhi, ministre délégué à la Défense chargé des anciens combattants, a été reçu en audience le jeudi 21 août par le Vice-Premier ministre de la Défense, Guy Kabongo Mwadiavita. Cette première prise de contact, sobre mais stratégique, marque le point de départ d’une collaboration qui s’annonce cruciale pour relever les défis sécuritaires majeurs que traverse la République démocratique du Congo. Au menu de leurs échanges : la définition des priorités sécuritaires, dans un contexte où le pays est confronté à l’occupation persistante de deux provinces de l’Est par les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, selon Kinshasa. Le VPM Guy Kabongo a délivré ses orientations, appelant à une synergie d’actions au sein du ministère. Fidèle à son image d’homme de terrain et de tribun engagé, Eliezer Ntambwe a affirmé son engagement à honorer les anciens combattants : « Cette mission est une façon de rendre hommage à ceux qui ont servi la Nation sous le drapeau », a-t-il déclaré, se disant prêt à s’investir pleinement, sans passer par une remise et reprise formelle, puisqu’il inaugure une nouvelle fonction. Ancien député connu pour ses interventions musclées à l’Assemblée nationale, Ntambwe entre désormais dans l’exécutif sous le regard attentif d’une opinion publique qui attend de lui des résultats concrets. Ali Biayi
Ituri : À Mambasa, le député Abdallah Penembaka monte au front contre l’insécurité urbaine
Alors que la recrudescence du banditisme urbain alimente l’inquiétude dans le territoire de Mambasa, en province de l’Ituri, le député national Abdallah Penembaka Jefferson s’est entretenu ce mercredi avec Maxime Tshichimbi, administrateur assistant du territoire, lors d’une réunion stratégique d’environ trente minutes. Au cœur des discussions : la situation sécuritaire devenue préoccupante pour les habitants de cette entité déjà fragilisée par d’autres défis structurels. L’élu de Mambasa a plaidé pour un renforcement rapide et efficace des dispositifs de sécurité afin de freiner la montée de la criminalité et restaurer la sérénité au sein de la population. En réponse, l’autorité territoriale a assuré que des opérations ciblées sont en cours pour rétablir l’ordre public. « Un plan opérationnel est déjà en exécution », a confirmé Maxime Tshichimbi, tout en appelant à une mobilisation collective. Dans un message fort à la jeunesse locale, le député Penembaka a encouragé la collaboration avec les forces de sécurité, exhortant chacun à signaler tout comportement suspect. « La sécurité est l’affaire de tous », a-t-il martelé. Cette rencontre marque une étape significative dans la coordination entre autorités administratives et représentants du peuple, avec pour objectif de ramener un climat de confiance à Mambasa. Les habitants, de leur côté, espèrent que cette initiative ne restera pas lettre morte, mais débouchera sur des actions concrètes dans les jours à venir. La rédaction
RDC : Washington hausse le ton après les atrocités dans l’Est et appelle à une réunion d’urgence à l’ONU
Face à l’escalade des violences contre les civils dans l’est de la République démocratique du Congo, les États-Unis ont exprimé une vive préoccupation ce mercredi 20 août. Dans une déclaration ferme publiée sur le compte officiel du Bureau Afrique du département d’État américain (X/Twitter), Washington appelle à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies pour examiner les exactions commises, notamment par les rebelles du M23. « Les violences visant les civils dans l’Est de la RDC sont inacceptables, et nous exhortons toutes les parties à respecter le cessez-le-feu promis dans la Déclaration de principes signée à Doha entre la RDC et le M23 », peut-on lire dans la publication. Le message américain souligne que ces violations, au-delà de menacer les avancées diplomatiques, prolongent la souffrance de populations déjà meurtries par des décennies de conflits armés. Washington insiste sur la nécessité d’assurer la *responsabilité pénale des auteurs de crimes* et promet de continuer à œuvrer pour que « ceux qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité en subissent les conséquences ». Cette prise de position intervient alors que les révélations de plusieurs ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont récemment mis en lumière de graves exactions contre les civils, impliquant le M23 mais aussi d’autres groupes armés et des milices locales, dans un contexte où le cessez-le-feu convenu à Doha est régulièrement violé. S. Tenplar Ngwadi
RDC : les crimes de guerre se multiplient dans l’Est, selon Human Rights Watch et Amnesty
Alors que les pourparlers de paix de Doha piétinent, un nouveau coup de projecteur accable les principaux protagonistes du conflit qui ravage l’Est de la République démocratique du Congo. Deux organisations internationales de défense des droits humains, Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, tirent la sonnette d’alarme : des crimes de guerre présumés seraient commis à grande échelle dans les zones contrôlées par les rebelles du M23 et par certaines milices soutenues par Kinshasa. Dans un rapport publié cette semaine, HRW dénonce au moins 141 exécutions sommaires attribuées au M23 pour le seul mois de juillet 2025. Amnesty International, de son côté, documente de multiples viols collectifs commis par des groupes armés alliés aux FARDC (Forces armées de la RDC), notamment les milices Wazalendo. Ces exactions, commises sur fond de conflit armé et d’impunité, mettent en lumière une spirale de violence dont les civils en particulier les femmes et les filles paient le prix fort. Basé principalement dans les zones riches en minerais à la frontière rwandaise, le M23 soutenu selon plusieurs rapports par le Rwanda affirme défendre les droits des Tutsis congolais contre des milices hutus, issues notamment de groupes ayant participé au génocide de 1994. Or, selon HRW, la majorité des victimes des récentes exécutions seraient des Hutus congolais, ce qui soulève des inquiétudes sur un possible projet de nettoyage ethnique. « Le monde doit dire stop », a réagi Tigere Chagutah, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et australe. Elle exhorte toutes les parties à placer la protection des civils au cœur de leurs priorités. Alors que des négociations sont en cours entre Kinshasa et le M23, sous médiation qatarie, le climat reste tendu. Les deux camps s’accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu. Les révélations de HRW et Amnesty viennent s’ajouter à un climat déjà délétère. « Ces exécutions ciblées jettent une ombre grave sur la sincérité des engagements pris dans les accords de paix de Washington et de Doha », a réagi Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères. Le Rwanda, signataire en juin dernier d’un accord sous l’égide des États-Unis visant à soutenir les négociations de paix, continue de nier tout lien avec le M23. Interrogé à Kinshasa, le porte-parole des FARDC, le général de division Sylvain Ekenge, reconnaît que l’armée congolaise ne peut pas entièrement contrôler les actions des milices locales pro-gouvernementales dans les zones contestées. Une déclaration qui souligne la complexité de la situation sur le terrain, où les lignes entre protection des civils et représailles armées deviennent de plus en plus floues. Alors que la communauté internationale continue de miser sur les négociations, les ONG alertent : la paix ne peut être durable sans justice ni responsabilité pour les crimes commis. Pour l’instant, c’est la parole des victimes, trop souvent réduite au silence, qui réclame à nouveau d’être entendue. S. Tenplar Ngwadi
RDC – Tokyo : Judith Suminwa mobilise le HCR pour un rapatriement sécurisé des réfugiés congolais et rwandais
En marge de la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), la Première ministre congolaise Judith Suminwa a plaidé, ce mardi 20 août, pour une coopération renforcée avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en vue du rapatriement ordonné et sécurisé des réfugiés congolais et rwandais. Judith Suminwa a accordé une audience à Raoul Mazou, Haut Commissaire adjoint chargé des opérations du HCR. La cheffe du gouvernement congolais a exprimé la nécessité d’une action structurée pour identifier de manière fiable les réfugiés concernés, notamment ceux ayant fui les violences liées à l’agression rwandaise dans l’Est de la RDC. Elle a insisté sur l’importance d’un retour dans la dignité et dans le respect des droits fondamentaux. Le HCR, de son côté, a salué l’engagement de Kinshasa dans les efforts de paix régionaux et s’est félicité de l’accord tripartite signé récemment à Addis-Abeba, qui constitue un cadre essentiel pour faciliter le retour volontaire et sécurisé des populations déplacées. Alors que la crise humanitaire s’aggrave dans le Nord-Kivu, sous la pression du M23 soutenu par Kigali, Kinshasa entend intensifier sa collaboration avec les partenaires internationaux pour faire respecter les droits humains, restaurer la souveraineté de l’État et garantir la stabilité régionale. Ali Biayi