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Crise à la Socoda : le ministère de la culture redresse la gestion des droits d’auteur en RDC

Par David Ekutshu

La Société congolaise des droits d’auteur et des droits voisins (Socoda), héritière de la défunte SONECA, est au centre des préoccupations en République Démocratique du Congo, un pays où la musique occupe une place centrale dans la culture et les loisirs. Depuis plusieurs années, cette structure est accusée de mauvaise gouvernance, au grand désarroi de nombreux artistes congolais affiliés, dont certains n’hésitent pas à exprimer leur exaspération.

Créée par une ordonnance présidentielle en 2011, la Socoda est administrée par les corps artistiques de la RDC. Cependant, sa gestion laisse à désirer et défavorise des milliers d’artistes qui peinent à voir leurs droits correctement protégés et rémunérés.

*Un signal fort du ministère de la culture*

Depuis mai 2024, sous la direction de Yolande Elebe, ministre de la Culture, la crise qui gangrène la Socoda est devenue une priorité. Selon une source au sein du ministère de la Culture, des mesures ont été envisagées pour reprendre le contrôle de cette société. Il semblerait même qu’une transition vers une gestion plus politique ait été envisagée pour remettre de l’ordre.

Notre source révèle qu’une « direction bicéphale » aurait aggravé les problèmes de gouvernance de la Socoda, la plongeant dans une profonde crise. Des pourparlers significatifs entre le ministère de la Culture et la Socoda auraient toutefois permis d’avancer vers une solution durable. Ces discussions visent à restaurer les objectifs initiaux de la Socoda, à savoir la protection et la promotion des droits des artistes congolais.

*Des états généraux pour redéfinir les priorités*

De plus, il est prévu que la Socoda organise des états généraux d’ici à la fin du mois de janvier 2025. L’objectif de cette initiative sera de clarifier les missions de la société, notamment la défense, l’exploitation, l’administration et la gestion des droits d’auteur et des droits voisins, tant sur le plan national qu’international, pour ses mandants et ses partenaires.

Ces états généraux devraient également servir de plateforme pour inclure les contributions des artistes eux-mêmes, souvent marginalisés dans les décisions. Les discussions porteront, entre autres, sur la transparence dans la gestion des fonds, la redistribution équitable des droits et la mise en place de mécanismes modernes pour le suivi et la collecte des royalties.

*Les artistes attendent des actes concrets*

Pour les artistes congolais, cette réforme est un espoir de mettre fin aux abus qui les privent depuis longtemps de leur juste rémunération. « Nous sommes fatigués des promesses non tenues. Ce que nous voulons, ce sont des résultats tangibles, pas des discours », a déclaré un musicien affilié à la Socoda, préférant garder l’anonymat.

Certains observateurs espèrent également que cette réorganisation inclura la numérisation des processus de collecte et de répartition des droits, une mesure qui pourrait considérablement réduire les pertes et moderniser le fonctionnement de la Socoda.

*Un enjeu culturel et économique*

Au-delà de la simple gestion des droits, cette crise met en lumière l’importance de la culture comme moteur économique en RDC. La musique congolaise, mondialement reconnue, constitue une richesse nationale et mérite une structure de gestion à la hauteur de son prestige. Une Socoda rénovée pourrait non seulement améliorer la situation financière des artistes, mais également redorer l’image culturelle du pays sur la scène internationale.

Le succès de cette réforme dépendra donc de la capacité du ministère de la Culture et de la Socoda à tenir leurs engagements et à instaurer une gestion transparente et efficace. En attendant, les artistes et leurs fans gardent un œil vigilant sur les évolutions à venir.

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