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Sommet conjoint SADC-EAC : Et si Tshisekedi maintenait son refus de dialoguer directement avec le M23 ?

Par David Ekutshu


Le sommet conjoint de l’EAC et de la SADC est confirmé pour samedi prochain en Tanzanie. Dans un communiqué rendu public ce lundi 3 février, Nairobi, qui assure actuellement la présidence de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), a annoncé la tenue d’un sommet conjoint avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) les vendredi 7 et samedi 8 février à Dar es Salaam, la capitale tanzanienne. Le communiqué précise également que le Président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Félix Tshisekedi y prendront part.

Un sommet conjoint centré sur un sujet particulier

Le président kényan William Ruto, également président en exercice de l’EAC, a annoncé que ce sommet conjoint avec la SADC visera à évoquer la dégradation de la situation dans l’est de la RDC. Après l’offensive du groupe armé M23, appuyé par le Rwanda, sur Goma, la capitale du Nord-Kivu, la semaine dernière, ainsi que les récents combats au Sud-Kivu, les hostilités ont attiré l’attention internationale en raison de la catastrophe humanitaire et de la présence d’une force extérieure sur le territoire congolais, selon le Conseil de sécurité de l’ONU.

Un sommet conjoint au cœur d’une possible compromission ?

L’EAC, qui regroupe huit pays, dont le Kenya et le Rwanda, exhorte la RDC à dialoguer directement avec le groupe rebelle M23. Le président kényan William Ruto ne s’en était pas caché lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue américain à la Maison-Blanche en mai 2024.

Il avait alors déclaré qu’il n’existait pas de solution militaire dans l’Est de la RDC et que toute approche de ce type devait être écartée. Pourtant, le Kenya avait déployé des soldats en décembre 2022 dans l’est de la RDC dans le cadre de la force régionale de l’EAC, avec pour mission « d’imposer la paix » face au M23. Ces troupes se sont finalement retirées fin 2023 après la non-reconduction de leur mandat.

La République du Rwanda, impliquée activement dans le conflit, avait, lors du processus de Luanda en décembre 2024, appelé à un dialogue direct entre la RDC et le M23. Le 18 janvier 2025, en s’adressant aux diplomates accrédités à Kinshasa, Félix Tshisekedi a catégoriquement exclu cette option, qualifiant le M23 de groupe « terroriste ».

« Le dialogue avec un groupe terroriste comme le M23 est une ligne rouge que nous ne franchirons jamais », a-t-il affirmé lors de la cérémonie de présentation des vœux. « Exiger un dialogue direct avec un groupe terroriste revient à légitimer des agissements qui violent nos lois et principes fondamentaux ».

Lors des combats de Goma, du dimanche 26 au mercredi 29 janvier 2025, opposant l’armée congolaise et ses alliés aux rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, treize soldats de la SAMIDRC (force militaire régionale de la SADC) ont perdu la vie, selon des rapports de l’ONU. L’Afrique du Sud, principal contributeur de cette force, a vu la tension diplomatique monter avec Kigali. De son côté, le gouvernement rwandais a accusé Kinshasa de chercher à renforcer le pouvoir de Paul Kagame en collaborant avec des groupes armés tels que Wazalembo et les FDLR.

Les modalités du sommet conjoint

Alain Mukuralinda, vice-porte-parole du gouvernement rwandais, a déclaré dimanche 2 février sur RFI : « Le Rwanda soutiendra toujours une solution qui va dans le sens de la recherche de la paix par les pourparlers, par les négociations. À part peut-être le gouvernement congolais, tout le monde est convaincu que ce problème ne sera pas résolu par la voie militaire ».

Pendant ce temps, Félix Tshisekedi a promis une « riposte rigoureuse » dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en grande partie occupées par les rebelles du M23.

Le 4 février, la plateforme AFC/M23 a annoncé dans un communiqué un « cessez-le-feu » pour des raisons humanitaires. Le groupe armé, dirigé par des Congolais, dont l’ancien président de la Commission électorale Corneille Nangaa, a assuré qu’il n’avait « aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d’autres localités », tout en réaffirmant son « engagement à protéger la population civile et ses positions actuelles ».

Lors du sommet conjoint des 7 et 8 février entre les pays d’Afrique australe et ceux de l’EAC, si la majorité de l’EAC insiste pour que Kinshasa ouvre un dialogue avec le M23, quelles seront les issues possibles ? Si la RDC maintient son refus, la voie militaire pourrait-elle lui être favorable ?

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