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Cour des comptes : La Commission parlementaire débarque… pour auditer ou pour enterrer ?

Par la rédaction

Ce lundi 12 mai 2025, la Commission parlementaire d’enquête franchira enfin les portes de la Cour des comptes. Une descente votée par seulement douze membres sur une vingtaine, dans une ambiance de tensions feutrées et de soupçons mal étouffés.

Selon la communication de cet organe juridictionnel, il s’agit officiellement de vérifier l’exécution d’une résolution parlementaire concernant la gestion des ressources humaines. Officieusement, tout indique que le cœur du problème se loge ailleurs : au sommet de la hiérarchie, dans l’ombre du bureau, là où se croisent les ambitions, les silences politiques… et les secrets bien gardés.

« Une descente en une opération cosmétique? »

Ce que redoute une partie du personnel, c’est que cette descente ne soit qu’une opération cosmétique, un exercice d’apparence visant à donner le change, pendant qu’on évite soigneusement d’aborder les questions brûlantes. Car comment expliquer que l’angle choisi; les ressources humaines, soit aussi restrictif, alors que les rapports internes, les missions bloquées, les frais non payés, et les blocages politiques forment un nœud de dysfonctionnements bien plus vaste ? La tentation de limiter l’enquête à la gestion du personnel ressemble à un pare-feu.

Dans la foulée, des voix s’élèvent déjà dans les couloirs de la Cour pour dénoncer une opération d’écran de fumée. La cible visible serait le Procureur général près la Cour, dans une tentative à peine voilée de l’évincer. Mais les agents comme les observateurs aguerris y voient une manœuvre plus large : neutraliser un fusible pour mieux préserver le disjoncteur. Car dans cette affaire, les résolutions seraient multiples, les véritables responsabilités éparpillées, et les vérités diluées.

Par ailleurs, de l’autre côté de l’Assemblée nationale, certains députés murmurent que le Premier président de la Cour des comptes aurait tenté d’étouffer des constats embarrassants formulés dans des rapports de missions, notamment celui de l’ITIE. Ce rapport explosif mettrait en cause un ancien collaborateur proche du Chef de l’État, aujourd’hui membre du gouvernement Suminwa. Étrangement, ce document reste bloqué, tandis que les agents qui ont pris part à la mission attendent toujours le paiement de leurs frais, pourtant validés mais gelés par le COREF, faute de publication du rapport.
Le malaise est donc double : institutionnel d’une part, avec une Commission parlementaire dont l’efficacité semble déjà rognée par des limites de mandat discutables ; opérationnel d’autre part, avec une Cour dont les missions sont entravées par des règlements de comptes internes et des censures externes.

Pendant ce temps, la transparence, dont cette institution est censée être la garante, est sacrifiée sur l’autel des intérêts politiques.

Le personnel attend sans trop y croire que cette descente du lundi ne soit pas un simulacre. Ils espèrent que les commissaires lèveront le voile sur les pratiques internes, interrogeront les blocages persistants, et surtout remettront de la clarté sur l’usage des missions, les rapports censurés et les finances paralysées. Car il en va non seulement de la crédibilité de la Cour, mais aussi de celle de la Commission elle-même.

La République ne peut plus se contenter d’un audit partiel de l’institution censée auditer toutes les autres. Si la Commission parlementaire veut mériter son nom, elle devra ouvrir tous les tiroirs, même ceux qu’on a soigneusement verrouillés. Le pays observe, les partenaires aussi. Et cette fois, il faudra plus qu’un rapport de circonstance. Qui vivra verra.

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