
Le 21 avril dernier, le monde a perdu François, un pontife au souffle prophétique qui, durant dix ans, a œuvré pour réconcilier l’Évangile avec les réalités des marges. Son pontificat a déplacé le centre de gravité de Rome vers les périphéries sociales et culturelles.
Aujourd’hui, alors que l’Église s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire, il est clair que l’Afrique n’est plus seulement l’avenir du catholicisme : elle en est déjà le présent. Si l’Esprit devait souffler, il pourrait bien le faire à travers des voix venues de Kinshasa, Conakry ou Accra.
Trois cardinaux africains se distinguent dans le conclave :
• Fridolin Ambongo (RDC), champion de la justice sociale et écologique, représentant d’une Église ancrée dans la réalité des peuples.
• Robert Sarah (Guinée), voix puissante d’un catholicisme exigeant, fidèle à la tradition et à la beauté du silence liturgique.
• Peter Turkson (Ghana), homme de consensus et intellectuel engagé dans le dialogue entre foi et modernité.
Leur présence au sein du conclave n’est pas une faveur, mais une reconnaissance d’un continent jeune et dynamique où les églises sont pleines. L’Église africaine ne se contente plus d’apprendre ; elle enseigne, propose et construit.
L’élection d’un pape noir serait un choc symbolique, mais elle irait au-delà d’une simple question d’image. Elle représenterait une Église universelle qui s’efforce de refléter son pluralisme non seulement par ses gestes, mais aussi par ses visages et ses récits
L’Église ne changera pas par simple émotion, mais pourrait redécouvrir, à travers un pasteur africain, la richesse d’une foi joyeuse et audacieuse. L’Afrique n’est pas un exotisme ; elle est une conscience éveillée. Peut-être est-ce enfin son heure.