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Crise dans l’Est de la RDC : entre violence persistante et diplomatie défaillante

Par David Ekutshu

L’Est de la République démocratique du Congo est confronté à des affrontements entre l’armée congolaise, appuyée par le mouvement Wazalembo, et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Une guerre qui s’est intensifiée depuis près de trois ans dans la province du Nord-Kivu, causant de nombreuses pertes humaines, un nombre croissant de blessés de guerre et de déplacés, selon les organisations humanitaires.

Une guerre très engagée sur le terrain

Le groupe politico-militaire M23, en alliance avec l’Alliance Fleuve Congo (AFC), dirigée par Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), et Bertrand Bisimwa, mène des opérations militaires intensives. Ces rebelles ont progressivement gagné des positions stratégiques, riches en ressources naturelles, avec l’objectif apparent d’atteindre Goma.

Face à cette menace, la présidence congolaise a réagi en renforçant son commandement militaire. Au cours des trois dernières années, le président Félix Tshisekedi a confié le commandement des Forces Armées de la RDC (FARDC) successivement au lieutenant-général Christian Tshiwewe et au lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe, dans le but de reprendre les zones occupées par les rebelles. Ces derniers, selon un rapport des Nations Unies, bénéficieraient du soutien logistique et en hommes armés du Rwanda voisin.

Une voie diplomatique compromise

Le conflit armé dans l’Est de la RDC est marqué par des tensions croissantes entre Kinshasa et Kigali. Les discussions régionales, initiées depuis 2022, n’ont pas abouti. Le sommet de Nairobi et le processus de Luanda, destinés à apaiser la situation, ont échoué. La dernière tentative de médiation, en décembre 2024, sous l’égide de l’Union africaine, s’est soldée par un échec, les deux pays n’ayant pas trouvé de compromis.

Le Rwanda exige de la RDC la neutralisation du mouvement armé FDLR et un dialogue direct avec le M23. Cependant, Kinshasa reste ferme, condamnant lourdement les membres du M23 pour trahison et crimes de guerre. En juillet 2024, la justice militaire congolaise a infligé des peines capitales à 26 membres du mouvement, dont cinq étaient présents au procès.

*Une tension diplomatique aggravée*

Début 2025, les relations entre Kigali et Kinshasa se détériorent davantage. Lors d’un déjeuner diplomatique à Kigali, le président rwandais Paul Kagame a publiquement critiqué son homologue congolais Félix Tshisekedi : « La personne qui pose problème dans la situation entre le Rwanda et la RDC n’a jamais été élue. Cet homme, Tshisekedi, n’a pas été élu. »

Depuis l’échec des pourparlers de décembre, la tension s’est amplifiée. Sur le terrain, les combats ont gagné en intensité. En janvier 2025, des affrontements majeurs ont éclaté dans plusieurs localités du territoire de Masisi, à environ 80 kilomètres à l’ouest de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

*Une situation humanitaire alarmante*

Les conséquences de ce conflit vont bien au-delà des pertes militaires. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), plus de deux millions de personnes ont été déplacées depuis le début des hostilités. Ces populations vivent dans des conditions précaires, privées d’accès aux soins de santé, à l’éducation et à des moyens de subsistance.

Les femmes et les enfants figurent parmi les principales victimes, exposés à des violences sexuelles et à des abus dans les camps de réfugiés. Les ONG sur le terrain appellent à une action rapide pour fournir une aide humanitaire d’urgence et éviter une catastrophe humanitaire de plus grande ampleur.

*Une paix encore lointaine*

Alors que les initiatives diplomatiques semblent dans l’impasse, la situation dans l’Est de la RDC reste critique. La communauté internationale, malgré ses nombreuses déclarations, peine à proposer des solutions concrètes. Les espoirs de paix reposent sur une pression accrue sur les parties prenantes au conflit et sur la mobilisation pour une réponse humanitaire coordonnée.

L’Est de la RDC demeure un théâtre de guerre où les solutions militaires et diplomatiques semblent insuffisantes. Ce conflit complexe, aux enjeux économiques et politiques multiples, nécessitera une volonté internationale forte pour briser le cercle vicieux de la violence et restaurer durablement la stabilité.

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