Denis Mukwege a réagi, jeudi 22 février 2024, à travers un communiqué, au sujet de l’accord signé entre l’Union Européenne et le Rwanda pour l’exploitation de certaines matières premières.
Selon le prix nobel de la paix 2018, l’Union Européenne a atteint le paroxysme du cynisme en matière de géostratégie en acceptant de signer cet accord pour les matières premières qu’il qualifie des « minerais du sang ».
“Avec le protocole d’accord signé le 19 février entre l’Union Européenne (UE) et le Rwanda pour favoriser le développement de chaînes de valeur « durables » et « résilientes » pour les matières premières, aussi appelées minerais des conflits ou de sang, l’exécutif européen atteint non seulement le paroxysme du cynisme en matière de géostratégie, mais s’illustre à nouveau dans une politique de double standard qui mine la crédibilité des institutions internationales”, a écrit Denis Mukwege, dans ce communiqué.
« Alors que la crise sécuritaire et humanitaire qui sévit dans les Kivus s’est encore sérieusement aggravée depuis la résurgence du groupe armé M23, qui opère de concert avec le soutien direct de l’armée rwandaise dans le cadre d’une énième guerre d’agression et d’occupation sur le territoire congolais, la politique de la Commission européenne et le renforcement de ce partenariat stratégique avec le régime dictatorial de Kigali apparait en totale contradiction avec le principe de cohérence et les valeurs fondamentales de l’UE, notamment la promotion de la paix et des droits humains, qui devraient être, conformément aux Traités européens, des objectifs fondamentaux dans ses relations extérieures », a-t-il renchéri.
Le candidat malheureux à la présidentielle de 2023 appelle la communauté internationale à “assurer davantage de cohérence entre les politiques économiques et le respect des droits de l’homme, et à placer la dignité humaine au centre des préoccupations économiques et financières”.
« Nous exhortons les institutions et les pays européens à rendre effectif et contraignant le règlement de l’UE sur le devoir de diligence pour les chaines d’approvisionnement des minerais, entré en vigueur en 2021 et pourtant largement détourné par des filières opaques d’approvisionnement transfrontalier entre la RDC et le Rwanda », a-t-il martelé.
Et de conclure : « A défaut, la transition énergétique dite verte et propre restera rouge du sang des femmes et des enfants congolais et salie par les activités criminelles des groupes armés. Nous aspirons à ce que les citoyens européens épris de paix et de justice sociale entendent cet appel et changent le cap lors des prochaines élections en juin 2024 ».