Dans une déclaration adressée à Congopresse.net, David Alexandre Nshue, expert en fragilité et professeur d’université, a partagé ses observations sur les défis économiques et politiques en République Démocratique du Congo (RDC). Il a mis en lumière l’écart notable entre les annonces budgétaires du gouvernement et leur concrétisation effective.
Selon lui, les simples annonces gouvernementales ne suffisent pas à résoudre les problèmes économiques. « Il ne suffit pas d’annoncer des mesures pour que les choses avancent. Il est crucial de garantir une mise en œuvre efficace, notamment en s’attaquant aux réseaux mafieux présents à divers niveaux du pouvoir politique et économique. Les décideurs doivent faire preuve de cohérence et d’intégrité pour relever ces défis », a-t-il déclaré.
L’expert a également souligné que les décideurs doivent non seulement être cohérents dans leurs actions, mais aussi démontrer une intégrité irréprochable pour lutter contre ces réseaux. « Il est nécessaire de combattre les pratiques mafieuses et de surveiller tous les acteurs pour assurer un véritable changement. Le service d’intelligence économique récemment créé a un rôle essentiel à jouer pour contrer la prédation, mais il est également important d’imposer des sanctions : l’argent se volatilise et aucune arrestation n’est constatée », a-t-il ajouté.
Il est également important de noter que les anciennes pratiques de soutien financier aux banques, utilisant des ressources publiques, ont conduit à une surliquidité, permettant aux institutions de spéculer sur les devises et les bons du Trésor, au détriment de l’État. Cette situation a été vivement commentée par David Alexandre Nshue pour ses conséquences néfastes.
La semaine dernière, le ministère des Finances a annoncé des résultats économiques positifs. En juillet 2024, les recettes mobilisées ont atteint 2 936,6 milliards CDF, dépassant les prévisions de 2 872,3 milliards CDF, avec un taux d’exécution de 102 %. Ces résultats sont attribués aux réformes en cours, telles que l’introduction de la facture normalisée, l’installation de caisses enregistreuses, et le déploiement du logiciel LOGIRAD dans le secteur judiciaire. De plus, des allègements fiscaux sont prévus pour les zones de conflit à l’Est, conformément aux directives du Président de la République.
Cependant, Nshue pose une question pertinente : « Comment peut-on concilier un excédent budgétaire annoncé de 400 millions USD avec l’émission de bons du Trésor pour plus de 100 millions USD ? » Selon lui, cette situation soulève des interrogations sur la cohérence des politiques économiques actuelles. Il suggère que l’excédent pourrait être illusoire, potentiellement masqué par des avances des miniers et d’autres facteurs sous-jacents.
Cette réflexion met en évidence les possibles incohérences dans la gestion économique et appelle à une réévaluation des stratégies mises en œuvre pour assurer une véritable transparence et efficacité dans la gestion des finances publiques.