Rien ne va plus entre le bishop Albert Kankienza et son collègue Sony Kafuta Rockman, Évangéliste et responsable de l’Église armée de l’Éternel, actuel représentant légal de l’Eglise du Réveil du Congo (ERC). 20 ans après avoir occupé et servi comme représentant légal de l’ERC, Albert Kankienza Mwana Mbo, semble ne pas être prêt à quitter et céder ce poste, rapportent plusieurs sources au sein de cette Église.
L’ancien représentant légal de l’ERC est accusé d’être au cœur d’une intrigue secrètement menée pour avoir la tête et faire tomber Sony Kafuta son collègue, du poste de représentant légal de l’ERC qu’il occupe depuis quelques mois. Pour Albert Kankienza, le responsable de l’église Armée de l’Eternel est un homme à abattre. « Sony Kafuta est devenu notre ennemi commun. Il faut le détruire », a déclaré un autre membre de l’église. Quelques personnalités de l’ERC ont été recrutées et désignées par Albert Kankienza comme étant cofondatrices de cette église, devant lesquelles il accuse de corruption l’Evangéliste Sony Kafuta et les autres membres de la composante qui ont voté pour Malonda, indiquent les mêmes sources. Ces dernières expliquent que tout est parti de la désignation et de l’entérinement par l’Assemblée nationale de Ronsard Malonda comme délégué des confessions religieuses à la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), afin de succéder à Corneille Nangaa, un vote par lequel Sony Kafuta aurait touché des pots-de-vin. Albert Kankienza s’en tient également au communiqué du 10 juin dernier, conjointement signé par l’Eglise du Christ au Congo (ECC) et l’Église catholique. Un élément qui, selon lui, fait de Kafuta un corrompu. Et ce n’est pas tout. Le bishop Kankienza s’active depuis plusieurs jours à mettre en place un nouveau projet, à l’issue duquel une nouvelle structure religieuse dénommée « Ligue des Églises et Ministères de Réveil » naîtra des cendres de l’ancienne ERC, révèle-t-on.
Catholiques, Protestants et Tshisekedistes derrière Kankienza
Tout est clair, mieux très clair. Le feuilleton Malonda du mois de juin et juillet derniers a été le plus grand révélateur. Pour plusieurs observateurs, la démarche Kankienza n’est ni évangélique ni morale, moins encore elle milite pour le consensus dans la désignation du nouveau dirigeant de la très disputée et convoitée CENI. Elle est plutôt motivée par des fins politiciennes. Une démarche derrière laquelle se liguent catholiques, protestants et tshisekedistes, indique-t-on. À en croire ces observateurs, c’est au lendemain de la désignation, le 9 juin 2020, de Malonda que le pasteur Albert Kankienza mène dans les médias une campagne acharnée et de diabolisation contre Kafuta. Les médias publics et d’autres d’obédience catholique ont été mis à sa disposition pour cette fin. Lors de sa première sortie sur les antennes de la Radio télévision nationale (RTNC), il a créé l’incident en s’auto-proclamant représentant légal de l’ERC, poste qu’il venait de quitter depuis des longs mois. Une déclaration qui a scandalisé plusieurs fidèles croyants de l’Eglise du réveil de la RDC.
Curieusement, au nom de cette supercherie, l’ancien représentant légal de l’ERC est très sollicité dans les médias catholiques, télévision Elikya et radio Maria, où il est devenu l’invité spécial dans différents magazines. Sur la télévision catholique, l’homme a d’ailleurs eu le plaisir de qualifier des corrompus, ses anciens collègues des 6 confessions religieuses qui ont voté pour Ronsard Malonda. Malheureusement, l’homme de Dieu n’a pas eu l’honnêteté de dire dans les mêmes médias, qu’il a été témoin oculaire, lors de la signature du PV qui sanctionné et avalisé la désignation de Malonda comme délégué de la composante confessions religieuses à la Ceni.
D’autres sources révèlent cependant que le soir du 9 juin, sa jeep de couleur noire avait été interceptée à la hauteur des collines de Mont Fleury, commune de Ngaliema, où il faisait son deal avec un groupe des politiciens membres du parti au pouvoir.
Dans le même ordre, des indiscrétions avaient en son temps renseigné qu’au siège de la CIME, en aparté, s’arrogeant le costume de conseiller du Chef de l’Etat, Albert Kankienza avait demandé à certains de ses collègues chefs des confessions religieuses de ne pas signer le PV désignant Malonda comme successeur de Nangaa, leur promettant la commission d’une jeep et d’une somme estimée à 25 000 USD. Une information qui a été largement relayée dans les réseaux sociaux. Ne se limitant pas à ce niveau, Kankienza a continué sa démarche. Tour à tour il a été aux quartiers Macampagne, Delvaux, Upn, où habitent un bon nombre de chefs des confessions religieuses, sous la bénédiction et compagnie des religieux protestants et d’un conseiller du président Tshisekedi, afin de les convaincre à renier leurs signatures et de voter pour le candidat pro Tshisekedi, apprend-on encore.
Créer là confusion pour obtenir l’élection d’un pros pouvoir
L’enjeu n’est autre que celui de gagner la présidentielle avant l’échéance 2023. Pour y arriver, tout doit se jouer ilico presto, confient les mêmes sources. Il faut corrompre et faire fédérer les 6 chefs de confessions religieuses qui soutiennent actuellement Malonda. Ainsi, les politiques du parti au pouvoir sont mis à contribution pour y créer la confusion. Et si besoin en était encore, le changement brutal du représentant de l’église kimbanguiste à la CIME est une illustration qui ne trompe. Ce qui a coûté aux kimbanguistes le poste de la présidence de cette structure. Approchés pour la la même cause, les orthodoxes ont de leur part décliné l’offre. Dans une confession, un cadre de cette église, avait affirmé avoir agi sur instruction d’un « secrétaire général d’une église ».
Voulant tenter la même chose à la communauté islamique du Congo, le chef de l’Eglise catholique de Kinshasa avait même approché les dissidents de ladite communauté. Et ce, avant que sa démarche soit stoppée nette par le TGI de Gombe, lors du verdict rendu par ce tribunal dans les différends entre membres de cette communauté et qui a donné raison au Cheikh Abdallah Mangala en le réhabilitant comme imam légalement établi.
Au regard de ce qui précède, tout est claire que Sony Kafuta est faussement diabolisé pour ses prises de position du mois de juillet dernier. Les révélations faites par le chef de l’armée de l’Eternel, dénonçant les manœuvres de certains chefs d’église, de vouloir avoir la CENI dans leurs poches, afin d’imposer en 2023, le candidat de l’Occident impérialiste à la tête de la RDC, voilà qui dérangent jusqu’ici les auteurs de ce schéma. Et pour y arriver, il a fallu associer Albert Kankienza dans ce coup. D’où la question de savoir: pour qui roule l’homme de Dieu dont les vertus théologales ne riment plus avec les actes et gestes. Vouloir servir l’ECC et la CENCO, deux églises minoritaires au sein de la plate-forme CIME, et dont les deux voix, représentent une goûte d’eau dans un grand fleuve ne changera rien. Car à ce jour, nul n’ignore qu’au sein de la CIME, 6 chefs des confessions religieuses s’opposent à telle démarche.
Giscard Havril