Est de la RDC : l’Afrique renforce son leadership pour une paix durable, William Ruto en chef d’orchestre

Face à la persistance de la crise sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC), le président kenyan William Ruto, en sa qualité de président en exercice de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC), a réaffirmé l'engagement du continent africain à trouver une solution durable. A l'issue d'un sommet conjoint co-présidé avec son homologue de la Communauté des États de l'Afrique Australe (SADC) et élargie à l'Union Africaine (UA), une série de mesures ambitieuses ont été annoncées.

 

William Ruto a tenu à dissiper toute ambiguïté quant à la démarche africaine : "Un processus de paix inclusif et bien coordonné, mené par l'Afrique, est la voie la plus efficace pour faire taire les armes et rétablir une stabilité durable dans l'est de la République démocratique du Congo." Sur son compte X, le président kényan a insisté sur la complémentarité de cette initiative avec les efforts internationaux : "Ce processus n'est cependant pas incompatible avec d'autres initiatives telles que les initiatives de Doha et de Washington. En fait, les progrès réalisés grâce à cette initiative africaine offrent désormais un cadre solide pour aligner l'Accord de Washington et l'Accord du Qatar au sein d'une approche continentale unifiée."

 

Le sommet a abouti à une série de décisions visant à rationaliser et à consolider les initiatives de paix existantes. Parmi les mesures clés, à noter :

 

• Fusion immédiate des structures de l'EAC, de la SADC et de l'UA : Un groupe unique de médiateurs et de facilitateurs, chapeauté par l'UA, devra rendre compte au Sommet conjoint et à l'Union Africaine.
• Création d'un secrétariat conjoint : Les secrétariats techniques de la CUA, de l'EAC et de la SADC seront regroupés en un secrétariat unique, basé à Addis-Abeba et dirigé par la CUA, pour assurer une coordination opérationnelle optimale.
• Consolidation des termes de référence : Les mandats du médiateur de l'UA et du panel de facilitateurs EAC-SADC seront harmonisés et soumis à l'approbation du Sommet conjoint EAC-SADC.

 

Un nouveau sommet extraordinaire virtuel se tiendra dans les sept jours pour informer les chefs d'État des résolutions adoptées.

 

La co-présidence SADC-EAC a également lancé un appel urgent à la mobilisation de ressources, notamment pour l'aide humanitaire, qui seront centralisées et coordonnées par la Commission de l'Union Africaine (CUA). En outre, la CUA est chargée de sensibiliser et d'aligner toutes les autres initiatives et parties impliquées dans le processus mené par l'Afrique. Le président de la Commission de l'Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a été mandaté pour communiquer les résolutions issues de ces travaux aux autres États.

 

Ce sommet régional intervient dans un contexte de diplomatie intense, marqué par la signature récente de l'accord de paix entre Kinshasa et Kigali sous la médiation des États-Unis, ainsi que de la déclaration de principes entre les délégués du gouvernement congolais et ceux de la rébellion de l'AFC/M23 à Doha, sous la médiation du Qatar. Ces accords, perçus comme des premiers pas encourageants, s'inscrivent désormais dans une approche continentale plus vaste, portée par l'Union Africaine et ses organisations régionales, avec William Ruto en figure de proue. L'enjeu est de taille : faire taire les armes et rétablir durablement la stabilité dans une région en proie à des conflits récurrents.

 

Si l'accord de Washington prévoit une nouvelle rencontre en août aux États-Unis, les engagements initiaux, pierres angulaires d'un futur accord de paix, peinent à se matérialiser. Les mesures de confiance, essentielles à la reprise des pourparlers, restent lettre morte.

 

Ce blocage menace le processus de paix. Selon le calendrier établi à Doha, les discussions devaient reprendre le 8 août 2025, avec la signature d'un accord mondial en ligne de mire le 17 août. Ces négociations s'inscrivent dans le cadre de l'accord de paix RDC-Rwanda, signé à Washington le 27 juin 2025. L'espoir fragile d'une paix durable est donc mis à l'épreuve de la réalité.

 

S. Tenplar Ngwadi

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