L’attaque meurtrière du 3 juillet 2024 menée par la milice de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO) sur un site minier du village de Wazabo, dans le territoire de Djugu en Ituri, soulève de graves préoccupations concernant la sécurité et la gestion des ressources naturelles dans cette région.
Cet incident tragique a coûté la vie à six ressortissants chinois ainsi que deux soldats des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).
Selon Innocent Madukadala, chef du secteur, les miliciens de CODECO ont attaqué une concession minière dans le secteur de Banyali-Kilo, tuant six Chinois qui y exploitaient de l’or.
L’attaque, marquée par une violence brutale et un pillage systématique, a également entraîné la mort de deux militaires lors de l’intervention de l’armée, comme l’a confirmé le porte-parole de l’armée en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo.
Neuf autres ressortissants chinois ont été enlevés et emmenés à Digene, une autre base de la milice.
Les motivations de la milice CODECO, active depuis plusieurs années en Ituri, sont souvent justifiées par des revendications socio-économiques et ethniques.
Cependant, ses attaques récurrentes contre des sites miniers et des exploitants étrangers, en particulier chinois, révèlent une dimension économique claire : la volonté de contrôler les ressources minières de la région.
Cette quête de contrôle est exacerbée par l’absence d’une autorité étatique forte et la présence de multiples groupes armés dans la région.
L’attaque de Djugu n’est malheureusement pas un incident isolé. En avril dernier, un Chinois a été tué dans des circonstances similaires à Mambasa, avec une importante quantité d’or et d’argent dérobés.
Ces événements soulignent la vulnérabilité des travailleurs étrangers en Ituri et risquent de détériorer les relations sino-congolaises.
La Chine, étant l’un des principaux investisseurs dans le secteur minier congolais, pourrait revoir ses engagements et ses stratégies en raison de l’insécurité croissante.
La recrudescence des attaques de CODECO pose de sérieux défis pour le gouvernement congolais. La sécurisation des zones minières est cruciale, non seulement pour protéger les travailleurs, mais aussi pour assurer la stabilité économique de la région.
L’Ituri, riche en ressources naturelles, est un poumon économique pour la RDC. Si l’insécurité persiste, cela pourrait entraîner une réduction des investissements étrangers, un ralentissement de l’exploitation minière et, par conséquent, une baisse des revenus pour l’État et les communautés locales.
L’attaque de Djugu doit servir de catalyseur pour une action concertée entre le gouvernement congolais, les partenaires internationaux et les investisseurs miniers.
Sans une intervention décisive, l’Ituri risque de demeurer une région en proie à la violence et à l’instabilité, au détriment de son développement et de sa prospérité.
