La Garde républicaine (GR) est une unité spéciale des Forces armées de la République démocratique du Congo (RDC). Sur proposition du gouvernement, délibérée en Conseil des ministres et après consultation du Conseil supérieur de la défense, cette unité est directement détachée auprès du président de la République. Elle est composée d’environ 12 000 soldats, équivalant à un échelon « division », et son commandant siège aux réunions du Haut commandement.
Les missions officielles de la garde républicaine en RDC
Connue sous l’acronyme GR, cette unité dispose des missions générales assignées à l’armée, mais également de missions spécifiques définies par l’ordonnance n°13-063 du 22 juin 2013. Ces missions incluent :
– La garde et la protection du président de la République, de sa famille et des hôtes de marque ;
– La sécurisation des biens et installations présidentiels ;
– Les escortes et les honneurs dans le cadre des activités de la présidence.
En cas d’urgence, la GR peut être réquisitionnée pour participer à des combats au front ou pour des opérations de maintien ou de rétablissement de l’ordre public. Le commandant de la GR, généralement un général-major, ainsi que ses adjoints (au moins un général de brigade), sont nommés et révoqués par ordonnance présidentielle.
La présence accrue de la GR dans la société kinoise
Depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi à la présidence en 2018, la GR a été modernisée et renforcée. Peu après son accession au pouvoir, des recrues de cette unité ont été envoyées en Israël pour une formation militaire intensive. À leur retour, elles ont intégré la GR avec de nouvelles compétences et équipements, différents de ceux de l’ère Joseph Kabila.
Lors de son second mandat, le président a renforcé cette unité avec trois brigades de réservistes formées au Centre de Formation militaire de Kibomango, situé à l’est de Kinshasa. Depuis lors, la présence de la GR dans la vie quotidienne des Kinois s’est accrue, notamment dans des contextes tels que la gestion de la circulation sur les grands boulevards, les déplacements présidentiels ou les visites diplomatiques. Cependant, des éléments de la GR se retrouvent également déployés dans des lieux où leur présence semble en dehors de leur cadre éthique, assumant parfois des tâches administratives et sécuritaires.
Les arrestations arbitraires menées par la GR à Kinshasa
Notre enquête révèle des pratiques inquiétantes de la GR, notamment des arrestations arbitraires dans des lieux tels que le cimetière de Kinkole, situé dans la commune de la N’sele. À cet endroit, des soldats de la GR, détachés pour des missions administratives et de maintien de l’ordre (comme la délivrance des permis d’inhumation), arrêtent régulièrement des citoyens sous des prétextes discutables.
À l’entrée du cimetière, des passagers dans des véhicules funéraires ou des bus communs sont parfois arrêtés. Les raisons évoquées varient : s’asseoir à cinq sur un banc dans un bus ou tenir un véhicule sans être un « receveur ». Selon des témoins et victimes anonymes, les personnes interpellées sont relâchées moyennant paiement d’une « caution » arbitraire. Le montant initial, fixé à environ 20 000 FC (20 $), est souvent négocié à 5 000 FC (1,78 $).
Simon Muenge, un jeune homme de 24 ans, arrêté le samedi 4 janvier 2025 dans ces circonstances, a témoigné avoir payé 5 000 FC pour sa libération, après avoir négocié à partir de la somme initiale demandée. Ces pratiques, qui touchent des personnes de toutes classes sociales, ne semblent pas être suivies de procédures juridiques formelles.
Violences et brutalités contre les récalcitrants
Ces arrestations, souvent soudaines et incompréhensibles, se déroulent dans un lieu de recueillement et de deuil. La GR, toujours lourdement armée, cible principalement des hommes à bord des véhicules ou dans les cortèges funéraires. Ceux qui tentent de résister subissent souvent des brutalités physiques et des violences, ce qui suscite des interrogations sur le rôle de cette unité censée protéger le président de la République et garantir l’ordre public.