Prendre tout son précieux temps à laver soigneusement les pieds de ses compatriotes. Certains Kinoises et Kinois, malins peut-être, en ont fait tout un business au grand marché de Kinshasa (autrement Zando), en se positionnant sur les points de sortie de ce haut lieu de négoce pour laver à coût d’argent les pieds des gens venus de coins et recoins de Kinshasa pour faire des achats, lesquels pieds salis par des tas de boues puantes visibles dans les routes, rues et ruelles qui jonchent ledit marché. Cette puanterie est la résultante des flaques d’eaux mêlées aux immondices parsemées ça et là, avec les pluies qui ne cessent de s’abattre à la régulière sur la ville province de Kinshasa ce dernier temps, où il est difficile de passer trois nuits successives sans constater des nuages à l’horizon. Ces eaux de pluie, sont ainsi la cause de la dégradation de plusieurs routes de la capitale, où le système de canalisation est aux abonnés absents. Et le grand marché de Kinshasa n’échappe malheureusement pas à cette réalité. Sur l’avenue Luambo Makiadi (ex-Bokassa) qui part du boulevard Sendwe au boulevard du 30 juin, particulièrement dans son tronçon allant de son croisement avec l’avenue Itaga à celui avec l’avenue du marché, le lavage de pieds qui s’y exerce n’a qu’une seule mission: celle de permettre que les pieds des acheteurs soient propres au moment de quitter le marché. Une bonne affaire selon les pratiquants.
Sous un soleil de plomb du midi, au croisement des avenues Bokasa et Itaga, l’on peut vite remarquer des seaux et bassins remplis d’eau derrière lesquels sont assises les filles ou les mamans, certaines en train de laver les pieds de tiers, d’autres en train d’attendre des potentiels preneurs de leurs services de lavages de pieds et chaussures de ceux qui viennent dans les petites rues qui traversent l’avenue Bokasa, notamment : Lac Moero, Luvua, Kato Lowa etc. À en croire Miraillessa, (variante de Mireille) comme elle est désignée affectueusement par ses paires, sans connaitre le nombre de clients qui passent par elle quotidiennement, elle indique ce que ce petit travail lui rapporte : ‘’Ce boulot me permet de subvenir à certains de mes besoins et à ceux de ma famille. Nous netoyons les pieds d’une personne à 300fc et 500 fc avec les sandales ou les chaussures. Je ne sais pas combien des personnes qui lavent les pieds chez moi ”, dit-elle.
Tenez, avec l’engouement qu’il y a autour, on peut simplement relever que si 1 personne paie 300fc, un simple calcul montre que les pieds de 10 personnes donneront 3000fc. Ceux qui s’emmènent avec les chaussures donnent 5000 fc. Un véritable business.
Elles se placent généralement dans un lieu qui facilitera à ceux qui bénéficient de leur service de quitter le marché avec des pieds propres. Ce n’est pas un travail qu’elles font en temps plein, dit une netoyeuse qui a préféré garder l’anonymat. Selon elle, elles ont principalement d’autres activités qu’elles exercent quotidiennement.
Visiblement, cette activité apporte une satisfaction substantielle à un nombre incalculable de gens venant de partout fréquenter au quotidien le grand marché de la ville de Kinshasa , mais elle rapporte aussi un plus économiquement parlant, en terme de gain, à ceux et celles qui s’exposent aux intempéries pour rendre ce service. Ce qui reste à faire peut-être, serait de chercher un nom approprié à attribuer à celle-ci.
Héritier Lelo