
Un nouvel épisode controversé secoue le paysage politique et judiciaire de la République démocratique du Congo. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a franchi un cap en récusant le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde. Cette décision survient dans un contexte déjà tendu, marqué par une demande adressée à l’Assemblée nationale en vue de la levée de son immunité parlementaire dans le cadre d’une enquête pour « soupçons de détournement de fonds publics » liés à la construction de la prison centrale de Kisangani.
Cette démarche, qualifiée de « rare à ce niveau de responsabilité », souligne les tensions latentes entre le pouvoir exécutif et l’appareil judiciaire. Elle remet en question « l’articulation entre les prérogatives du ministre de la Justice et l’indépendance du ministère public », un enjeu crucial pour le bon fonctionnement de l’État de droit. La situation est d’autant plus délicate que le ministre Mutamba, en tant que chef de l’administration de la justice, est censé garantir son impartialité.
L’affaire Mutamba s’inscrit dans une série d’événements récents où le ministre a été accusé d’interférer dans des affaires judiciaires en cours. L’analyste rappelle notamment la suspension controversée, en 2024, de magistrats impliqués dans l’expulsion contestée d’un diplomate français à Kinshasa.
Ces « recours à des mesures administratives contre des magistrats », tout comme la récusation actuelle, mettent en lumière les « tensions persistantes entre certaines autorités politiques et judiciaires ». Elles soulèvent « la question du fonctionnement harmonieux des institutions dans le respect des principes d’équilibre et de séparation des pouvoirs », fondements essentiels d’une démocratie solide.
L’évolution de cette affaire, riche en implications juridiques et institutionnelles, sera scrutée de près. Son impact sur le climat politique en RDC et sur la confiance du public dans l’indépendance de la justice pourrait être significatif.