L’humour est avant tout un art : un moyen de faire rire, de transmettre des messages et d’éduquer tout en divertissant. Il s’appuie sur des éléments sérieux, sentimentaux et satiriques, mais reste avant tout un reflet de la société, exprimé sur un ton léger et comique. En République Démocratique du Congo, cet art a vu émerger une pléthore de talents, parmi lesquels Herman Amisi, connu sous le nom de « Daddy », ainsi que d’autres figures qui exercent ce métier avec passion, respect de l’éthique et sens de la responsabilité.
Cependant, un phénomène inquiétant est en train de ternir cette profession : la banalisation des insanités dans les contenus humoristiques. Pour certains prétendus humoristes, il ne s’agit plus d’un art, mais d’un moyen de régler des comptes personnels, de lancer des injures ou de promouvoir des comportements immoraux. Ce type de contenus, loin d’éduquer, pousse la société à l’irresponsabilité, notamment à travers les réseaux sociaux et d’autres médias.
Une mauvaise image de l’humour congolais
De nombreux humoristes congolais ne se distinguent plus par leur créativité ou leur capacité à éduquer, mais plutôt par des contenus dénués de morale et saturés d’insanités. Les réseaux sociaux, les chaînes de télévision et de radio deviennent des canaux pour diffuser des messages peu constructifs. Ces pseudo-humoristes, croyant accroître leur visibilité et leur popularité, participent en réalité à dégrader l’image de cette noble profession.
Une société complice ?
La responsabilité de cette dérive n’incombe pas uniquement aux humoristes. Une part de culpabilité revient également à la société congolaise, qui semble fascinée par ce genre de contenus. En effet, les productions humoristiques immorales génèrent plus de vues, de « likes » et de commentaires, au détriment des contenus éducatifs et de qualité. Cette validation sociale encourage les humoristes à poursuivre dans cette voie, contribuant ainsi à la dévalorisation de l’humour comme art et outil éducatif.
Quelles solutions pour freiner cette dérive ?
Pour redorer l’image de l’humour congolais et mettre fin à cette « hémorragie », des mesures concrètes s’imposent :
1. Certification des humoristes : Le ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine, sous la houlette de Madame Yolande Elebe Ma Ndembo, pourrait mettre en place un système d’identification et de certification des humoristes. Seuls ceux répondant à des critères précis de professionnalisme et respectant les normes éthiques devraient être reconnus.
2. Collaboration avec la CSAC : Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) doit travailler en partenariat avec le ministère pour contrôler les contenus diffusés sur les réseaux sociaux et les médias.
3. Promotion des contenus éducatifs : Il est crucial de sensibiliser le public pour qu’il valorise davantage les contenus éducatifs et constructifs, et non ceux qui véhiculent des insanités.
Une profession noble à préserver
L’humour est un métier qui nourrit de nombreuses familles en RDC. Lorsqu’il est exercé avec passion, professionnalisme et intégrité, il peut inspirer les jeunes, élever le débat et promouvoir la richesse culturelle congolaise. Il est donc impératif que les humoristes s’engagent à produire des contenus responsables et que les autorités mettent en place des mécanismes pour encadrer cette profession. Ainsi, l’humour pourra retrouver sa véritable vocation : éduquer, divertir et transformer la société.