
Papy Pungu Lwamba, Vice-ministre honoraire des Ressources Hydrauliques et Électricité, a livré une analyse incisive et émouvante sur le chemin parcouru par la République Démocratique du Congo, dont l’histoire politique est marquée par un destin tragique et une violence systématique contre toute voix dissidente.
« Porté par le destin, lorsque vous apprenez le sort tragique réservé au Premier Ministre Patrice Emery Lumumba, vous êtes allé vous abriter dans les bras de votre tendre mère Jeannine Mwafik, en lui murmurant à l’oreille cette phrase prémonitoire : ‘je serai le nouveau Lumumba’ », relate-t-il. Né le 27 novembre 1939 à Jadotville (Likasi), Lumumba reste pour le parlementaire l’incarnation d’une promesse inscrite dans l’ADN national.
Pourtant, le régime de Mobutu Sese Seko et ses affidés du groupe de Binza – parmi lesquels Étienne Tshisekedi, Jonas Munkamba, Nestor Nendeka ou encore Justin Marie Bomboko – ont imposé un climat de terreur, réprimant sans relâche toute opposition. Papy Pungu Lwamba rappelle l’acte fondateur de cette tyrannie : orchestrée par le ministre de la Justice d’alors, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, la pendaison publique « exemplaire » de plusieurs personnalités politiques accusées à tort de complot, dont le Premier ministre Kimba Evariste et le sénateur Emmanuel Bamba, pour ne citer qu’eux.
Cette barbarie politique n’a cessé, avec des exécutions successives dans les années 1970, notamment dans « l’affaire Kalume » – un faux coup d’État qui a conduit à la mort du major Kalume Kahamba et d’autres officiers sous des accusations fallacieuses d’atteinte à la sûreté de l’État.
Pour Papy Pungu Lwamba, la RDC disposait pourtant d’un espoir tangible sous Laurent Désiré Kabila, « héritier » du combat lumumbiste. Après 18 ans à la tête du pays, ce dernier aura laissé une gouvernance stable et une nation unie, notamment grâce à l’adoption du code minier, fruit d’un long bras de fer avec les puissances impérialistes. « Son successeur aurait dû surfer sur cet élan de cohésion et de prospérité, » souligne l’ex-vice-ministre.
Mais à ses yeux, la situation a aujourd’hui dangereusement régressé : « la RDC semble être revenue au point de départ, là où la dictature de Mobutu l’avait laissée ». Le pays aurait reculé de trois décennies dans tous les domaines – politique, économique, social et sécuritaire. Papy Pungu Lwamba dénonce une « dictature », marquée par l’instrumentalisation de la justice, la chasse aux opposants, le tribalisme, le népotisme, les arrestations arbitraires, le pillage des ressources nationales, ainsi qu’une « culture du mensonge et des calomnies » à grande échelle.
Il interpelle directement le président Félix Tshisekedi Tshilombo, qu’il accuse de régner en « maître absolu » sur un pays « transformé en une pétaudière », en violation selon lui « de la Constitution et des lois de la République ».
Ainsi se dessine, à travers le regard critique et passionné de Papy Pungu Lwamba, un portrait sombre de la RDC contemporaine, où l’héritage lumumbiste se heurte à un retour inquiétant aux pratiques autoritaires d’hier.