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RDC : L’ACAJ tire la sonnette d’alarme sur les discours de haine tribale

Par S. Tenplar Ngwadi

L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a exprimé une vive préoccupation face à l’augmentation inquiétante des discours incitant à la haine tribale et régionale en République Démocratique du Congo. Dans une déclaration publiée ce vendredi 3 janvier, l’ACAJ dénonce fermement l’exploitation de ces discours par certains acteurs politiques, qui cherchent à alimenter les tensions ethniques pour servir leurs intérêts personnels.

Ces derniers jours, plusieurs leaders politiques ont eu recours à des invectives ethniques, exacerbant les divisions entre les Congolais à des fins politiques. Cette pratique menace gravement la cohésion sociale et les valeurs de tolérance qui caractérisent la société congolaise. L’ACAJ met en garde contre les conséquences psychologiques et physiques de cette xénophobie, qui nourrit un climat de peur et de méfiance au sein de la population.

Dans son communiqué, l’association fait état de propos accusateurs affirmant que la vie politique nationale serait monopolisée par une seule ethnie, accusée de piller les ressources d’autres provinces. L’ACAJ estime que ces accusations, en plus d’être infondées, stigmatisent injustement une communauté liée à l’origine provinciale ou ethnique du Président de la République.

L’ACAJ exhorte à une prise de conscience collective sur la gravité de ces discours, rappelant qu’ils sont non seulement facteurs de violence, mais aussi destructeurs pour les fondements de la société congolaise. L’association s’appuie sur les principes de la Stratégie des Nations Unies contre les discours de haine pour insister sur l’urgence de combattre fermement toute incitation à la violence.

Elle rappelle également que, selon la Constitution congolaise, les partis politiques ont pour devoir de promouvoir l’unité nationale. Ce texte garantit également la liberté de circulation sur tout le territoire national, un droit fondamental qui doit être protégé contre toute forme de discrimination.

L’ACAJ pointe également du doigt les conditions socio-économiques difficiles, telles que le chômage et la pauvreté, qui servent de terreau fertile à la stigmatisation et au rejet de l’autre. Elle dénonce les politiciens qui, au lieu de chercher des solutions, exploitent ces vulnérabilités pour alimenter les tensions communautaires.

Pour prévenir toute dérive durable, l’ACAJ formule plusieurs recommandations :

Recommandations :

Au gouvernement et au pouvoir judiciaire :

Sanctionner et combattre tout discours de haine et de division, conformément aux lois en vigueur.

Mettre en œuvre des politiques publiques pour réduire les tensions intercommunautaires, notamment en favorisant l’accès à des emplois stables et rémunérateurs.

Aux partis et regroupements politiques :

S’abstenir de tout discours nuisible à la cohésion nationale, en privilégiant des projets de société alternatifs basés sur le débat d’idées.

Aux acteurs politiques, sociaux, économiques et culturels :

Condamner sans équivoque les discours sectaires et contribuer activement à leur déconstruction.

À la population :

Rejeter les discours incitant à la haine tribale ou régionale, quels qu’en soient les auteurs.

À la MONUSCO :

Surveiller les discours incitant à la haine et en alerter le Conseil de Sécurité des Nations Unies, en raison de la menace qu’ils représentent pour la paix en RDC.

Enfin, l’ACAJ appelle à une mobilisation collective des leaders d’opinion, de la société civile et des citoyens pour contrer ces discours néfastes et promouvoir un Congo uni, pacifique et prospère.

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