Le départ d’Azarias Ruberwa en Afrique du Sud, officiellement pour raisons médicales, comme celui de Bizima Karaha en 1998, suscite des spéculations dans les milieux congolais sur le risque d’une nouvelle guerre à l’Est.
Ce départ intervient après les propos de Moïse Nyarugabo qui parlait de noyer les Congolais dans le sang, en réaction aux débats sur la commune rurale de Minembwe, un dossier brûlant que Tshisekedi n’a toujours pas réglé. Et depuis la destitution de Jeannine Mabunda de la présidence de l’Assemblée nationale, le camp Kabila, frustré par la rupture de la coalition FCC-CACH qui le liait à Félix Tshisekedi, tente de se réorganiser politiquement, tandis qu’on signale le départ vers l’est et le Rwanda de nombreux agents militaires « rwandais » qui opéraient dans le système Kabila.
Des départs qui, là aussi, rappellent le départ des armées du Rwanda et de l’Ouganda en juillet 1998, prélude à la Deuxième Guerre du Congo. Pendant ce temps, l’armée rwandaise consolide ses positions dans le Kivu en se dissimulant sous des uniformes des FARDC. La société civile du Nord-Kivu a même parlé d’une base rwandaise à Kibumba, près de Goma. Selon RFI, l’armée rwandaise s’est redéployée sur le sol congolais depuis juillet 2019, principalement en territoire de Rutshuru. Etonnamment, le pouvoir de Kinshasa a autorisé les navettes de Rwandair, la compagnie aérienne rwandaise, notoirement connue pour être le pont aérien militaire de l’armée rwandaise entre Kigali et Kinshasa. Aux Etats-Unis, les démocrates, commanditaires de la Guerre de l’AFDL, reviennent à la Maison Blanche.
Le décor, si pas d’une guerre, mais d’un coup fatal, est en train de se planter. Que font les Congolais ?
A part quelques alertes de la société civile et des fuites d’information dans les réseaux sociaux, aucune initiative n’est visible au niveau des institutions. Pas de manœuvres militaires préventives, pas de mobilisations populaires à travers le pays, pas de ballet diplomatique…
Ça rappelle 1996 lorsqu’un responsable de l’Etat zaïrois, face aux déroutes des Forces armées zaïroises (FAZ), affirma, le plus sérieusement du monde, que « le Zaïre n’était pas préparé à la guerre ».
Héritier Lelo