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RDC : « Pour mieux gouverner, il est impératif d’assigner des missions et des objectifs clairs aux acteurs », ( Alexandre Nshue)

Par Pi Tiem's

RDC : « Pour mieux gouverner, il est impératif d’assigner des missions et des objectifs clairs aux acteurs », ( Alexandre Nshue

En République Démocratique du Congo, la gouvernance et la gestion des finances publiques posent toujours des défis majeurs entravant le développement. Les citoyens, faisant face à un manque d’infrastructures, à des services publics défaillants et à une corruption généralisée, réclament des réformes importantes.

C’est dans ce cadre que David Alexandre Nshue, expert en économie et Professeur d’universités, s’est confié pour la énième fois à notre journaliste Pi Tiem’s, offrant des analyses éclairantes et des propositions concrètes pour une meilleure gouvernance.

Selon Nshue, une gouvernance efficace repose sur des missions et des objectifs clairs assignés aux acteurs de l’État.

« Pour mieux gouverner, il est impératif d’assigner des missions et des objectifs clairs aux acteurs », explique-t-il, avant d’ajouter « qu’ il faut les surveiller de manière stricte, les contrôler et les sanctionner si nécessaire. Les rendre redevables à travers la diffusion régulière des rapports d’activités est également crucial».

Les mauvaises pratiques qui minent les finances publiques

L’expert a démontré plusieurs pratiques douteuses qui compromettent les finances publiques et entravent le développement du pays.

« L’un des problèmes majeurs est que les impôts ne sont pas toujours gardés dans le compte général du trésor », a fait savoir Alexandre Nshue.

« Au lieu de cela, une partie est envoyée dans des sous-comptes logés dans des banques commerciales. Ces banques utilisent ensuite cet argent pour acheter des bons du trésor ou des devises de la Banque Centrale du Congo (BCC), spéculant ainsi avec l’argent de l’État », a-t-il poursuivi.

Il évoque également des créances de l’État impayées sans raison.

« On refuse de payer la créance de X, mais on permet à Y de la racheter avec une décote. Une fois en possession du titre, Y se fait payer par l’État, parfois avec une réévaluation à la hausse. Ce sont des manipulations qui coûtent cher à l’État»,  souligne-t-il.

Nshue dénonce aussi les négociations frauduleuses concernant les impôts dus. « Par exemple, un contribuable qui doit un million de dollars peut négocier pour réduire ce montant à 200 000 dollars, en versant des pots-de-vin à des officiels corrompus. Cette pratique coûte à l’État 800 000 dollars, tandis que les fraudeurs s’enrichissent », ajoute-t-il.

Enfin, il attire l’attention sur les travailleurs fictifs dans les listes de paiement. « Une tâche accomplie par trois personnes, méritant une prime de 300 dollars, peut se retrouver sur une liste incluant 1000 personnes fictives. L’État finit par payer 100 000 dollars au lieu de 300, perdant ainsi 99 700 dollars », a-t-il affirmé.

Une réforme nécessaire pour un espace budgétaire élargi

Pour Nshue, la clé de l’amélioration réside dans l’éradication de ces mauvaises pratiques.

« Nous devons assigner des objectifs clairs et mesurables aux acteurs, surveiller leur performance de manière rigoureuse et les tenir responsables de leurs actions », insiste-t-il.

Et d’appuyer : « C’est seulement ainsi que nous pourrons prévenir les pertes financières et libérer des ressources pour des investissements productifs. »

Il appelle à une réforme profonde et à l’application stricte des règles pour créer un environnement où la transparence et l’intégrité prévalent.

« C’est seulement à travers de telles mesures que nous pourrons élargir notre espace budgétaire et financer notre développement de manière durable, » conclut-il.

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