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RDC : Trois ans après la prise de Bunagana, Dénis Mukwege dénonce l’« inaction » de Kinshasa et l’« impunité » du Rwanda

Par Nathan Kumba

La voix de Denis Mukwege résonne avec force et désespoir, trois ans après la chute de Bunagana, cité stratégique du Nord-Kivu, aux mains des rebelles du M23 soutenus par Kigali. Dans une déclaration cinglante, le Prix Nobel de la paix fustige l’« inaction » des autorités congolaises et l’« indifférence » de la communauté internationale face à une occupation qui s’éternise et aggrave les souffrances des populations.

« Cela fait trois ans jour pour jour que la cité commerciale de Bunagana (…) est occupée », rappelle le Dr Mukwege, avant de pointer du doigt l’implication directe du Rwanda dans ce conflit. Selon lui, Kigali « méprise avec arrogance les principes de base de la Charte des Nations Unies pour imposer ses ambitions expansionnistes et piller à grande échelle les minerais stratégiques congolais ».

Sous la coupe des forces rebelles, la population civile de Bunagana et des territoires environnants vit un véritable cauchemar. Déplacements massifs, violences, humiliations : Mukwege décrit un « régime d’exploitation et de prédation » qui engendre des « graves violations des droits humains et du droit international humanitaire », le tout dans une « totale impunité ». Les rebelles ont étendu leur emprise sur de vastes portions de territoire, y installant des « administrations illégales parallèles » et menaçant l’intégrité territoriale de la RDC.

Mais le réquisitoire du Dr Mukwege ne se limite pas à la dénonciation de l’agression rwandaise. Il s’attaque également aux autorités congolaises, qu’il juge responsables, en partie, de la dégradation de la situation. « Les autorités (…) n’ont jamais déployé la volonté politique nécessaire pour réformer le secteur de la sécurité, assainir la fonction publique et adopter une stratégie holistique de justice transitionnelle », déplore-t-il, estimant que leur « inaction » a contribué à l’enlisement du conflit et à la détérioration de la situation humanitaire et des droits humains.

Face à ce constat alarmant, Mukwege lance un appel pressant à la mobilisation internationale. Il exhorte les décideurs nationaux, les partenaires internationaux et les institutions multilatérales à agir enfin pour mettre fin à l’impunité, réformer les institutions congolaises et restaurer la paix et la sécurité dans l’est de la RDC. Car, comme le souligne le Prix Nobel de la paix, « cela fait trois ans » que la situation perdure, et les populations meurtries n’attendent plus que des actes.

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