A la faveur d’une récente conférence de presse, les membres de l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC) ont découvert la haute expertise d’un intellectuel congolais, auteur d’une synthèse de 106 pages consacrées à l’Etat régional comme remède aux crises africaines.
Inassouvis dans leur soif d’en connaître davantage, les professionnels des médias n’ont pas compris pourquoi une pensée aussi rapidement applicable aux solutions d’une Afrique en impasse pouvait continuer à pratiquer « l’école buissonnière ».
Répondant aux empressements des journalistes, le professeur Albert EHOKE s’est enfin engagé à livrer régulièrement ses réflexions à travers des articles destinés à expliciter des points de vues et des considérations déjà visibles et lisibles dans ses mémoires, thèse et d’autres articles scientifiques.
L’occasion faisant le larron, le défenseur de l’Afrique des peuples plutôt que des états illustre pertinemment la vision bien connue du président Félix Tshisekedi : le peuple d’abord.
C’est pourquoi la quintessence de ses recherches fait l’objet d’une compilation à travers des pratiques suivies de quelques éléments de réponses, en commençant par des considérations générales dans sa tribune dont la copie est parvenue à la rédaction de Congopresse.net.
Voici l’intégralité de la dite tribune :
I. De l’Afrique des Etats à celle des Peuples, remède pour le développement du continent ?
Des crises larvées aux restructurations, en passant par l’accélération des crises, voilà comment les relectures des 517 pages de thèse doctorale assorties de précieuses annexes pourraient aider à nourrir la relance d’un débat sur non seulement la défunte Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A) mais aussi sur ses relations avec l’Union Européenne et les dynamiques tant tiers-mondistes qu’onusiennes.
Les publications périodiques servent de supports très incitatifs à cet exaltant exercice. Des mensuel aux bimestriel, et semestriel et même aux annales facultaires et scientifiques ainsi qu’aux biennales de promotions artistiques, moult occasions d’évaluation ont été mises à profit pour alimenter les débats et forums universitaires et socio civils.
A une échelle plus courante, intuitive et pratico-professionnelle, les hebdomadaires, les quotidiens (du matin comme du soir) et même les flashs horoscopico-scientifiques sont de plus en plus disponibles. Pour ne pas tomber dans la dispersion et la désorganisation suscitées par l’étendue de la problématique, revenons sur la question essentielle : Crise accélérée, larvée ou réelle à l’Union Africaine ?
Pas plus qu’à l’Union Européenne, est-il désormais permis de nuancer après la sortie très soft et civilisée de la Grande Bretagne.
La rotation instituée annuellement à la tête de l’Union Africaine permet à chaque chef d’Etat de laisser son empreinte personnelle ou celle de son pays dans l’effort historique de maîtrise de destin continental. En RDC, la prestigieuse cité de l’O.U.A devenue aujourd’hui l’U.A, constitue une ostensible preuve du leadership du pays de Lumumba dans la conduite de la politique africaine.
Et voici que, après l’actuel vice-président, presque coutumièrement et protocolairement, l’année 2021 sera, de nouveau, celle de la RDC. En termes structurels, il y a lieu d’ores et déjà de se demander si la vice-présidence n’est qu’un rôle de figurant.
La presse et l’opinion internationale et diplomatique jouent certes un rôle lisible et visible depuis que, en 1945, le congolais a été doté d’une voix à l’initiative du haut fonctionnaire belge, Jean Paul QUIX, contemporain des institutions de Bretton Woods. Cette voix, bimestrielle avant de devenir mensuelle pendant près de trois lustres, avait été inaugurée sur un fond europessimiste malignement dilué par les services du ministère belge des colonies.
Un rêve innocent de puissance ? C’est en ces termes qu’un philosophe Camerounais s’est jadis interrogé sur la négritude sans puissance africaine. Voici qu’aujourd’hui, un autre jeune essayiste Camerounais revient, à sa manière, sur le même questionnement, mais autour d’une thématique plus englobante : celle de la colonisation reconsidérée par la génération Macron comme une FAUTE de la République, un crime contre l’humanité. La tonalité aggravante est de plus en plus unanime. Jusqu’à l’homme de libya delenda est.
Les médias et les mouvements progressistes se chargent du relais, même s’il subsiste des poches d’adversaires de la « repentance »
Si le président français et ses conseillers croyaient encore aux vertus de la supposée repentance, pense Yann Givet, la manifestation du vendredi 1O janv. 2020, à Bamako, qui, selon France 24, aurait réuni un millier de personnes exigeant le départ des troupes françaises du Mali avait constitué une piqûre du rappel (colonisation n’est pas raison) dans Jeune Afrique n° 3081 du 26 janvier au 1er février 2020.
Le retour du Maroc, longtemps après l’entrée remarquable de l’Afrique du Sud, ne consolide-t-il pas l’Union Africaine, nouvelle formule ?
II. D’un plan d’action à d’autres
Instructives, relectures des versions originales
Victime du système multilatéral en perdition comme l’O.U.A elle-même, le plan d’Action de Lagos (P.A.L), au regard de son très simple bilan au bout d’un premier quinquennat de mise en œuvre, reflétait une flagrante disproportion avec l’étendue du réseau de coopération dont il s’était doté.
Le chiffre alarmant de 170 milliards de dollars exprimait tragiquement l’infernal cercle vicieux d’endettement qui « étranglait » effectivement l’Afrique, comme s’indignerait l’agronome français René Dumont.
Faute de plans appropriés d’industrialisation, secteur par secteur, plusieurs usines fonctionnaient à 50% du rendement normal tandis que d’autres étaient placées dans l’obligation de fermer, ce qui aggravait le drame du chômage.
Outre, la lenteur de l’extension des marchés par la coopération régionale, facteur qui fait précisément l’objet de la thèse-piste centrale de l’Etat régional, il convient d’épingler l’inadéquation des infrastructures, la médiocrité de la formation, de la gestion et de l’étroitesse des marchés nationaux.
Loin d’inciter au découragement et au fatalisme, ce sombre tableau a plutôt inspiré la piste hypothèse approche régionale qui ne constitue cependant pas une panacée.
Par professeur Albert EHOKE TAMBASHE DIUMI, Panafricaniste.