[Tribune]: « 4 Janvier, une date vidée de toute sa substance aujourd’hui… »
Par l’Activiste, Penseur et Notable de Madimba Mingiedi Mbala N'zeteke Charlie Jephté
Cette date était sacrée pour notre grand-père, Mbuta Mingiedi Mbala N’zeteke, dont je porte fièrement le nom. Un grand lobbyiste pour l’Alliance des Bakongo (ABAKO), l’ancienne Association des Bakongo, et très proche de Joseph Kasa-Vubu, Mingiedi Mbala était surtout un héros de l’ombre au jour du 4 janvier 1959 grâce à son VITA CLUB. Il échapperait à la mort et ferait de cette journée, un jour de résurrection que, de son vivant, il le fêterait chaque année d’une façon très particulière en compagnie de ses petits-enfants.
L’argentier de l’ABAKO était le président honoraire de Vita Club qui avait affronté, ce dimanche 4 janvier 1959, MIKADO de la compagnie aérienne SABENA dirigée par des colons belges. N’ayant pas supporté la défaite de leur équipe, battue par un score de trois buts à un, les supporters de Vita Club, majoritairement Bakongo, quitteraient le stade Tata Raphaël situé non loin de la place Young Men’s Christian Association (YMCA) où devrait se tenir le meeting de l’Abako après celui du Mouvement National Congolais (MNC) qui avait eu lieu le 28 décembre 1958 au même endroit.
Les supporters déçus par la défaite de leur équipe rejoindraient, devant l’YMCA et dans les environs, les membres de l’Abako qui manifestaient déjà leur mécontentement par des pierres sur les autorités coloniales présent sur le lieu et les véhicules des colons qui passaient dans les parages. Ce serait le déclenchement d’une révolte populaire, qui durerait trois jours. La violente répression, qui s’en suivrait, ferait plus de 300 morts selon le bilan de certains historiens et celui de l’Abako. Nous notons que la journée du 4 janvier 1959 n’était pas différente de celle du 30 décembre 2013 caractérisée par le décès de plus de 300 disciples du prophète Joseph Mukungubila qui manifestaient contre l’occupation rwandaise.
Cette journée du 4 janvier, ayant permis la conquête de l’indépendance de notre pays, devrait être commémorée comme la SHOAH. Elle mérite d’être célébrée, non comme une simple fête nationale, mais comme la SHOAH. Cela permettre d’inculquer les valeurs culturelles de cette lutte qui avait coûté la vie à nos pères de l’indépendance.
Nul n’ignore que, pendant le règne tyrannique du roi des Belges Léopold II, plus de 10 millions de Kongolais avaient été systématiquement exterminés. Le camouflage de ce génocide a facilité la reprise par le gouvernement belge du bâton de commandement en date du 15 novembre 1909. Pourquoi devra-t-on comparer la date du 4 janvier 1959 à celle du 27 du mois hébraïque de Nissan (entre le début du mois d’avril et celui de mai selon les années) ?
Les juifs ont su transmettre la douleur de la SHOAH à leurs descendants, alors que les Kongolais ont lamentablement échoué dans l’héritage historique.
Le fait de décréter une journée chômée et payée ne suffit pas pour faire comprendre aux Kongolais la réalité et la portée de l’acte héroïque qui avait été commis le 4 janvier 1959. Le jour de la SHOAH est un jour éternel pour la maison d’Israël.
Le jour des martyrs de l’indépendance ne devrait pas être une journée de fête, comme celle de l’indépendance, mais une journée de deuil national pour inculquer à toutes les générations kongolaises cette douleur de l’enfantement. Cette volonté patriotique ne devrait pas se limiter à une journée fériée, mais s’étendre à une journée des cérémonies du mémorial, une journée du souvenir pour les victimes de notre indépendance. Celle-ci avait été chèrement acquise au prix du sang, donc par le sacrifice suprême.
La journée des martyrs de l’indépendance, qui symbolise le passage de la colonisation à la renaissance de la nation kongolaise, doit être représentative de la commémoration des précurseurs de l’ÉTAT KONGOLAIS.
Depuis quelques années, nous avons lancé une campagne d’immortalisation de ceux qui avaient combattu pour l’indépendance de notre seul et unique pays. Nous avons proposé au gouvernement kongolais d’acheter et de faire de la place YMCA un musée en érigeant un monument en hommage aux victimes du 4 janvier 1959, à travers l’inscription de leurs noms sur des stèles. Malheureusement, le gouvernement a préféré acheter d’abord la maison de Papa Wemba.
Tous ces militants de l’ABAKO et les supporters de VITA CLUB n’étaient pas des SOLDATS INCONNUS à que nous sachons…
La journée commémorative à la mémoire de tous les martyrs tombés le dimanche 4 janvier 1959, ainsi durant les 3 jours ayant émaillé les émeutes à Léopoldville, n’est pas, de nos jours, à la hauteur de ce grand événement.
Voilà pourquoi nous suggérons aux autorités compétentes de la RDC de commémorer cette journée comme la SHAOH.
Il ne faut plus faire de cette journée une date vidée de toute sa substance. Bien au contraire, il faut en faire un jour sacré, celui de l’immortel relatif au serment de la liberté que nous léguerons à notre postérité pour toujours.