Le vice-premier ministre en charge de l’Économie Nationale, Vital Kamerhe, a tenu une réunion, ce mardi 22 août 2023, avec les représentants de l’association des Exportateurs du Cacao-Café de la RDC (ASSECCAF) et D’ESCOKIVU dans son cabinet de travail.
Cette réunion avait pour objectif principal d’aborder la question des produits agricoles en République Démocratique du Congo et leur exportation.
Les exportateurs de cacao en République Démocratique du Congo ont exprimé leur préoccupation face aux exportations illicites et à la contrebande qui entraînent chaque année des pertes financières considérables pour le trésor public. Ils ont sollicité des mesures fortes de la part du VPM de l’Économie Nationale, Vital Kamerhe, pour mettre fin à ces pratiques frauduleuses.
« Les chiffres à notre possession se situent à plus de la moitié de la production du cacao congolais produit au Nord-Kivu qui se volatilise du fait des pratiques frauduleuses systématiquement organisées. Nous perdons au minimum 400 tonnes de cacao par semaine soit une valeur monétaire annuelle de 60 millions de dollars américains, car la tonne de cacao se vend à 3200 dollars sur le marché international », a déploré Mike Ntambwe, Directeur Général de l’Agence Nationale de Promotion des Exportations (ANAPEX).
Philip Betts, Directeur Général de ESCO KIVU, a également souligné que la fraude constitue la principale difficulté à surmonter dans ce domaine. Selon lui, cette situation prend des proportions alarmantes.
« En Ouganda, il n’y a pas de taxes à l’exportation. On paie trop cher pour le Cacao là-bas. Au Congo, par contre, nous avons plusieurs taxes et le transport à Mambassa qui coûte très cher. Nous essayons de lutter contre la contrebande qui cause une perte énorme pour le pays. Nous voyons qu’il y a suffisamment du potentiel pour la production qui est à 60.000 tonnes actuellement. Mais nous pouvons aller jusqu’à 300.000 tonnes/an, si cette exportation est bien contrôlée », a-t-il martelé.
Selon le Directeur Général de ESCO KIVU, d’ici 2025, la République Démocratique du Congo sera tenue de fournir une traçabilité pour le cacao qui sera exporté. Cette mesure vise à garantir la transparence et l’origine légale des produits exportés.
« Si le cacao est exporté frauduleusement, la traçabilité est perdue. Et ce cacao ne sera plus vendu facilement à l’étranger et donc nous sommes obligés de nous préparer pour la nouvelle réglementation qui viendra » , a-t-il prévenu.
Les exportateurs ont dénoncé aussi les taxes illicites. « Au delà de ce que la loi prévoit, il y a d’autres services qui surchargent les exportations et les entreprises avec des taxes qui ne sont pas légalisées. C’est aussi une lutte que nous menons pour pousser le gouvernement à balayer toutes ces taxes illicites » , a déclaré Benjamin Kakule Munzenda, président national de l’Association des Exportateurs des Cacao et Café de la RDC (ASSECAF).
Rappelons que parmi les pistes de solution, les associations des exportateurs demandent au Gouvernement de prendre des mesures interdisant l’exportation de fèves de cacao vers les pays voisins, étant donné que ces pays ne font que réimporter ces fèves vers les marchés internationaux sans les transformer.
Cependant, ils soulignent que le Gouvernement pourrait encourager l’exportation de produits transformés tels que le chocolat vers les pays voisins. En revanche, l’exportation de la matière première (les fèves de cacao) ne serait pas favorisée. Cette approche vise à valoriser la transformation locale et à créer une chaîne de valeur ajoutée dans le secteur du cacao.
Signalons que le VPM de l’Économie Nationale s’est dit disposé à réserver des réponses idoines aux préoccupations des associations des exportateurs. Vital Kamerhe leur a demandé de lui faire des propositions concrètes, avant d’éventuelles mesures fortes pour stopper définitivement les exportations illicites et la contrebande.