Une nouvelle audience dans le procès du journaliste Stanis Bujakera a eu lieu, ce vendredi 20 octobre 2023, à la prison centrale de Makala devant le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Kinshasa-Gombe.
Au cours de cette audience, le tribunal a commencé avec l’instruction de l’affaire sur le fond, ainsi que la prévention de fabrication du sceau de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR).
Pour la partie défenderesse, « le ministère public a estimé que c’est Stanis Bujakera qui a fabriqué le faux sceau alors que nous avons estimé qu’il devait y avoir une comparaison avec un spécimen officiel de l’ANR pour qu’on puisse déterminer que c’est réellement un faux, puisqu’il n’y a pas d’éléments de comparaison pour permettre au ministère public de dire que réellement c’est un faux sceau. Nous continuons de dire que ce n’est pas notre client qui l’a fabriqué », a évoqué Me Ndikulu Yana, porte-parole du collectif d’avocats de l’accusé.
Pour soutenir son argument, la défense a formulé trois principales demandes, dont la réquisition de l’Agence Nationale des Renseignements pour apporter le seau original qui figure sur le document qui est à la base de l’arrestation du journaliste Stanis Bujakera.
« Nous avons demandé au tribunal de prendre un jugement avant dire droit ordonnant à l’ANR d’amener un spécimen du sceau du département d’où proviendrait le rapport, nous avons demandé à ce que ses téléphones qui étaient au niveau du ministère public puissent être amenés au tribunal et, en fin, qu’un expert fasse une expertise si en partant de son téléphone, Stanis a reçu et envoyé le document. C’est là où se trouve la contradiction du ministère public parce qu’à un moment il dit que [Stanis] a reçu, il a renvoyé et encore a fabriqué », souligne Ndikulu Yana.
Par contre, le tribunal n’a pas répondu à ces demandes et promet d’y revenir à la prochaine audience prévu dans deux semaines.
« Le tribunal nous a dit on renvoie à deux semaines pour continuer l’instruction et éventuellement pour plaidoirie. Or, c’est un droit du prévenu d’une partie de demander à ce qu’on puisse commettre une autre expertise lorsqu’il n’a pas confiance à un expert », a souligné l’avocat.
Nous rappelons que Stanis Bujakera est arrêté depuis le 8 septembre dernier, pour « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Il a été conduit à la prison centrale de Makala le 15 septembre 2023, et sa détention avait été confirmée de 15 jours pour des besoins d’enquête par le tribunal de paix de Kinshasa-Gombe.
En outre, depuis son arrestation, aucune nouvelle décision pour renouveler sa détention avait été prise, ce qui selon ses avocats la rend irrégulière, déjà près de deux mois qu’il est en prison. « Il est ici totalement en détention irrégulière », avait déploré son avocat.
Notons que le procureur général avait indiqué que le prévenu est un résident américain et risquait d’échapper à la justice.