
L’annonce, aussi surréaliste qu’elle soit, laisse un goût amer. Comment Joseph Kabila peut-il envisager de mener des consultations à Bukavu, une ville martyrisée, actuellement sous le contrôle de l’AFC/M23 ? L’écho de cette information résonne comme une gifle au visage de la population meurtrie, déplacée, et privée de sa liberté par une occupation armée.
Après les consultations à Goma, déjà perçues par beaucoup comme un exercice de communication opportuniste, cette nouvelle tentative à Bukavu franchit une ligne rouge. Est-ce là la vision de l’ancien président pour contribuer à la paix dans l’Est ? En négociant sous la menace des armes, en légitimant de facto une occupation illégale, Kabila risque d’aggraver la situation et d’enfoncer davantage la région dans le chaos.
Le moment est venu de se poser les questions qui fâchent. Quel est le but réel de ces “consultations” ? S’agit-il d’une tentative de jouer un rôle dans un conflit où sa responsabilité, directe ou indirecte, est pointée du doigt par de nombreux observateurs ? Ou simplement d’une manière de se repositionner sur l’échiquier politique, au mépris des souffrances des populations ?
Les habitants de Bukavu méritent mieux qu’une visite cosmétique et des consultations biaisées sous le diktat des armes. Ils méritent une libération effective, un retour à la sécurité et la justice, et une paix durable. La démarche de Joseph Kabila, si elle se confirme, est une profonde déception et un dangereux précédent qui risque de compromettre davantage les efforts de paix dans une région déjà fragilisée. Il est temps d’écouter le cri de détresse des populations et d’agir avec responsabilité et intégrité.