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RDC – Culture : Les acteurs culturels saluent la construction du Centre Culturel et Artistique pour les Pays d’Afrique Centrale (Interview)

Par Trésor Tshinkunku

Depuis le samedi 14 décembre 2024, Kinshasa abrite un nouvel édifice emblématique : le Centre Culturel et Artistique pour les Pays d’Afrique Centrale (CCAPAC). Situé face au Palais du Peuple, ce joyau architectural dédié à la culture africaine a été inauguré par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

La construction de ce centre culturel marque une avancée majeure pour les artistes et opérateurs culturels congolais, qui disposent enfin d’un espace moderne et adapté pour valoriser leurs talents, promouvoir leurs œuvres et propulser la culture africaine sur la scène internationale.

« Le CCAPAC est une vitrine de nos talents, mais aussi de notre capacité à initier des projets d’envergure qui inspirent le monde », a confié Malafi Niamba, artiste pluridisciplinaire et Directeur artistique de la Maison Culturelle des Mwindeurs, dans une interview exclusive accordée à CongoPresse.net.

Dans cet entretien à bâtons rompus avec notre rédaction, il revient sur l’impact de cette infrastructure pour le secteur culturel congolais et exprime ses attentes pour l’avenir.

CP : Comment percevez-vous l’inauguration du Centre Culturel et Artistique pour les Pays d’Afrique Centrale (CCAPAC) ?

MN : L’inauguration du CCAPAC est un événement historique. C’est bien plus qu’une infrastructure ; c’est un symbole de renaissance culturelle pour l’Afrique centrale et, plus largement, pour le continent. Ce centre représente une volonté affirmée de valoriser nos identités multiples et de fédérer nos énergies créatives.

CP : Selon vous, qu’est-ce que cette infrastructure représente pour les artistes et opérateurs culturels congolais ?

MN : Le CCAPAC est une véritable bouffée d’air frais. Il représente un lieu où les artistes congolais peuvent s’exprimer librement, expérimenter et collaborer dans un cadre professionnel. C’est aussi un espace pour structurer le secteur culturel et attirer l’attention des mécènes et décideurs.

CP : Quelle image le CCAPAC peut-il véhiculer de la RDC sur la scène culturelle internationale ?

MN : Il peut refléter une RDC riche de son patrimoine, audacieuse dans sa créativité et résolument tournée vers l’avenir. Le CCAPAC est une vitrine de nos talents, mais aussi de notre capacité à initier des projets d’envergure qui inspirent le monde.

CP : Pensez-vous que le CCAPAC répond aux besoins actuels des artistes congolais ? Si oui, lesquels ?

MN : Oui, dans une certaine mesure. Il répond au besoin crucial d’espaces de création, de formation et de diffusion. Cependant, il faudra s’assurer que ces services soient accessibles à tous les artistes, y compris ceux en dehors des grandes villes.

CP : Comment voyez-vous son rôle dans la formation et la promotion des talents locaux ?

MN : Le CCAPAC, à côté du nouveau bâtiment de l’Institut National des Arts et du Centre d’accueil qui devrait être le home des étudiants, doit devenir un incubateur de talents. Par le biais d’ateliers, de résidences et d’expositions, il peut révéler des artistes qui, autrement, resteraient dans l’ombre. Il a également un rôle clé à jouer dans la professionnalisation des métiers artistiques.

CP : Quels types d’opportunités (emplois, collaborations, projets) espérez-vous que ce centre offre au secteur culturel ?

MN : J’espère que le CCAPAC ouvrira des portes à des collaborations transfrontalières, tout en créant des emplois locaux dans la gestion culturelle, l’enseignement artistique et l’événementiel. Ce centre pourrait aussi favoriser des coproductions internationales et des échanges enrichissants.

CP : Le CCAPAC est présenté comme un espace de dialogue entre les cultures du Congo, de l’Afrique centrale et d’ailleurs. Comment ce dialogue pourrait-il enrichir les artistes locaux ?

MN : Un tel dialogue est une source d’inspiration inépuisable. Il expose les artistes locaux à d’autres techniques, styles et perspectives. Cela peut aussi encourager des hybridations artistiques qui reflètent notre époque tout en restant ancrées dans nos traditions.

CP : À votre avis, en quoi ce centre peut-il renforcer le panafricanisme et les échanges culturels avec d’autres pays africains ?

MN : Le CCAPAC peut devenir un carrefour pour les idées panafricaines. En organisant des événements qui rassemblent des créateurs de tout le continent, il peut contribuer à une meilleure compréhension mutuelle et renforcer un sentiment d’unité africaine par le biais de l’art. Il peut même se réapproprier le projet d’aide à la mobilité de l’espace culturel Yaro : La Route de l’Artiste en Afrique Centrale (RAAC), avec les autorisations des initiateurs, bien sûr.

CP : Voyez-vous des opportunités de collaboration entre les artistes congolais et ceux des pays d’Afrique centrale grâce au CCAPAC ?

MN : Absolument. Les artistes congolais ont beaucoup à gagner en collaborant avec leurs homologues de la région. Ces collaborations pourraient déboucher sur des projets communs, comme des tournées régionales ou des expositions itinérantes.

CP : Selon vous, quels défis le CCAPAC pourrait-il rencontrer dans son fonctionnement quotidien (gestion, accessibilité, financement des activités, etc.) ?

MN : Les défis pourraient inclure un manque de financement durable, une gestion parfois bureaucratique, ou encore des difficultés à inclure les artistes des régions éloignées. Une vision claire et des partenariats solides seront essentiels pour surmonter ces obstacles.

CP : Quelles actions devraient être entreprises pour maximiser son utilité pour les artistes et les jeunes talents ?

MN : Le CCAPAC devrait organiser des événements réguliers pour les jeunes artistes, établir des bourses et multiplier les résidences artistiques. Il faut aussi investir dans des campagnes de sensibilisation pour informer les artistes des opportunités offertes.

CP : Comment le gouvernement pourrait-il accompagner davantage le développement du secteur culturel après cette inauguration ?

MN : Le gouvernement pourrait allouer un budget conséquent à la culture, adopter des lois favorisant les industries créatives et encourager le mécénat. Des politiques décentralisées permettraient également d’atteindre les artistes en dehors des grandes villes.

CP : Comment imaginez-vous l’évolution du CCAPAC dans les 5 à 10 prochaines années ?

MN : Je le vois comme un acteur incontournable du paysage culturel africain, reconnu pour ses projets innovants et son impact régional. J’espère qu’il deviendra un modèle de gestion culturelle efficace et un point de rencontre pour les artistes du monde entier.

CP : Quelles activités ou événements souhaiteriez-vous voir organisés dans ce centre ?

MN : J’aimerais voir des festivals pluridisciplinaires, des expositions itinérantes, des concours pour jeunes talents, des conférences internationales sur la culture et des programmes éducatifs adaptés aux écoles.

CP : Selon vous, quel impact ce centre pourrait-il avoir sur les générations futures en RDC ?

MN : Le CCAPAC pourrait inspirer les jeunes à rêver et à croire en leur potentiel artistique. Il pourrait également leur offrir les outils et les opportunités nécessaires pour transformer ces rêves en carrières durables. C’est un héritage culturel qui transcendera les générations. Merci !

À titre de rappel, la construction du Centre Culturel et Artistique pour les Pays d’Afrique Centrale (CCAPAC) est le fruit de la coopération sino-congolaise. Ce projet ambitieux a été intégralement financé par le gouvernement chinois à hauteur de 100 millions de dollars, témoignant ainsi de l’importance des partenariats stratégiques dans la promotion des infrastructures culturelles en Afrique.

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