
Le 20 mai 1967, le Manifeste de la N’Sele marquait la naissance du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), le parti unique de Mobutu Sese Seko. Censé incarner une nouvelle vision pour la République démocratique du Congo, axée sur l’unité nationale et le progrès, ce texte a paradoxalement servi de fondement à un régime autoritaire où Mobutu centralisait tous les pouvoirs.
Ironie du sort, Étienne Tshisekedi, l’un des signataires du Manifeste, deviendra par la suite l’un des plus farouches opposants à ce système. En 1982, il fonde l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), en réaction aux dérives du régime Mobutu et au Manifeste de la N’Sele. L’UDPS se fait alors le champion du multipartisme, de la liberté d’expression et du respect des droits humains, en opposition à l’autoritarisme du MPR.
Le Manifeste de la N’Sele, initialement conçu comme le socle d’une nouvelle ère politique, est ainsi devenu le point de départ de l’opposition organisée au régime de Mobutu. C’est en critiquant ce texte fondateur que l’UDPS a incarné la lutte pour la démocratie, mettant en lumière les contradictions du pouvoir instauré par le MPR. Cette trajectoire paradoxale témoigne des complexités de l’histoire politique congolaise.