Sommet USA-Afrique : Joâo Lourenço plaide pour un partenariat respectueux des souverainetés, le corridor de Lobito au cœur des discussions
Par S. Tenplar Ngwadi

C’est sous le signe d’une Afrique riche en potentiel, mais soucieuse de préserver son indépendance, que s’est ouvert ce lundi à Luanda le 17ème Sommet des affaires USA-Afrique. Accueillant six chefs d’État africains, une dizaine de chefs de gouvernement, des hauts représentants, une centaine de chefs d’entreprises et une importante délégation américaine du département du commerce extérieur, le Président angolais et Président en exercice de l’Union Africaine, Joao Lourenço, a d’emblée donné le ton : l’Afrique souhaite un partenariat économique avec les États-Unis, mais un partenariat qui respecte sa souveraineté.
“Avec ses terres arables, des minerais stratégiques et critiques, des terres rares et sa population à majorité jeune, l’Afrique se présente comme un espace privilégié d’un partenariat mutuellement avantageux avec les USA”, a déclaré le Président Lourenço, soulignant l’attrait du continent comme partenaire économique. Il a insisté sur la nécessité pour les États-Unis, qui n’ont jamais été impliqués dans la colonisation de l’Afrique, d’adopter une vision différente du partenariat économique.
La pertinence d’un tel partenariat a toutefois été remise en question par le président de la Commission de l’Union Africaine, qui a pointé du doigt les obstacles persistants tels que les restrictions de visas imposées à 36 pays africains, la suppression potentielle de l’Agoa et les taxes frappant les produits africains.
Les discussions se sont articulées autour de plusieurs panels, tous axés sur le thème : “Les voies de la prospérité : une vision commune du partenariat entre les États-Unis et l’Afrique”. Un panel spécifique a été consacré au projet du corridor de Lobito, un projet stratégique présenté par le Vice-Premier ministre de la RDC, Christophe Bemba, au nom du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
“Le projet est considéré comme le fondement d’un partenariat stratégique et souverain entre l’Angola, la Zambie et la République Démocratique du Congo (RDC)”, a déclaré le VPM Bemba, soulignant l’importance du soutien de partenaires internationaux majeurs, notamment les États-Unis via le Partenariat pour les infrastructures mondiales (PGII). “Ce projet va au-delà d’un simple axe logistique; il devient un levier stratégique pour la stabilité, le désenclavement et le développement partagé, particulièrement crucial dans un contexte régional marqué par des tensions sécuritaires persistantes et des tentatives de déstabilisation externes.”
Pour la RDC, le corridor de Lobito représente un atout majeur, offrant un accès direct et vital à l’océan Atlantique via le port angolais de Lobito, facilitant ainsi l’exportation de ses ressources précieuses, notamment le cuivre et le cobalt. “Il permet de réduire considérablement le temps de transit de nos minerais vers les ports de l’Atlantique, ce qui améliore directement la compétitivité de notre chaîne de valeur”, a affirmé le VPM Bemba.
En marge du sommet, le Président Tshisekedi a eu un entretien en tête-à-tête avec son homologue Joao Lourenço et a accordé plusieurs audiences au monde des affaires. La rencontre prévue avec le Conseiller Afrique de Donald Trump, Massad Boulos, a été reportée en raison de l’arrivée tardive de ce dernier en Angola.