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[Tribune] :  « Nous avons tout compris… »

Par Me Jean Claude KATENDE

Le lundi 29 mars 2021, le Président de l’Assemblée Nationale, réagissant à la demande de certains députés nationaux qui réclamaient que la situation d’insécurité à Beni, Ituri…, soit inscrite au calendrier de la session parlementaire du mois de mars, a dit : « vous chers collègues, quittez d’abord les groupes armés… ».

Cette déclaration officielle faite du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale est grave. Chaque congolais peut l’interpréter à sa manière, mais le sens qui demeure pertinent est que le Président de l’Assemblée Nationale qui connait, parmi les députés nationaux, ceux qui seraient dans les groupes armés, qui les soutiendraient ou qui en seraient des patrons. Au vu du nombre des congolais tués chaque jour à l’Est du pays, il est clair que le Président de l’Assemblée Nationale et les députés nationaux qui seraient à la base des tueries à l’Est doivent rendre des comptes au peuple et à la justice. Accepter la complaisance à ce niveau-là des responsabilités est une faute grave.

C’est pourquoi nous considérons que le communiqué du cabinet du Président de l’Assemblée Nationale qui tend à banaliser ce qui a été dit est une distraction des politiciens. On ne parle pas avec légèreté quand on est Président d’une Assemblée Nationale et surtout quand il s’agit des questions qui touchent à la sécurité du pays et des populations. Pour le Président de l’Assemblée Nationale, sa déclaration suppose qu’il connait depuis bien longtemps des députés nationaux qui seraient à la base de l’insécurité et des tueries à l’Est du pays, mais il les a toujours protégés. Il peut être accusé de complicité. Il doit publier la liste de tous les députés nationaux qu’il connait et qui seraient impliqués dans la mort des congolais à l’Est. L’Assemblée Nationale est un lieu des hommes et femmes qui représentent le peuple, on ne peut pas y protéger des criminels ou des complices des criminels.

Si le Président de l’Assemblée Nationale ne publie pas la liste des députés nationaux « patrons des groupes armés », les congolais ont le droit d’exiger sa démission et des poursuites judicaires à son endroit. Les députés nationaux mis en cause doivent démontrer le contraire en agissant en justice contre le Président de l’Assemblée Nationale. S’ils ne le font pas ou s’ils font des conciliabules des politiciens pour faire taire l’affaire, le peuple doit considérer qu’ils sont effectivement impliqués dans les tueries de l’Est. Leurs électeurs de l’Est devraient les sanctionner sévèrement aux élections de 2023. Ils ne sont pas dignes de parler au nom des congolais. Le Président Félix TSHISEKEDI est appelé à considérer que ses efforts pour pacifier l’Est sont sabotés par les députés nationaux mis en cause par le Président de l’Assemblée Nationale.

Nous espérons que le Président de la République va encourager la justice à interpeler le Président de l’Assemblée Nationale pour qu’il dise la vérité au peuple congolais. Le silence du Président TSHISEKEDI sur cette affaire sera considéré comme une protection de son allié de l’Union Sacrée de la Nation au en lieu et place de protéger les congolais. Dans un pays normal, le Président de la République ne peut garder silence sur une telle déclaration faite au sein des institutions dont il a le devoir constitutionnel de garantir le bon fonctionnement.

Pour nous, le peuple congolais, nous ne devons pas permettre que nos vies soient prises en otage par certains politiciens qui sont des vrais ennemis du peuple congolais.

Nous appelons tous les congolais où que vous soyez à interpeller le Président de la République et la justice, par tous les moyens de communication et par toute action démocratique, pour que cette dénonciation du Président de l’Assemblée Nationale ne reste pas impunie. Nous avons compris que nos propres ennemis sont au sein de notre propre maison.

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