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Union Sacrée: Pour Jean-Martin Sali Bongenge, « les accords FCC-CACH sont un bâton dans la roue des actions du Chef de l’Etat»

Résidence Sainte Anne de la Gombe. Il fait beau en ce début de la soirée de jeudi 3 décembre. L’air est frais dans cette auberge des prélats, située au large du majestueux fleuve Congo, où nous reçoit le Coordinateur politique de la Souveraineté panafricaine et président des ‘’Résistants Combattants du Kongo’’ (RCK). Jean-Martin Sali Bongenge. C’est de lui qu’il s’agit. Un homme serein, généreux et ouvert qui s’offre, à coeur ouvert à votre journal.

« Le RCK vient de changer le fusil d’épaule. Hier groupe de pression, il vient de muter en parti politique », déclare-y-il. Il affirme séjourner à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo pour installer son parti, signer des accords de partenariat avec quelques grands leaders et personnalités politiques congolaises et aussi, répondre à l’appel de Félix Antoine Tshisekedi, le président congolais, qui a initié les consultations en vue de l’Union sacrée.
Votre journal vous propose l’intégralité de cet entretien.

Nous vous rencontrons ici à la résidence Sainte Anne de la Gombe. Vous arrivez de Paris en France, peut-on connaître le motif de votre séjour à Kinshasa ?

Jean-Martin Sali Bongenge: Ma présence ici à Kinshasa, en République démocratique du Congo, c’est pour répondre à l’appel du chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi, qui a initié des consultations en vue de ‘’ l’Union Sacrée’’ de tous les congolais. Après nous avoir battu pour l’alternance du pouvoir au sommet de l’Etat, le président Tshisekedi, par la voie des urnes, a été proclamé vainqueur de cette élection lors du scrutin présidentiel du 30 décembre 2018. Et ce, après 18 ans de calvaire et de la dictature kabilienne. Laquelle dictature avait mis à genou toute l’économie du pays, et la situation socio-politique du pays était par terre.

Le RCK dont je suis le président, s’est également battu aux côtés de l’actuel chef de l’Etat ( Ndlr : au fait, je voudrais tout simplement dire que nous ne sommes pas de l’Udps mais nous sommes tshisekediste, appliquant l’idéologie du feu Étienne Tshisekedi Wa Mulumba), en tant que Résistants combattants du Kongo.

Du groupe de pression hier, au parti politique aujourd’hui, qu’est-ce qui va changer ? Quelle sera la nouvelle orientation de votre combat ?

J.M.S : Avant nous étions un groupe de pression. Il s’agissait pour nous, de mener des actions sporadiques, de manière spontanée. Maintenant nous sommes un parti politique à la conquête du pouvoir. Ensemble, nous voulons aussi fédérer nos forces, mener une lutte interne pour reconstruire et restaurer un Etat de droit au Congo. Nous voulons changer la gouvernance pour que la RDC aille de l’avant. C’est dans cette optique que le RCK a été favorable à l’appel du chef de l’Etat, en ce moment où les choses ne semblent pas bien marcher à cause du blocage dont-il a fait mention dans son discours du 23 octobre dernier.

À vous entendre parler, c’est comme si il y’a une personne qui bloquerait Félix Tshisekedi ?

J.M.S: Les accords FCC-CACH reculent le pays. Ils ne peuvent faire avancer les choses. Ces accords qui ne concernent que les individus enfreignent le fonctionnement normal de la République et toutes ses institutions. Ils sont un bâton dans la roue des actions du chef de l’Etat. Le camp Kabila ne veut pas voir bouger les choses. Il veut continuer à pérenniser les antivaleurs, la dictature, la corruption. Ce qui est inadmissible. Le FCC doit retenir une chose: c’est que le peuple ne lui permettra plus telles bavures.

Qu’attend le RCK de ces consultations ?

J.M.S: Le RCK soutient l’unité de tout le peuple congolais. Il s’agit là d’un passage obligé si l’on veut changer les choses et aller de l’avant. L’union fait la force soutient une vieille sagesse. Nous prônons et soutenons la cohabitation des toutes les communautés et de tout l’ensemble de notre peuple.

Votre séjour à Kinshasa c’est aussi pour prendre langue avec d’autres personnalités et leaders de quelques formations politiques pour d’éventuels accords de partenariat. Peut-on savoir lesquels ?

J.M.S: Le combat du RCK est celui de tout le peuple congolais. Notre formation politique reconnaît le combat et/ou la lutte des autres personnalités et leaders politiques les plus représentatifs de notre pays. Ils mènent depuis des lustres une lutte à l’interne pour la même cause. Fort de leur activisme, le RCK, à travers ma personne soutient des alliances entre compatriotes. Nous avons jugé utile de nous ouvrir aux autres, maintenant que nous sommes devenus un parti politique, installé en République démocratique du Congo, précisément à Kinshasa. C’est avec ces aînés, chevronnés combattants et animaux politiques que nous venons de signer des accords de partenariat. Avec eux, nous nous sommes accordés pour créer une plateforme qui va, les jours à venir soutenir les actions du président de la République.

Qui sont ces aînés et comment est-elle déjà dénommée votre plateforme ?

J.M.S: Il s’agit du président Gabriel Mokia du MDCO, il y a le président Eugène Diomi Ndongala de la Démocratie chrétienne (DC) et plusieurs autres personnalités. Avec eux, nous venons de mettre en place l’UPERC qui est une union autour du soutien du président Tshisekedi pour la reconstruction du Congo. Nous travaillons dans cette dynamique pour apporter notre soutien à la vision du Chef de l’Etat. C’est ici l’occasion pour moi d’inviter d’autres compatriotes à rejoindre l’UPERC.

Les congolais sont fatigués des plateformes politiques qui n’apportent aucune solution à leurs problèmes essentiels. En quoi l’UPERC peut-elle se démarquer des autres ?

J.M.S: Je dois préciser que je ne suis pas porte-parole de l’UPERC mais plutôt un de ses membres fondateurs. J’invite chacun à garder son mal en patience, le temps que l’on mette en place toutes les structures de l’UPERC, c’est alors que le peuple congolais sera fixé sur les missions et objectifs de notre organisation. Dans un proche avenir, l’UPERC procédera à l’installation de tous ses organes. Pour aujourd’hui, l’on doit retenir que le grand problème du Congo, c’est la mentalité de son peuple. Voilà qui doit changer.

Quelle est l’idéologie du RCK, maintenant que vous n’êtes plus un groupe de pression?

J.M.S: Nous sommes une opposition républicaine et constructive. Souvent en RDC, lorsque quelqu’un dit être de l’opposition républicaine, on a tendance à le considérer pour ennemi. Alors que non. Dans des pays de vieille démocratie, l’opposition contribue au changement de gouvernance, en apportant la critique positive à l’action du pouvoir. Dans cet ordre, le RCK fait sien la recommandation d’Etienne Tshisekedi (Ndlr: d’heureuse mémoire), qui, de son vivant, avait invité le congolais à se prendre en charge pour l’instauration d’un vrai Etat de droit en RDC. Nous soutenons la justice impartiale et non pas celle inféodée. Une justice qui condamne et sanctionne des crimes économiques, contre l’humanité ou de droit commun. Le RCK s’oppose à la justice de deux poids deux mesures (Ndlr: l’on a vu Vital Kamerhe être condamné, alors qu’Albert Yuma, plusieurs fois cité dans les faits du genre, continuer à être libre de ses mouvements.

À qui attribuez-vous la responsabilité de non inculpation de Yuma que vous accusez avoir détourné des deniers publics ?

J.M.S: Notre problème c’est l’indépendance de la justice. Une justice pour tous. Que le pauvre et le riche, puissent bénéficier des mêmes droits et devoirs, des mêmes avantages, devant cette justice. Que ceux qui commettent ou qui ont commis des crimes de tout genre soient jugés et condamnés. Cas du rapport Mapping. Pourquoi le Conseil de sécurité de l’ONU garde dans ses tiroirs ledit rapport ? Pourquoi il tait les noms de ceux qui ont commis ces crimes ?

Vous évoquez le rapport Mapping. Il y a quelques jours, le docteur Denis Mukwege a indexé l’attitude de l’ONU dans sa façon de traiter cette question. Pensez-vous que quelques acteurs de la Communauté internationale soient impliqués dans lesdits crimes ?

J.M.S: La moitié des soldats de l’ONU est basée à l’est de la RDC. Curieusement, c’est dans cette même partie du pays où les groupes armés négatifs commettent des massacres, pillages sous la barbe des soldats dits de paix. D’où la question de savoir : c’est quoi l’importance et le rôle de la Monusco en RDC? Il est temps que ces soldats fassent le travail pour lequel ils sont chez nous, parce qu’ils sont payés par le contribuable congolais. Et s’ils ne le font, ce qu’ils sont complices. Le Congo est membre de l’ONU. En tant que tel, il a un mot à placer quant à cette situation.

À votre entendement, de qui proviendrait ce mot ?

J.M.S : Le chef de l’Etat doit prendre des décisions. C’est lui le garant de la Nation. Il a le devoir de tout faire pour trouver solution afin de mettre fin à ces massacres.

Vous vivez en France, mais vous revenez régulièrement en RDC. Quelle peut-être votre lecture sur la gouvernance de Félix Tshisekedi, deux ans après son investiture à la tête du pays ?

J.M.S: Ce que je dois dire c’est que jusqu’ici, la gestion du président Tshisekedi est bonne. Rappelez-vous que Mobutu a fait 32 ans au pouvoir. La Kabilie, elle, a fait 18 ans. Ce qui fait 50 ans. Imaginez-vous les cinq décennies de destruction du pays, combien la plaie doit être profonde. En deux ans de règne, le président Tshisekedi ne peut pas tout changer. Il faut lui accorder du temps. Et petit à petit, il apportera ce changement. C’est d’ailleurs pour ça qu’il a besoin du soutien des toutes les forces vives de la nation, pour lui permettre d’opérer le changement.

Pour vous, quelle doit-être la solution pour dénouer la crise persistante actuelle entre membres de la coalition ?

J.M.S: J’ai toujours soutenu qu’il faut commencer par mettre fin à la coalition FCC-CACH et la dissolution de l’Assemblée nationale, si l’on veut réellement refonder et instaurer un Etat de droit (Ndlr : parce que le FCC, allié du CACH ne veut voir le pays émerger, car présentement toutes les actions du Chef de l’Etat sont bloquées), donc le président de la République qui veut une Union sacrée doit la créer avec des vrais patriotes. Ceux de l’ancien régime sont de mauvais aloi.

Le FCC est-il aussi une organisation des congolais. Donc des patriotes?

J.M.S: C’est vrai, je ne peux leur dénier l’appartenance à la patrie. Je sais qu’ils sont congolais comme vous et moi. Et même au PPRD, il y a des bons patriotes, mais il faut savoir les trier. Je voudrais vous inviter à observer comment travaillent les chefs de corps du parlement, voire le Premier ministre Sylvestre Ilunga. Tous ne veulent pas la réussite de la gouvernance actuelle. Certes, le président de la République a besoin des congolais pour soutenir ses actions, mais pas tous.

Le RCK et parmi les branches du mouvement dit des ‘’ combattants’’ qui pourrissent la vie des artistes (musiciens, comédiens) et qui s’opposent à leur production dans l’espace Schengen et ailleurs. Que faire pour mettre fin à cette situation ?

J.M.S: En Kikongo ou en Lingala, il existe un terme « KINZONZI » (entendez dialogue en français). J’ai toujours pensé et proposé que l’on se mette autour d’une table pour des échanges entre artistes musiciens, comédiens sans ignorer les pasteurs de nos églises et les politiciens (Ndlr : parce que cette interdiction concerne aussi les hommes de l’église et les personnalités politiques ). Le Gouvernement doit aussi participer à ces échanges. À deux reprises, j’ai tenté de réunir quelques des structures et associations des artistes pour qu’ensemble, l’on discute de ce qui doit être fait afin de mettre fin à cette situation et que l’on revienne à la normale. Malheureusement, jusqu’ici il n’y a pas encore des grandes avancées.

Les revendications des combattants, dans leur majorité étaient de voir le changement à la tête du pays. Ce qui est fait avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi. Pourquoi doit-on continuer d’empêcher la culture congolaise d’être vendue au-delà des frontières nationales ?

J.M.S: Vous avez bien fait de me poser cette question qui me permet de m’adresser directement au Gouvernement congolais, particulièrement aux Ministres des Affaires étrangères, Culture et arts, celui des congolais de l’étranger et aussi celui des Affaires sociales. Il faut impérativement leur participation. Ce qui nous permettra d’écouter les revendications des uns et des autres. Notamment les revendications des résistants combattants de la diaspora. Sans dialogue, il sera difficile de sortir de cette situation.
Hier, les résistants combattants étaient d’accord que lorsqu’il y aura changement, l’on rentrera au pays pour y travailler. Aujourd’hui, le constat est que la résistance persiste. D’où la nécessité de parler. Le RCK est aujourd’hui un parti politique qui milite pour le bien-être du peuple c’est vrai, mais je ne sais pas affirmer ici que les concerts rejouent à l’heure actuelle. Rappelez-vous du dernier concert de notre frère Fally Ipupa, avec toute la forte tension et la violence qui a eu. Eh bien! C’est la résultante du manque de KINZONZI.

Qui doit donc prendre en premier l’initiative de convoquer ce dialogue ?

J.M.S: Il y a six ans, le RCK avait pris cette initiative, malheureusement, nous n’avons pas été entendus. Et même pendant mon séjour ici à Kinshasa, j’ai essayé d’en parler dans les différents médias où j’ai été reçu. Et là encore, j’en parle dans votre journal. Tout ce que je dois dire: c’est que les gens doivent encore attendre. Je sais qu’après la pandémie de Covid-19, nombreux sont les artistes qui voudront se produire sur les différentes scènes européennes, mais ils doivent faire attention. Le choc frontal entre résistants combattants et artistes musiciens ou comédiens a le risque de faire trop du mal. D’où l’intérêt de le prévenir.

Le RCK, comme parti politique décide de mener le combat à l’intérieur. Pourquoi les autres ne peuvent le faire, maintenant que Kabila, traité d’étrangers par les combattants n’est plus au pouvoir ?

J.M.S: En démocratie, on ne peut obliger les autres à faire comme vous le voulez. L’exemple du président Martin Fayulu peut servir d’illustration si besoin en était encore. Hier nous les avons vu ensemble avec le Chef de l’Etat actuel. Aujourd’hui, chacun évolue de son côté. Mon souhait c’est de voir les autres continuer à réfléchir pour trouver des conclusions qui avancent notre pays. C’est dans cette dynamique que nous mettrons hors d’Etat de nuire tous ceux qui continuent à occuper notre pays. Il y a quelques jours, ces mêmes occupants ont voulu amputer Minembwe de la RDC (Ndlr : je vous dis que le Congo est sous occupation et ces occupants continuent à vivre chez nous).

Les présumés occupants étant en RDC, selon votre lecture. Pourquoi alors un combat outre-mer, en lieu et place de le mener à l’interne ?

J.M.S: Le RCK a compris ce que vous venez d’évoquer, voilà pourquoi nous sommes désormais un parti politique. C’est ici pour moi l’occasion de lancer une fois encore, un appel pathétique à l’endroit des amis de la diaspora, de rentrer au pays de nos ancêtres pour y travailler. Aux amis RCK des Etats-Unis, Canada, Europe, Afrique, particulièrement du Maroc, j’invite et demande à tous de rentrer au pays et de continuer à combattre le système Kabiliste, celui des impérialistes qui veulent paupériser notre peuple.

Propos recueillis par Giscard Havril

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