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[Tribune]: « Pourquoi se précipiter ? »

Par Me Jean Claude Katende (twitter : @JeanClaudekat2)

Depuis les élections présidentielle et législatives de 2006, le Président de la Commission Nationale Indépendante a toujours été désigné par les confessions religieuses. Nous savons tous de quelle manière, les trois présidents de la CENI en 2006, 2011 et 2018 ont conduit les processus électoraux. Nous avons tous décrié la manière dont ces processus ont été conduits.

A chaque cycle, les processus ont perdu en qualité, crédibilité et légitimité. Sous ces trois processus électoraux, la CENI n’avait d’indépendance que de nom. Elle était totalement sous l’emprise de la classe politique au pouvoir.
Avec les élections catastrophiques de 2018, nous avons tous senti le besoin de réformer la loi organique de la CENI, mais aussi la loi électorale pour que les élections prochaines soient des élections autrement organisées avec focus le respect des procédures et du vote de chaque congolais.
Il s’est dégagé ainsi la question suivante : devons-nous choisir le Président de la CENI avant ou après les réformes ?

Les protestations qui ont eu lieu en 2020 contre la tentative des confessions religieuses de désigner le Président de la CENI avant les réformes et surtout le choix porté sur Monsieur Malonda ont montré que le peuple est contre l’option de designer le Président de la CENI avant les réformes.
Aujourd’hui, les confessions religieuses reviennent encore à charge pour lancer l’appel à candidature pour le poste du Président de la CENI.

Pourquoi cette précipitation des confessions religieuses ?

Qui leur a dit qu’avec la réforme, on ne peut pas leur retirer ce pouvoir de désigner le Président de la CENI pour la confier à une autre institution ou organisme qui peut faire mieux.

Après que les trois présidents de la CENI désignés par les confessions religieuses aient échoué de nous donner des élections et résultats dignes et qui respectent le vote du peuple congolais, doit-on mettre en cause seulement les anciens présidents de la CENI ou aussi les confessions religieuses qui n’avaient pas opéré de bons choix ?
En plus, lors de la dernière tentative de désignation du Président de la CENI à la demande de l’ancienne Présidente de l’Assemblée Nationale, il a été noté l’esprit de discrimination, tribalisme, exclusion et mêmes des bruits de corruption dans le chef de certaines confessions religieuses.

Je ne doute pas qu’ils aient pris conscience des erreurs commises et aient pris l’engagement d’agir autrement, mais n’avons-nous pas la possibilité d’essayer autre chose ?
Consciencieusement et par ce que les chefs des confessions religieuses avaient été mis en cause en 2020 et leur crédibilité ternie, ne devraient-ils pas attendre les reformes pour voir si on continue à leur faire confiance ou pas ? Surtout que d’autres propositions vont dans le sens de confier ce travail à un organisme indépendant qui procéderait au recrutement de tous les membres du bureau de la CENI en lieu et place des confessions religieuses.

A tout point de vue, les confessions religieuses qui n’ont aucun intérêt partisan dans ce processus, si ce n’est que d’avoir un processus sérieux, devraient attendre les réformes.
Cette précipitation m’inquiète.

Gardons les yeux ouverts, car les confessions religieuses ont aussi besoin d’être surveillées par le peuple.

Fait à Kinshasa, le 21 mars 2021

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