Un immeuble en construction s’est effondré, en date du lundi 18 mars 2024, sur l’avenue Kilolo Musampa (ex Malemba Nkulu), dans le quartier Socimat, dans la commune de la Gombe, aux environs de l’hôpital Médecins des nuits, à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Il s’agit d’un immeuble d’habitation comportant sept niveaux en plus du rez-de-chaussée (R+7) qui s’est partiellement affaissé.
D’après le ministère de l’urbanisme et habitat, les travaux de construction de cet immeuble avaient été suspendus le 20 septembre 2023 en raison du non-respect de la législation sur la délivrance des permis de construire. Et pourtant, les travaux ont continué en toute clandestinité. Le directeur général du Guichet Unique de délivrance des Permis de Construire (GUPEC) a, dans un point de presse, affirmé que ce bâtiment n’était couvert par aucun permis de bâtir dûment délivré par ses services. Néanmoins, l’affaissement de cet immeuble n’a entrainé aucune perte en vies humaines. Cependant, ni le propriétaire, ni les ingénieurs, moins encore les ouvriers en charge de construire ce bâtiment ne sont introuvables.
Quelles sont les mesures prises par les autorités politico-administratives après l’incident ?
Aussitôt que la nouvelle est tombée, le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila s’est dépêché sur le lieu de l’incident pour s’enquérir de la situation. Arrivé sur place, Gentiny Ngobila s’est rendu compte du danger que représente cet immeuble en voie d’écroulement.
« Si cet immeuble s’écroule dans un mauvais sens, ça risque de créer d’énormes dégâts sur la voirie avec des câbles hautes tensions de la SNEL. Raison pour laquelle j’ai donné toutes les instructions aux services de l’hôtel de ville pour démolir ce bâtiment de la plus belle de manière afin de limiter tous les dégâts. Le propriétaire de cet immeuble est déjà introuvable y compris les ouvriers et les ingénieurs, mais à notre niveau nous allons faire de notre mieux pour protéger ceux qui habitent aux alentours », a déclaré le maire de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila qui souligne, par ailleurs, que les autorisations de bâtir des immeubles à partir de R+2 sont délivrées par le ministère de l’urbanisme et non par l’hôtel de ville de Kinshasa.
C’est ainsi, pour sa part, le ministre provincial de l’Intérieur et sécurité de la ville de Kinshasa, M. Papy Musey a pris, le même lundi dans la soirée, une série des décisions notamment l’interdiction d’accéder à l’ex avenue Malemba Nkulu, dans son tronçon compris entre l’avenue Batetela et le rond-point Safricas car, cet immeuble qui s’est affaissé pourrait s’écrouler complètement à tout moment, dans n’importe quel sens et créer d’énormes dégâts par la suite. Dans cette même optique, le ministre provincial de l’Intérieur a également demandé aux voisins de cet immeuble de « libérer impérativement » les alentours jusqu’à nouvel ordre en attendant l’évacuation des débris mais aussi pour des raisons de sécurité.
Pas question d’attendre, la démolition de l’immeuble démarre !
L’annonce était faite depuis lundi 18 mars, le jour où l’incident est survenu. Mais, il ne manquait plus que de passer à l’acte. Le mercredi 20 mars, soit environs 72heures après l’incident, les travaux de démolition de l’immeuble qui s’est partiellement affaissé à Gombe, démarrent. C’est la société Aaron Sefu, maître d’œuvre des travaux de réhabilitation de l’avenue Nguma, qui s’occupe de ces travaux de démolition.
Selon les ingénieurs commis à cette charge, les ouvriers devront user des procédés manuels et mécaniques pour la destruction de cet immeuble. En attendant, les voisins qui habitent aux alentours ont évacué le lieu pour des raisons de sécurité. La durée de ces travaux n’est pas connue. Malgré le mystère qui plane autour de l’identité du propriétaire de ce bâtiment, le gouverneur provincial de Kinshasa indique que l’hôtel de ville assure la responsabilité de ces travaux uniquement pour protéger la population de ce coin qui se trouve en danger.
Ouverture imminente des enquêtes : l’ordre national des architectes promet de faire sa part
Dans un communiqué nous parvenu, l’ordre national des architectes de la République Démocratique du Congo n’a pas retenu son souffle au sujet de l’affaissement d’un immeuble R+7, lundi 18 mars, à Kinshasa. Les dirigeants de cette structure ont annoncé l’ouverture des enquêtes avec la mise en place d’une commission interne afin de « faire la lumière sur les causes de cet incident ».
Pour le bureau du conseil national de l’ordre des architectes de la RDC, cet incident ainsi que celui qui s’est produit récemment à Bukavu et bien d’autres, sont la « conséquence de l’absence d’un contrôle rigoureux des activités liées à la construction des bâtiments, mais également du manque de respect des normes urbanistiques ».
C’est ainsi que l’ordre national des architectes a invité le gouvernement à rendre obligatoire le contrôle technique de construction par des organismes agréés pour « une vérification en amont et en aval de la conformité des études architecturales et de stabilité, ainsi que la conformité de la mise en œuvre pendant l’exécution des travaux ».
Par ailleurs, cette structure a saisi cette occasion en vue de plaider pour la promulgation du code de l’urbanisme et de la construction qui pourra permettre de réguler « efficacement » ce secteur.