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Polycarpe Tobalibi : « La réforme électorale doit être menée en tenant compte de la rationalité macroéconomique »

Par Folguy Isanga

En réponse à une série de problématiques notamment en rapport avec l’incertitude sur les élections, la réforme électorale et la gestion macroéconomique, Polycarpe TOBALIBI TOBOMBEMBE analyste politique indépendant et ancien candidat député de KUNGU a donné sa version des faits.Ce dernier a abordé avec sérénité la question de l’incertitude qui plane sur les élections en 2023 et l’engouement pour la réforme électorale.

Dans une interview accordée à congopresse.net, Polycarpe TOBALIBI propose sa réflexion face aux contraintes financières, techniques, logistiques et politiques, que la réforme électorale puisse être menée en tenant compte de la rationalité macroéconomique qui vise d’abord le bien-être de la population.

De cette manière, pense-t-il, on éviterait de revivre les tourments psychologiques des élections précédentes auxquels les décideurs macroéconomiques ont probablement dû faire face en 2018.
En fait, les ressources destinées à financer les élections peuvent financer plusieurs autres dépenses susceptibles d’augmenter le revenu national et avoir un effet bénéfique sur le bien-être de la population. Du point de vue du bien-être socioéconomique, le financement vaut la peine si le bien-être constaté après les élections est meilleur que celui qu’on aurait obtenu en cas de non-organisation des élections. Si ce n’est pas le cas, le coût d’opportunité sera déraisonnable. C’est donc par rapport à la population. Mais, le gestionnaire macroéconomique est censé poursuivre un objectif compatible avec le bien-être socioéconomique.

L’article s’inspire de la tension insoutenable qui a précédé et suivi le scrutin de 2018, péniblement concrétisé après un glissement. Personne ne pouvait vraiment prédire ce qui allait arriver, un chaos n’était pas à exclure mais, entre-temps, des dépenses énormes avaient été engagées alors que des dépenses sociales et des projets d’investissement n’ont pas pu être financés. Le dénouement relève, pour beaucoup, d’un miracle.

La référence à un syndrome pour le décideur macroéconomique ne relève pas uniquement de l’anecdote. On fait référence soit au Premier ministre, soit au Ministre des Finances. C’est bien lui qui, au sein du gouvernement, avait en charge les décisions de dépenses publiques dans le cadre de la mise en œuvre de la politique macroéconomique. Le syndrome renvoie au fait qu’il devait composer avec plusieurs conjectures, à savoir faibles ressources, incertitude sur l’issue opérationnelle des élections, tensions sociales et coût exorbitant. Et lui, étant censé être préoccupé par les performances macroéconomiques et sociales, devait faire face à un contexte politique le poussant à exécuter des dépenses sans assurance de leur rationalité.

La règle normative est simple. Il faudrait que la sélection des mesures à adopter puisse, dans la mesure du possible, éviter de cumuler les sources d’incertitude. Le choix devrait être parcimonieux pour ne pas hypothéquer le caractère raisonnable des élections du point de vue du bien-être socioéconomique. Si par exemple toutes les mesures adoptées aboutissent à des coûts supplémentaires et à des conditions d’organisation plus complexes, on est certainement en train d’augmenter les exigences minimales de certitude pour que les élections se déroulent convenablement. Cela réduit en tout cas les chances d’un bon déroulement. La réforme devrait être pensée de manière qu’il y ait un équilibre qui, faute de minimiser le coût des élections, devrait au moins maximiser les chances qu’elles se déroulent convenablement. Et la communauté internationale dans tout cela, quelle attitude ou comportement devrait-elle avoir ?

La communauté internationale peut contribuer à réduire l’incertitude autour du bon déroulement avec son apport financier, technique et logistique. Elle contribuerait ainsi à améliorer le financement des élections. Cependant, elle devrait éviter une ingérence politique inappropriée qui pourrait, si elle est mal perçue, déboucher sur une faible motivation du tenant du pouvoir à organiser les élections. Cela pourrait arriver si elle manifeste un penchant particulier pour un camp politique concourant contre le tenant du pouvoir. Si ce penchant existe, il a intérêt à être le plus discret possible

Question : Pensez-vous vraiment que l’on va vous écouter ?

Je ne peux que l’espérer, mais je n’ai pas non plus le monopole de l’intuition sur la question. Néanmoins, faisons attention à ne pas vouloir une chose et son contraire. Avoir des exigences idéologiques coûteuses en temps, en ressources financières, et rester arc-bouté sur les délais constitutionnels, c’est créer un cocktail favorable soit à un chaos, soit à un processus électoral abouti mais non rationnel, c’est-à-dire pas économiquement bénéfique pour la population. Une solution est de gérer les incertitudes en trouvant le bon équilibre permettant de respecter les délais constitutionnels, auquel cas il faudrait revoir à la baisse les exigences idéologiques.

Autrement, il faudrait accepter que les délais soient sacrifiés pour mettre en place le type d’élections idéales que l’on souhaite, étant donné les contraintes sévères de divers ordres. Ne pas faire cas de ce dilemme, c’est créer une ornière d’incertitudes de laquelle on ne peut espérer sortir que par miracle. L’On en a eu un en 2018 mais je ne suis pas certain que Dieu le refasse si nous ne faisons pas preuve de maturité et de rationalité.

Si l’analyse de l’étude est correcte, on risque alors que « le peuple périsse par manque de connaissance », dixit la Bible.

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