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RDC : Le retour de Joseph Kabila à Johannesburg relance les spéculations sur son avenir politique

Par Crispin Mutelembe

Ce 25 janvier 2023, Joseph Kabila est réapparu à Johannesburg, relançant ainsi les interrogations sur ses perspectives politiques. Son absence prolongée et son silence ont alimenté de nombreuses spéculations quant à son avenir politique et à son rôle dans la vie publique congolaise.

Il est connu sous le surnom de « recteur de l’université de Kara ». Ce terme argotique utilisé à Kinshasa exprime un désintérêt manifeste. Il ne correspond pas du tout à l’image d’une personne omniprésente et éloquente, il est surnommé par ses compatriotes « le recteur de l’université de Kara ». Cependant, ce surnom n’a rien à voir avec la ville togolaise du même nom. En réalité, en argot kinois, le terme « kara » exprime un désintérêt manifeste. Ainsi, il ne correspond pas vraiment à une personne omniprésente et éloquente. Cette description convient parfaitement à Joseph Kabila depuis qu’il a quitté le pouvoir en janvier 2019.

En RDC, ses compatriotes ont fini par le surnommer « le recteur de l’université de Kara ». Rien à voir avec la ville togolaise du même nom. En argot kinois, le « kara » est l’expression d’un désintérêt manifeste. Autrement dit, ce n’est pas un terme que l’on associerait à une personne omniprésente et éloquente. Et cela tombe bien : depuis qu’il a quitté le pouvoir, en janvier 2019, Joseph Kabila n’est ni l’un ni l’autre.

En effet, cet ancien président de la République Démocratique du Congo (RDC), se distingue non seulement par sa rareté dans ses prises de parole et apparitions publiques, mais aussi par son engagement continu dans ses études. Le 20 janvier dernier, alors qu’il était invité par le protocole d’État à assister à la réinvestiture de Félix Tshisekedi en tant que président, Joseph Kabila n’a pas répondu à l’invitation. Cependant, il avait une bonne excuse cette fois-ci : il était en route pour l’Afrique du Sud afin de poursuivre ses études doctorales.

Cinq jours après avoir décliné l’invitation protocolaire, Joseph Kabila s’est présenté devant un jury à l’Université de Johannesburg pour valider le sujet de sa thèse en préparation. Cette dernière portera sur « l’implication de la rivalité entre les États-Unis, la Chine et la Russie pour l’Afrique ». Il est intéressant de noter que ce n’est pas la première fois que Joseph Kabila s’intéresse aux études universitaires en Afrique du Sud. En juillet 2021, il a obtenu son diplôme de master au même établissement.

Sa parole est aussi rare que ses apparitions publiques. Invité par le protocole d’État à la réinvestiture, le 20 janvier, de Félix Tshisekedi, Joseph Kabila n’a, sans surprise, pas répondu à l’invitation. Mais il avait pour une fois une bonne excuse : il était en partance pour l’Afrique du Sud dans le cadre de ses études doctorales.

Déconnecté de l’univers politique, celui qui est considéré comme le père de l’alternance démocratique ne s’est pas publiquement exprimé sur le processus électoral pourtant décrié par l’opposition.

Appelant le reste de l’opposition à ne pas participer à des « élections chaotiques qui embraseront le pays », Joseph Kabila avait aussi critiqué la Cour constitutionnelle et la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) inféodées, selon lui, au pouvoir. Il avait dans la foulée dénoncé « la dictature », « la gabegie » et « la corruption ».

Depuis son départ de la présidence congolaise, Joseph Kabila se fait rare tant dans ses prises de parole que dans ses apparitions publiques. Lorsqu’il a été invité par le protocole d’État à assister à la réinvestiture de Félix Tshisekedi le 20 janvier 2023 , il n’a pas surpris en déclinant l’invitation. Toutefois, cette fois-ci il avait une bonne excuse : il était en partance pour l’Afrique du Sud où il poursuit des études doctorales.

Par ailleurs, à l’époque, Joseph Kabila avait promis de s’exprimer à nouveau devant les députés et sénateurs de son parti politique, puis devant le peuple. Cependant, depuis lors, il n’a rien dit du tout. Il n’a même pas réagi lorsque les barrières entourant sa résidence de GLM dans la commune de la Gombe ont été enlevées par les services du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat sur « instructions de Félix Tshisekedi » en septembre dernier. Ses proches dénoncent régulièrement des « provocations incessantes et se plaignent des » tracasseries administratives et des restrictions à sa liberté de mouvement » que l’ancien président subirait – chacun de ses voyages nécessitant une autorisation préalable de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cependant, Joseph Kabila lui-même ne dit rien.

Les craintes que cet ancien maquisard reprenne les armes ont toujours hanté les cercles du pouvoir à Kinshasa, même s’il promet qu’il se battra avec « toutes les garanties » offertes par la Constitution.

Rappelons que cet homme est arrivé au pouvoir en janvier 2001, en tête de la RDC pendant 18 ans, et a pris une part active à la gestion du pays pendant près de deux années supplémentaires, aux côtés d’un Félix Tshisekedi contraint de lui faire une place compte tenu de son poids à l’Assemblée et au Sénat. C’est la première fois depuis 2006 qu’il n’a pas pris part, de manière directe ou indirecte, au processus électoral. Lui et sa coalition, le Front commun pour le Congo (FCC), ont en effet boycotté les élections présidentielles et législatives du 20 décembre 2023 – scrutins au terme desquels Félix Tshisekedi a été largement réélu avec plus de 73 % des voix et crédité d’une confortable majorité au Parlement.

Signalons que depuis la rupture de leur coalition fin 2020, Joseph Kabila et Félix Tshisekedi ne se sont plus revus. Les deux hommes avaient pourtant été les symboles de la première alternance politique à la tête du pays.

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