Le Panafricaniste Albert EHOKE TAMBASHE a exprimé son point de vue par rapport au leadership de la République Démocratique du Congo à l’Union Africaine.
Dans une tribune dont la copie est parvenue à Congopresse.net, le professeur Albert EHOKE évoque les opportunités rotatives et les embuches liées à ce leadership.
Voici l’intégralité de la dite Tribune :
L’énigme et le paradoxe d’un Grand Congo, potentiellement richissime mais quotidiennement misérable inquiètent aussi bien les congolais eux-mêmes que les étrangers mandatés au Congo dans le cadre d’une coopération internationale ou loyalement installés dans un pays intéressant dont ils ont fait leur seconde patrie et ce n’est pas le Libanais Samih Jammal et ses sociétés Samibo Congo ou Husmal qui nous le contrediront
Enigmatique, l’affreuse situation de l’Est du Congo l’est autant qu’un accord aussi fameux qu’inaccessible, celui de LEMERA que quelques fouineurs investigateurs prétendent avoir déniché. Il aurait été articulé en huit articles portant sur :
– Sa création le 23/10/1996 entre l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo ;
– L’appartenance du sol et du sous-sol congolais à cette Alliance ;
– L’institutionnalisation étatique de cette Alliance comme canalisation idéologique ;
– La cession de 300km aux frontières congolaises dans le cadre du panafricanisme pour garantir la sécurité des voisins (Ougandais, Rwandais, et Burundais) contre les insurrections rebelles ;
– La mise en retraite politique des politiciens des années 1960 et ceux ayant collaboré avec le régime de Mobutu ;
– La nationalité accordée aux Banyamulenge ;
– La promotion de l’Anglais et de Swahili !
Cinq lustres déroulés après cet énigmatique accord, voici que la RDC se réinsère dans une dynamique qui la place à titre rotatif à la vice-présidence de l’U.A, avec en perspective la présidence pour 2021.
La pleine réussite de ces mandats rotatifs ne peut-elle pas être consolidée par des dispositifs préalables à un niveau sous-régional, celui des grands lacs ?
Le réalisme et le bon sens le plus élémentaires semblent indiquer que, en rendant opérationnelles les structures, les institutions et les cultures des Grands Lacs en Afrique Centrale, la R.D.Congo s’assurerait de grands atouts pour rejouer pleinement son rôle métaphoriquement décrit par Frantz Fanon comme la gâchette d’un révolver mondial que serait l’Afrique.
La sécurité mutuelle des frontières, une colle dans la recherche des équations institutionnelles
Disposant des frontières avec neuf Etats, la RDC ne peut, sans se condamner à des guerres éternelles, faire l’économie des pactes solides. Ses eaux et forêts, frontières quasi-naturelles, ne pouvaient que poser des problèmes qui, à moyenne échelle et à la longue, ont trouvé des esquisses de solutions perfectibles.
D’une communauté économique à une conférence internationale, et autour de l’ex Congo Belge, entité politique fusionnée avec le Rwanda et le Burundi, de 1920 à 1960, les peuples soumis à la domination européenne se sont efforcés tant bien que mal de s’adapter à des situations toutes critiques, tantôt apaisées. Le Rwanda et le Burundi n’accéderont à l’indépendance que deux ans après le Congo. Voilà déjà une différence très notable. L’Angola, ancienne colonie portugaise attendra 15 ans pour conquérir le même statut.
La dialectique en œuvre en Afrique centrale est émaillée de plusieurs épisodes et péripéties. Les patriotes Banyamulenge remontent-ils jusqu’aux années 1884-1918 ? de l’actuelle Namibie à la Tanzanie, sans oublier le Cameroun et le Togo, l’empire africain de l’Allemagne a eu à fonctionner comme d’autres régimes politiques, connus dans l’histoire, comme d’autres systèmes actuellement repérables géographiquement.
Au Nord de Berlin, il existe une rue du Togo, une rue du Cameroun, une rue de Zanzibar. Il est aisé aujourd’hui d’expliquer que la dénomination Tanzanie est issue de Tanganyika et Zanzibar. Il existe au grand Congo une province de Tanyanyika.
Du Nord au Sud Ouest du Congo, des vestiges sont repérables :
« Négociant en tabac et fondateur de la première ville de l’ex Sud-Ouest africain (l’actuelle Namibie), Adolf LUDERTZ (1834-1886) passe pour l’un des investigateurs du massacre des Héros et des Namas »
C’est dire au final que les frontières imposées par les envahisseurs sont à l’origine des tensions vécues ce jour par les pays africains. Le remède pour arrêter l’hémorragie provoquée par les guerres demeure la création des Etats régionaux au sein desquels vivraient les peuples ayant le même environnement écologique, géographique et culturel, condition indispensable pour la paix et le développement économique.
A suivre
Par le Professeur Albert Ehoke Panafricaniste.