Dans une analyse structurée et pédagogique, Michel Kitoko, professeur et directeur de la Fondation Lumumba, revient sur la persistance du clivage gauche-droite dans les débats politiques mondiaux. Hérité de la Révolution française de 1789, ce dualisme continue d’alimenter les choix de société, les orientations économiques et les valeurs fondamentales des États modernes.
Égalité contre mérite : des conceptions opposées de la justice sociale
Pour Kitoko, la gauche fonde son projet sur la réduction des inégalités sociales, par le biais de politiques redistributives telles que l’impôt progressif ou les aides sociales. La droite, en revanche, valorise le mérite individuel et assume les inégalités comme naturelles, estimant qu’elles découlent de la responsabilité et des efforts de chacun.
État-providence ou marché libre : deux visions économiques
Sur le plan économique, les lignes sont également tranchées. La gauche revendique un rôle actif de l’État, notamment à travers les services publics et les subventions pour protéger les plus fragiles. La droite, elle, promeut un désengagement étatique, misant sur la libre entreprise et la croissance économique comme moteur du progrès.
Progressisme ou conservatisme : le clivage des valeurs
Dans les sphères sociales et culturelles, la gauche défend une posture progressiste : droits des femmes, des minorités, des personnes LGBT, et politique d’immigration inclusive. La droite, quant à elle, privilégie la préservation des valeurs traditionnelles : famille, ordre, sécurité.
Deux philosophies de l’être humain
Ces différences s’ancrent également dans des conceptions anthropologiques distinctes. « La gauche voit l’individu comme un produit de son environnement social, ce qui justifie la transformation de la société », explique Kitoko. « À l’inverse, la droite considère l’homme comme libre et responsable, et défend donc la limitation des contraintes collectives. »
Un même objectif : organiser la société
En définitive, les deux camps poursuivent un but commun — organiser la vie en société — mais empruntent des chemins opposés. La gauche privilégie l’action collective pour plus de justice sociale, tandis que la droite mise sur la liberté individuelle et la responsabilité personnelle.
Pour Michel Kitoko, ce clivage reste essentiel à la vitalité démocratique : deux visions antagonistes, mais complémentaires dans leur capacité à équilibrer les choix politiques.
La rédaction
