RDC : Le dialogue Kinshasa-M23 au point mort, Juvénal Munubo alerte sur le risque d’embrasement – CongoPresse.net

RDC : Le dialogue Kinshasa-M23 au point mort, Juvénal Munubo alerte sur le risque d’embrasement

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L’ancien rapporteur de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, Juvénal Munubo, tire la sonnette d’alarme face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) et à l’impasse persistante dans les négociations entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23. Dans une interview accordée à Afrikarabia, l’ex-député de Walikale a exprimé sa vive inquiétude quant au “manque de confiance” et au “dialogue de sourds” qui s’est installé entre les parties, soulignant le risque d’une escalade du conflit.

Munubo met en garde contre une confiance excessive dans les processus de paix de Doha et Washington, plaidant pour l'”ouverture d’un dialogue interne” afin de trouver des solutions durables à la crise.

Pinga toujours menacée, Uvira en danger

La situation sur le terrain reste préoccupante. “Au Nord-Kivu, la rébellion menace toujours Pinga, au Nord-Est de Walikale. D’intenses affrontements se sont déroulés la semaine dernière”, alerte Juvénal Munubo. “La situation s’est un peu calmée, mais Pinga semble toujours être un objectif pour le M23. Il y a aussi eu des affrontements sur la route entre Masisi et Walikale.”

L’inquiétude s’étend également au Sud-Kivu : “Uvira n’est pas à l’abri de la rébellion. Le M23 et leurs alliés Twirwaneho cherchent actuellement à contourner les positions de l’armée et des Wazalendos pour prendre cette ville.”

Impasse sur les prisonniers politiques et pressions internationales

Selon Munubo, l’absence de confiance mutuelle est un obstacle majeur. “Le gouvernement et le M23 ne se font pas confiance. Kinshasa n’est pas prêt à accéder aux exigences de la rébellion, notamment sur la question des prisonniers politiques. Les autorités hésitent à libérer ces prisonniers.”

Le gouvernement congolais mise sur la pression internationale, notamment celle des États-Unis sur le Rwanda, pour faire avancer les négociations. Cependant, Juvénal Munubo déplore le manque d’efficacité de cette stratégie. “Le problème, c’est que cette pression n’arrive pas. Entre-temps, Kigali a harmonisé ses relations avec Washington, notamment sur la question des migrants que le Rwanda peut accueillir.”

Neutralisation des FDLR : un flou persistant

Interrogé sur l’annonce du démarrage des opérations de neutralisation des FDLR et du retrait des troupes rwandaises du sol congolais pour le 1er octobre, Munubo exprime son scepticisme. “On parle de neutralisation des FDLR, mais qu’est-ce que cela veut dire vraiment ? Une cartographie des FDLR existe-t-elle ? Qui va prendre le lead ? Est-ce que cela va se faire conjointement avec l’armée rwandaise, le M23, ou les FARDC seules ? Nous n’en savons rien. La date du 1er octobre a été annoncée, mais il n’y a rien eu de concret par la suite.”

“Dialogue de sourds” autour du retrait des troupes rwandaises

Un désaccord majeur persiste sur la question du retrait des troupes rwandaises. “Kinshasa en fait un préalable avant toute discussion et signature d’accord et conditionne tout au départ des soldats rwandais. Pour Kigali et le M23, les choses sont différentes, la levée des “mesures défensives” ne signifie pas le désengagement des troupes rwandaises, et ne sera que la résultante des négociations de Doha.”

Juvénal Munubo poursuit en soulignant l’impasse actuelle : “Le Rwanda n’est donc pas pressé d’exécuter sa part du contrat. Tout comme la RDC n’est pas encore prête à accepter des “mesures de confiance” comme la libération des prisonniers politiques. Nous sommes donc véritablement dans un dialogue de sourds.” La situation reste donc tendue et appelle à une action urgente pour éviter une nouvelle escalade du conflit dans l’est de la RDC.

S. Tenplar Ngwadi

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