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Société : Une journaliste et activiste des droits des femmes parle des violences sexuelles en RDC

Lionel Kibuluku

Dans une interview accordée à Congopresse, dimanche 05 novembre 2023, la militante des droits des femmes, Brenda Basunde, s’est exprimée sur la question des violences sexuelles en République démocratique du Congo.

Sur la question de l’importance que l’État accorde à ce fléau, Brenda Basunde dit être inquiéte car, pour elle, l’État congolais « banalise le viol ».

« On constate qu’il y a une banalisation de ces violences par la justice congolaise sans parler des obstacles structurels et les défis opérationnels dont ce système fait face qui affectent même la lutte contre les violences sexuelles en RDC. Pouvez-vous imaginer, seuls quatre tribunaux dans tout le Sud-Kivu sont compétents pour juger d’un crime de viol. Une absurdité pour un territoire plus grand que la Suisse et comptant plus de 6 millions d’habitants. Sans surprise, le manque d’accès à l’assistance juridique est l’une des principales causes citées par les victimes pour justifier l’abandon des poursuites », a déclaré Brenda Basunde.

Par ailleurs, elle loue le travail accompli par le docteur Denis Mukwege à l’Est de la République Démocratique du Congo qui soigne les femmes victimes des violences sexuelles.

« Je pense très honnêtement, que le docteur Mukwege est un guerrier. Un guerrier qui œuvre pour sauver les femmes de son pays, ses actions sont remarquables. Je ne peux que saluer sa bravoure. Il y a entre autre, la honte et la culpabilité qui sont des barrières importantes à la prise de parole. La stigmatisation est l’une des principales causes de ce silence. Dans de nombreux pays, une personne violée est considérée comme impure et salie. C’est d’ailleurs le cas dans les villages, etc. », a renchéri Brenda Basunde.

Et d’ajouter : « Il est très difficile pour une victime de parler de ce qu’elle a subi. Mettre des mots sur ces évènements, c’est en quelque sorte les revivre, les rendre à nouveau réels. Mais en parler est nécessaire pour mener à bien un processus de reconstruction. Même si une victime ne se sent pas capable ou ne souhaite pas porter plainte auprès de la police, il est important qu’elle se renseigne sur les structures d’aide qui peuvent l’accompagner ».

Sur la question du consentement d’une fille de 14 à 18 ans pour un rapport sexuel, cette activiste a répondu sans jambage.

« Déjà un enfant de 18 ans qui consent à un rapport sexuel, c’est tout à fait normal, parce qu’on suppose qu’il est déjà majeur même devant la loi. Parce contre, ceux qui sont en dessous de 18 ans, c’est un peu trop tôt à mon sens, et le plus souvent ça arrive quand ils n’ont pas assez d’information sur ce que c’est d’ailleurs le consentement à un rapport sexuel ou de ce que c’est le rapport sexuel en soi et quelles sont les conséquences qui peuvent découler de mon acte », a-t-elle souligné.

« Et c’est là qu’intervient la responsabilité des parents. Il faut expliquer à l’enfant, qu’il faut se protéger, qu’il est possible de tomber enceinte dès le premier rapport sexuel si aucun moyen de contraception n’est utilisé. Qu’il est possible d’attraper une Infection sexuellement transmissible. Il faut informer l’enfant. En tant que parent, vous êtes la première source d’information sur la sexualité pour votre enfant », a conclu Brenda Basunde, journaliste podcasteuse.

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