La population du territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, est confrontée à une envolée spectaculaire du prix du carburant. À Mongwalu, Kobu, Mabanga et d’autres agglomérations minières, le litre d’essence est passé en quelques heures de 4 000 FC à 20 000 FC, soit une hausse de 400 %, provoquant un véritable choc dans la région. Selon des sources locales, cette flambée est directement liée à la détérioration de la situation sécuritaire sur l’axe Lopa-Iga Barrière, théâtre de violents affrontements entre les FARDC et les miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (CRP). Ces combats ont paralysé le trafic sur la RN27, principal axe d’approvisionnement en carburant. « Nous souffrons énormément. Les gens sont contraints de marcher à pied. Le gouvernement doit sécuriser la route », témoigne un conducteur de taxi-moto. Les répercussions commencent à se faire sentir bien au-delà de Djugu. À Bunia, les prix de produits de première nécessité comme le riz, les haricots ou le ciment sont déjà en hausse. La population craint que la pénurie de carburant ne s’étende à l’ensemble de la province. Face à l’urgence, les habitants en appellent à une intervention rapide des autorités pour rétablir la sécurité sur la RN27 et éviter une crise économique régionale aux conséquences sociales lourdes. Makati Élie, correspondant à Bunia
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RDC – Exportations agricoles : Julien Paluku met fin à une taxe illégale de l’OCC pour relancer le commerce extérieur
Dans un geste fort en faveur de l’assainissement du climat des affaires, le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a annoncé la suppression définitive d’une taxe jugée illégale, jusque-là perçue par l’Office congolais de contrôle (OCC) sur les produits agricoles destinés à l’exportation. Une charge injustifiée enfin levée La mesure, rendue publique le samedi 16 août 2025, met un terme au prélèvement de 10 dollars américains par tonne de marchandises, soit entre 150 et 300 dollars par véhicule, imposés aux exportateurs par l’OCC. Cette pratique persistait malgré une lettre ministérielle datant du 7 février 2024 qui avait déjà ordonné son abolition. Julien Paluku justifie cette décision par la volonté de lever les entraves inutiles aux exportations, en particulier dans le secteur agricole, et de faciliter les échanges commerciaux conformément aux engagements pris par la RDC après la ratification de l’accord sur la facilitation des échanges de l’OMC. Réaction aux doléances du terrain Cette annonce fait écho aux plaintes récurrentes de l’Association des exportateurs de cacao-café et de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu, qui dénonçaient depuis des mois une surcharge pénalisant leur compétitivité. Le ministre a également sommé le directeur général de l’OCC de fournir des explications sous sept jours sur le maintien de cette redevance contraire à la réglementation en vigueur. Un signal fort pour les investisseurs Avec cette mesure, le gouvernement congolais entend restaurer la transparence, réduire les coûts logistiques et renforcer la confiance des acteurs économiques, dans un pays où les exportations agricoles représentent une source importante de revenus pour les communautés rurales. S. Tenplar Ngwadi
RDC – Adolphe Muzito de retour aux affaires : vers un nouveau souffle budgétaire ou un pari risqué ?
Ce vendredi 15 août, à la Cité de l’Union Africaine, le Vice-Premier ministre en charge du Budget, Adolphe Muzito, fait son grand retour au sommet de l’exécutif congolais à l’occasion du premier Conseil des ministres du gouvernement Suminwa II, présidé par le chef de l’État Félix Tshisekedi. Pour cet ancien Premier ministre, rompu aux arcanes de la gestion publique, c’est un moment de vérité. Douze ans après avoir quitté la Primature, Muzito revient à un poste central dans un contexte économique tendu. À 68 ans, il prend les rênes du ministère du Budget, au cœur de la machine étatique, avec une ambition affichée : doubler le budget national. « Je vais faire un effort pour doubler le budget… Ce sont des sacrifices que nous devrons imposer à notre peuple et à l’administration publique », déclarait-il récemment lors de la remise et reprise avec son prédécesseur. Le budget de la RDC pour l’exercice 2025 reste grevé par les multiples urgences : paie des fonctionnaires, sécurité dans l’est du pays, inflation galopante, pression sociale… Comment Muzito compte-t-il concilier rigueur budgétaire et attentes populaires dans un pays où les besoins fondamentaux sont loin d’être couverts ? Et surtout, quels leviers concrets entend-il activer pour mobiliser davantage de recettes sans asphyxier le contribuable ni décourager l’investissement ? La mise en œuvre du budget-programme, entamée mais inachevée, nécessitera rigueur, transparence et réformes en profondeur. Adolphe Muzito, connu pour son franc-parler et sa technicité, saura-t-il insuffler une nouvelle discipline à une administration souvent minée par les lenteurs et les déperditions ? Entre capital politique et vigilance institutionnelle Cette première session du Conseil des ministres est donc cruciale. Non seulement elle donne le ton de l’action gouvernementale sous Suminwa II, mais elle permettra aussi d’observer la posture de Muzito dans ce nouvel attelage où cohabitent technocrates, anciens ministres et nouveaux visages politiques. Son retour marque-t-il un tournant dans la gestion budgétaire du pays ? Ou s’agit-il d’un calcul politique du président Tshisekedi, qui mise sur l’expertise d’un ancien pour redonner confiance à l’opinion et aux partenaires financiers ? Une chose est sûre : le défi est immense. Entre ambitions réformatrices et réalités institutionnelles, le VPM du Budget devra marcher sur une ligne de crête. Le redressement des finances publiques congolaises attend toujours son architecte. Muzito en sera-t-il capable ? L’avenir nous le dira ! S. Tenplar Ngwadi
RDC–États-Unis : l’accord minier critiqué pour opacité, 52 élus américains demandent sa suspension
L’accord stratégique conclu entre Washington et Kinshasa sur l’exploitation des minerais critiques fait déjà polémique. Dans une lettre adressée le 11 août à l’administration Trump, la députée démocrate Linda T. Sánchez, accompagnée de 51 autres membres du Congrès, dénonce un processus jugé opaque, sans consultation parlementaire ni garanties pour les populations locales. Au cœur de cet accord : l’accès des États-Unis à des ressources vitales comme le cobalt, le coltan ou le lithium, indispensables à la transition énergétique. Mais pour les élus, cette entente, négociée dans l’ombre, fait l’impasse sur les réalités sociales et environnementales en République démocratique du Congo, principal fournisseur mondial de ces minerais. « Nous ne pouvons pas bâtir un avenir énergétique durable sur la souffrance d’autrui », a déclaré Linda Sánchez, fustigeant un partenariat qui risque d’aggraver les conditions de vie dans les zones minières congolaises, déjà marquées par l’exploitation, la pollution et les violations des droits humains. Les parlementaires américains évoquent également de possibles conflits d’intérêts, notamment l’implication présumée d’un proche de Donald Trump, qui aurait cherché à obtenir des concessions dans la région sensible de Rubaya, riche en coltan. Les signataires exigent la suspension immédiate de l’accord en attendant une évaluation parlementaire complète. Ils appellent à la mise en place de mécanismes de transparence, de clauses environnementales strictes, ainsi qu’à l’intégration des communautés locales dans les processus de décision. Nathan Kumba
RDC : Retards de salaire, stabilité monétaire… au prix de la croissance et de la santé publique ?
Alors que le franc congolais affiche une relative stabilité, les retards de paiement des agents publics continuent de faire grincer des dents. Présenté par le gouvernement comme une stratégie pour contenir l’inflation, ce choix budgétaire est de plus en plus critiqué, notamment par l’économiste et député national, le professeur Godé Mpoy, qui y voit une manœuvre contre-productive aux conséquences sociales alarmantes. Selon lui, la logique qui sous-tend cette politique relève d’une mésoéconomie rigide, où la contraction volontaire de la masse monétaire par le gel des salaires affaiblit la demande globale. « Retarder les salaires diffère la consommation, freine la croissance et rompt la dynamique économique enclenchée depuis 2019 », explique-t-il. Après une période de forte expansion budgétaire entre 2019 et 2023, la RDC connaît depuis un an un ralentissement inquiétant. Le pouvoir d’achat s’effondre, la consommation intérieure s’effrite, et l’espace fiscal se rétrécit. Un coût humain alarmant Au-delà des chiffres, le coût humain est lourd : – Perte de revenus liée aux frais bancaires et blocages, – Endettement forcé des ménages, – - Cas croissants de stress aigu, AVC et autres pathologies parmi les agents publics, victimes d’une instabilité financière chronique. « Cette stabilité monétaire est artificielle et non soutenable à long terme », dénonce Mpoy, appelant à un changement de cap. Sa solution : mobiliser davantage les recettes publiques, élargir l’assiette fiscale, lutter contre la fraude, et renforcer la capacité de collecte. Pour lui, la stabilité macroéconomique ne peut se faire au détriment de la cohésion sociale : « Quand on utilise les mêmes mots, on ne pense pas toujours à la même chose », conclut-il, appelant à une approche équilibrée entre discipline budgétaire et justice sociale. Folguy Isanga
RDC : L’État reprend la main sur 600 titres miniers pour assainir le secteur
La République Démocratique du Congo (RDC) intensifie sa lutte contre les dérives et les pratiques illégales qui gangrènent son secteur minier, un pilier de son économie nationale. Près de 600 titres miniers et de carrières, représentant quelque 38 000 carrés miniers (plus de 30 000 kilomètres carrés), ont été récupérés par l’État, selon des sources au ministère des Mines. “Ce n’est pas un simple ajustement administratif”, insiste une source interne, signalant l’ampleur de l’opération. Cette action s’inscrit dans un contexte de dysfonctionnements généralisés. En 2024, l’État recensait environ 2 000 permis de recherche couvrant plus de 140 000 kilomètres carrés, contre un nombre bien plus limité de permis d’exploitation. Une situation propice aux abus, où des entreprises se livrent à l’exploitation minière avec de simples permis de recherche, en violation des réglementations en vigueur. D’autres sociétés, quant à elles, se contentent de conserver des titres sans les valoriser, dans une logique spéculative qui bloque le développement du secteur. À cela s’ajoutent des cas de non-paiement des droits et de détention irrégulière de permis par des personnes physiques, contribuant à une perte de revenus substantielle pour l’État. Des drones pour mieux contrôler le territoire Face à ces dérives, le gouvernement congolais a décidé de passer à la vitesse supérieure. Le Cadastre Minier a ainsi lancé, le 11 juillet, un appel d’offres pour l’acquisition de drones, destinés à renforcer la cartographie et la délimitation des sites miniers. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 11 août 2025 pour soumettre leurs propositions. L’utilisation de ces technologies de pointe permettra de mieux surveiller l’activité minière, de lutter contre l’exploitation illégale et d’optimiser la gestion des ressources. Enjeux géopolitiques et intérêts américains Cette intensification des efforts de contrôle intervient dans un contexte géopolitique sensible. La RDC affiche sa volonté de reprendre en main ses actifs miniers, au moment où les États-Unis multiplient les initiatives pour sécuriser leur accès aux minerais critiques, notamment en lien avec leur soutien aux efforts de pacification dans l’est du pays. Dans ce cadre, la société américaine KoBold Metals, appuyée par l’administration de Donald Trump, a signé un protocole d’accord avec le Cadastre Minier et le Service géologique national du Congo. L’objectif est ambitieux : numériser les archives géoscientifiques du pays, afin de mieux évaluer le potentiel minier et d’attirer les investissements. Un potentiel minier encore largement inexploré Selon les autorités congolaises, moins de 20 % du territoire national est véritablement exploré à ce jour. De nombreux permis restent dormants, parfois au sein même d’entreprises publiques. Les Américains s’intéressent tout particulièrement au plus grand gisement de lithium de roche dure, encore inexploité, ainsi qu’au coltan de Rubaya, toujours exploité de manière artisanale. S. Tenplar Ngwadi
Haut-Katanga : Chasse aux gaspillages à Kambove et Likasi, audit sur les recettes provinciales
Le Gouverneur a.i de la province, Martin Kazembe Shula, a franchi un nouveau cap dans la lutte contre la mauvaise gestion des ressources publiques. Le 4 août 2025, il a officiellement mandaté une équipe de neuf experts pour auditer les recettes provinciales collectées dans les territoires de Kambove et la ville de Likasi. Cette mission, dotée de pouvoirs étendus, est composée d’experts comptables, financiers et techniques, issus de divers services provinciaux. Leur feuille de route est claire : passer au crible les opérations financières des services provinciaux clés, tels que la Division des Mines, le SAEMAPE (Service d’Assistance et d’Encadrement du Small Scale Mining) et les points de perception relevant de la DRHKAT (Direction des Recettes du Haut-Katanga). Les experts auront notamment pour mission de : • Contrôler la taxation, la perception et l’utilisation des recettes publiques. • Comparer les statistiques de perception avec les relevés bancaires depuis janvier. • Vérifier la conformité des autorisations de transport, quittances, notes de perception et bons de traçabilité. • Inspecter les mini-laboratoires et les coopératives opérant dans la région. Durant sept jours, l’équipe d’audit devra identifier les potentielles failles dans la chaîne de perception des recettes, et formuler des recommandations concrètes pour renforcer l’efficacité et la transparence de la collecte. Cette initiative témoigne de la volonté affichée du gouvernement provincial de mettre fin aux pratiques opaques qui gangrènent la gestion des finances publiques. En renforçant la redevabilité et en optimisant la collecte des recettes, la province espère dégager davantage de ressources pour financer son développement. Emmanuel Kalasa, Correspondant à Lubumbashi
Diplomatie : la RDC part à la reconquête de l’Amérique latine, Kinshasa réactive sa stratégie Sud-Sud
Après près de quatre décennies d’éloignement, la République Démocratique du Congo (RDC) effectue un retour en force sur la scène latino-américaine. Du 3 au 13 août 2025, une délégation de haut niveau, conduite par la Ministre d’État aux Affaires Étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, sillonne l’Uruguay, l’Argentine et le Brésil, marquant le début d’une nouvelle ère de coopération. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de redéploiement diplomatique et de renforcement de la coopération Sud-Sud, promue par la Première Ministre. L’objectif est de jeter les bases de partenariats durables, fondés sur le respect mutuel, la solidarité et la convergence des intérêts, avec des pays partageant les mêmes défis et aspirations. Kinshasa mise sur le développement de collaborations dans des domaines variés : diplomatie, défense, environnement, commerce, culture, technologies et formation. La Ministre d’État, Thérèse Kayikwamba Wagner, précise l’importance géopolitique de ce “retour stratégique” en Amérique latine, le qualifiant d’”acte politique majeur” et non de simple “rapprochement symbolique”. “L’Amérique latine n’est pas un continent lointain pour la RDC. C’est un espace d’opportunités stratégiques avec lequel nous partageons des valeurs fortes : la solidarité des peuples, la souveraineté des ressources et la défense de la biodiversité”, a-t-elle déclaré. “Cette mission marque notre retour sur cette scène continentale, avec ambition et responsabilité.” Outre la Ministre d’État aux Affaires Étrangères, la délégation congolaise comprend des figures clés du gouvernement : • Guy Kabombo Mwadianvita, Vice-Premier Ministre, Ministre de la Défense nationale et Anciens Combattants • Ève Bazaiba Masudi, Ministre d’État, Environnement et Développement Durable • Julien Paluku Kahongya, Ministre du Commerce Extérieur • Yolande Elebe Ma Ndembo, Ministre de la Culture, Arts et Patrimoine • Mbuyi Katharina Wagner, Conseillère Principale du Chef de l’État au Collège Géopolitique et Diplomatie Du 5 au 7 août, Montevideo, la capitale uruguayenne, accueillera la délégation congolaise pour une série d’échanges stratégiques. Cette tournée diplomatique marque un tournant dans la politique extérieure de la RDC, traduisant la volonté des autorités de diversifier leurs partenariats et de s’inscrire dans une dynamique de coopération Sud-Sud renforcée. S. Tenplar Ngwadi
RDC – Chasse aux titres miniers fantômes : L’État récupère un territoire grand comme la Belgique
Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a reçu ce lundi 4 août 2025 un rapport du Cadastre Minier (CAMI) dévoilant une opération d’assainissement du fichier cadastral d’une ampleur “sans précédent”. Ce rapport, remis par le Directeur Général du CAMI, Popaul Mabolia Yenga, met en lumière une reprise en main spectaculaire du secteur minier par l’État congolais. Les chiffres sont éloquents : • 594 titres miniers abandonnés ou jugés irréguliers ont été récupérés. • 210 droits miniers en situation prolongée de force majeure ont été régularisés. • L’État a repris le contrôle de 31 648 km² de concessions minières, un territoire plus vaste que la Belgique. Pour Kizito Pakabomba, il ne s’agit pas que d’un simple bilan chiffré : c’est un “message clair aux opérateurs” quant à la volonté du gouvernement d’instaurer un secteur minier transparent, redevable et souverain. Cette opération d’envergure est également perçue comme un levier pour redynamiser les investissements, dans un contexte où la RDC ambitionne de jouer un rôle majeur dans la chaîne mondiale de production des minerais stratégiques. Le gouvernement entend désormais exercer une surveillance accrue de l’exploitation des titres en cours, en veillant scrupuleusement à leur conformité aux normes environnementales, sociales et économiques. La rédaction
COP30 à Belém : La RDC mise sur le marché carbone et les paiements pour services environnementaux
À un an de la COP30, qui se tiendra à Belém (Brésil) en novembre 2025, la RDC dévoile une stratégie ambitieuse pour se positionner comme un acteur clé de la lutte contre le changement climatique en Afrique. Au cœur de cette stratégie : un Centre régional d’excellence du marché carbone à Kinshasa et un développement massif des paiements pour services environnementaux (PSE). Kinshasa, plaque tournante du marché carbone en Afrique centrale ? La ministre d’État, ministre de l’environnement et développement durable, Ève Bazaiba Masudi, a officiellement lancé la feuille de route congolaise pour la COP30, jeudi à Kinshasa. Le fer de lance de cette stratégie est l’installation d’un Centre régional d’excellence du marché carbone. Ce centre, fruit d’un partenariat avec le PNUD, vise à “appuyer le développement des marchés du carbone en Afrique” et à “ouvrir de nouvelles opportunités de financement pour le développement durable”. Selon la ministre, les marchés du carbone sont “un mécanisme essentiel pour encourager les actions et initiatives visant l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES)”. La RDC, consciente de son potentiel d’atténuation grâce à ses vastes ressources naturelles, entend combler le fossé qui la sépare des autres régions du monde en matière de participation à ces marchés. Autre priorité stratégique de la RDC : le mécanisme de paiement pour services environnementaux (PSE). Déjà en cours dans plusieurs localités du pays, ce projet vise à “récompenser financièrement les efforts individuels et communautaires en matière de préservation forestière”. La ministre Bazaiba Masudi souligne que les PSE permettent de “combler les limites constatées dans les initiatives carbone, où certains territoires conservateurs se sentaient exclus des bénéfices”. En d’autres termes, il s’agit d’un outil plus inclusif et équitable pour encourager la protection de l’environnement à tous les niveaux. Consciente de l’importance de la COP30 pour l’Amazonie et le Brésil, la RDC travaille également à renforcer la collaboration avec les pays du bassin du Congo. Une “note de position et une feuille de route régionale de déploiement des PSE en Afrique Centrale” ont été préparées par les pays membres de l’initiative CAFI, afin de coordonner leurs efforts et de maximiser leur impact lors de la conférence de Belém. “Pour démontrer à la COP30 que la RDC est prête pour un déploiement à grande échelle des PSE”, le ministère de l’Environnement et Développement Durable (MEDD) et son partenaire CAFI ont lancé en janvier 2025 un projet de démonstration, a indiqué Ève Bazaiba Masudi, Ministre d’État. Concrètement, un événement parallèle à Belém permettra d’effectuer des paiements mobiles à des bénéficiaires PSE en RDC, avec le soutien de WWF, One Acre Fund et l’UNOPS. La RDC a également développé un canevas de projet et des outils numériques de planification et de gestion des PSE, mis à disposition de tous les pays de la région. En tant que “pays-solution”, la RDC entend exiger des financements à la hauteur de ses efforts de conservation. “Nous irons à Belém dans un autre pays forestier, le Brésil. Ce sera l’occasion de souligner l’importance vitale des forêts tropicales et d’exiger des financements à la hauteur de nos efforts”, a insisté la Ministre d’État Ève Bazaiba. Alliance renforcée avec le Brésil et l’Indonésie La RDC mise sur une coalition trilatérale avec le Brésil et l’Indonésie, les trois plus grands pays forestiers tropicaux, pour faire pression pour une meilleure mobilisation des ressources et une reconnaissance accrue de leurs rôles dans l’équilibre écologique mondial. En parallèle, la RDC travaille à la reconnaissance du crime d’écocide, avec l’appui de partenaires juridiques internationaux. Le pays veut inscrire à l’agenda climatique les atteintes graves à l’environnement, comme les pollutions industrielles et les déversements toxiques. La RDC arrive à la COP30 avec une feuille de route axée sur cinq piliers majeurs : • Consolidation de l’Alliance entre le Brésil, la RDC et l’Indonésie. • Appui à l’adoption et au lancement du TFFF / le Fonds Perpétuel pour les Forêts Tropicales. • Démonstration des PSE. • Installation du Centre Régional d’Excellence sur le marché de Carbone. • Appui au PLEDGE 2.0. Forte de ses ressources naturelles et de son engagement, la RDC entend transformer ses défis environnementaux en leviers de développement durable et de leadership climatique mondial. S. Tenplar Ngwadi